Christophe Colomb est, en partie, l’inventeur du Tabac de la Semois, en province de Luxembourg.
Lors de son expédition de 1492, Christophe Colomb rencontre des indigènes qui “boivent la fumée d’un ruban de feu, qui inspirent de la poudre tonique, ou qui chiquent des feuilles odorantes”.
Il était encore loin de se douter que les graines de cette plante, le “petum”, dont les indigènes inhalaient les gaz de combustion grâce à un “tabacos”, un long tuyau de terre, allait se répandre aussi vite en Europe, dès 1506.
Les Espagnols se mirent donc à cultiver cette plante tonique dans leurs territoires d’Outre-Mer, à Cuba, puis dans ceux qui comportaient un sol trop pauvre pour porter des moissons, comme celui des ardoisières de nos Ardennes, en province de Luxembourg.
En 1561, l’ambassadeur français à la Cour d’Espagne, Monsieur Jean de Nicot, dont le nom donnera la “nicotine”, envoie plusieurs feuilles de tabac sèchées à la Reine de France, Catherine de Médicis, afin qu’elle en use comme les indigènes pour soigner ses migraines.
Elle devait avoir très mal à la tête, car plusieurs régions de France, dont l’Alsace, qui se situait juste à proximité des Pays-Bas Espagnols, dans notre actuelle province de Luxembourg, devinrent de gigantesques plantations de tabac.
Le long de certaines de nos rivières, dont la plus connue reste la Semois, les pauvres cloutiers et ardoisiers se rendirent compte que la plante n’a besoin de presque rien pour survivre, et qu’elle demande fort peu de soins pour être très rentable, à une époque où le choix des variétés en était très restreint.
Le grand méchant tabac, ne fumez pas ce n’est pas bien, est un membre de la famille des solanacées, au même titre que la tomate, la pomme de terre et l’aubergine.
Je vous déconseille néanmoins de le manger en salade, ou de fumer ses cousines..
Le tabac ne demande qu’à être semé, puis entretenu, puis récolté, séché, haché plus ou moins finement, puis conditionné, vendu et fumé.
Après les surtaxes imposées par les seigneurs féodaux sur la culture du tabac entre le XVIIème et le XVIIIème siècles en province de Luxembourg, cette industrie reprit beaucoup d’ampleur grâce à la Révolution française, qui avait temporairement exclus ceux-ci, entre 1789 et 1815.
De cette période de surtaxes taxatoires d’une taxation taxante, (n’oubliez pas de renvoyer votre feuille d’impôts pour le 30 à nos seigneurs féodaux actuels), vient l’expression française : “Fume, c’est du Belge”, qui indiquait alors un très haut niveau de qualité.
En effet, les contrebandiers alsaciens, mosellois et lorrains savaient tous les chemins de leurs pays, tandis que ceux qui résidaient de l’autre côté de la frontière, ardennais et gaumais, savaient tous les chemins du leur, et cela permettait des échanges moins taxés et plus profitables. pour tous
La culture industrielle du Tabac de la Semois, dans la province de Luxembourg, explosa à nouveau en 1850, quand la plupart des particuliers commencèrent à en planter chez eux.
Le pionnier de cette redécouverte était un instituteur d’Alle-sur-Semois, qui s’appelait Joseph Pierret, et qui avait essayé de planter quelques graines de Tabac du Kentucky dans le sol alluvionnaire et schisteux de sa région.
L’industrie du Tabac dans la Vallée de la Semois explosa jusque dans les années 1950, malheureusement quand les cigarettes pré-roulées lui ravirent la première place, et l’envoyèrent rouler dans le coin des produits locaux artisanaux, disponibles au magasin de souvenirs du village.
Cette activité nécessitait un certain niveau de compétences et de connaissances, étant à la fois moins fatiguante et plus lucrative que d’aller aux champs ou au bois.
De nos jours, on peut toujours consommer ce produit de notre terroir sous ses formes ancestrales, à la pipe, en cigare, et en cigarillo, mais ce n’est pas tout.
Les auberges du XVIème siècle, et cela jusque la fin du XIXème siècle, proposaient de longues pipes pour les clients qui voulaient fumer.
Elles n’étaient ni rincées, ni lavées, donc je vous laisse le soin d’imaginer tout ce qui traînait dedans, et que chaque suivant avalait …
Nos arrière-grand-pères le chiquaient, en coinçant une pincée de brins de tabac, entre leurs dents et leur joue, ou derrière leur lèvre inférieure, puis en suçant le jus qui en sourdait.
Une fois la pincée à bout de jus, on la ramenait vers l’avant de la bouche en la roulant avec la langue, et on la propulsait dans un crachoir, quand on était bien élevé.
Une autre manière de consommer le tabac consiste à le hacher très finement, car il était vendu sous la forme de grosses carottes dures, c’est pour cela que l’enseigne des bureaux de tabac, en France, adopte cette forme de losange.
Après cela, il fallait le broyer avec une râpe, afin d’en faire une poudre qui sera placée dans une petite “tabatière”.
Cette petite boîte contenait un compartiment pour placer le tabac, et un petit plateau pour l’y saupoudrer avant de le sniffer avec une petite paille… cela vous rappelle sans doute la pratique d’autre personnes qui apprécient beaucoup le sucre blanc en poudre.
Les classes moyennes de la population le sniffaient sur la “tabatière” de la main, ce petit creux qui se forme à la base du pouce lorsqu’il est tendu.
Lorsque la main était placée à l’horizontale, on y déposait un peu poudre, on l’approchait de la narine choisie, et on l’inspirait d’un grand coup.
Les classes les plus pauvres bourraient la narine avec le pouce, inspiraient très fort, et réagissaient comme toutes les autres après une prise de tabac : elles éternuaient.
Vore ORL sera furieux si vous faites cela, mais cette pratique existe encore à notre époque, et pas uniquement dans de lointains pays étrangers.
On sait les effets néfastes du tabac depuis qu’il a été ramené par Christophe Colomb, mais ses vertus toniques et coupe-faim, ainsi que sa faculté de donner une image de richesse et d’importance sociale, firent néanmoins prospérer ses cultivateurs.
Depuis quelques dizaines d’années, l’artisanat qui tourne autour de la fabrication du tabac a beaucoup décru en province de Luxembourg, mais certaines enseignes conservent encore une activité centrée sur le Tabac de la Semois et, à mon sens, ils ont raison de le faire.
Sachant les effets néfastes du tabac, et les risques d’addiction qui y sont liés, les consommateurs sont donc pleinement avertis du risque qu’ils courrent, et c’est leur droit de le courir.
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