16 ANS : UN DRAME EFFICACE
Philippe Lioret n’est pas ce genre de réalisateur qui réalise pour ne rien dire. On se souvient de « Welcom », « Je vais bien ne t’en fais pas », « L’équipier », « Tombé du ciel », « Tenue de soirée » et « Le fils de Jean » pour ne citer que ceux-là. Thibaut Demeyer.
Après six ans de silence, cet ancien ingénieur du son, nous revient avec un drame intitulé « 16 ans » que l’on peut associer à une forme moderne de Roméo et Juliette. En avant plan, nous avons Nora, fille d’origine algérienne vivant sous l’autorité de son papa mais surtout de son frère et Léo, fils d’un directeur d’une grande surface. Leur rencontre au lycée se transforme vite en coup de foudre. En arrière-plan, c’est le problème. Le frère de Nora ne peut accepter la liaison de sa sœur avec Léo. Et pour cause, le papa de Léo a licencié le frère de Nora. Licenciement abusif et surtout licenciement raciste. La guerre est déclarée.
A travers « 16 ans », Philippe Lioret montre sa capacité à mêler avec beaucoup de diplomatie le thriller et la critique sociale. Une vision de la société qui n’est pas belle à voir et qui, pourtant, est bien réelle dans une France où le populisme monte lentement mais surement, où les différences de classes sociales se font de plus en plus sentir, où un patron d’un supermarché, sous l’influence d’un chef de rayon raciste, licencie sur le champ un manutentionnaire sur une simple supposition sans se rendre compte des conséquences de cet acte.
« 16 ans », c’est tout cela à la fois : conflit des rapports de classes ; les différences culturelles et l’incompréhension rehaussée de l’intolérance ; le racisme latent entrainant un mal de vivre dans un pays où ils sont nés et qu’ils considèrent comme le leur « c’est ici chez moi, ici » le crie haut et fort Nora à sa mère.
Au-delà d’un scénario bien écrit et efficace, « 16 ans » brille aussi par la performance de Sabrina Levoye, alias Nora et Teilo Azaïs, alias Léo. Deux jeunes comédiens bien partis pour faire une belle carrière. Ils sont justes, crédibles et tellement naturels dans leurs rôles respectifs que l’on croirait qu’ils jouent leur propre rôle. Entre les deux, il y a Jean-Pierre Lorit, en directeur de supermarché, tout aussi bon ce qui donne encore plus de crédibilité à cette histoire qui a bien déjoué les pièges du cliché. « 16 ans » est dans la veine des autres œuvres de Philippe Lioret : efficace et loin de nous décevoir.