Sortie du livre “ZAIDA. L’éternel adolescent” d’Alexandre Janvier : Un voyage à travers le temps et l’Histoire familiale
« Promets-moi que tu écriras un jour sur moi… »
Cette phrase énigmatique, prononcée par Szapsia Salomonowicz à son petit-fils David, résonne comme un passage de témoin entre les générations. Szapsia, figure emblématique de la communauté juive et porte-drapeau de l’Union des Anciens Déportés Juifs de Belgique, témoigna inlassablement de l’Holocauste jusqu’à sa mort en 2006. Ses récits poignants étaient destinés à rappeler les horreurs vécues dans les camps de concentration en Allemagne et en Pologne. Cependant, cette simple demande sème les graines de la curiosité chez son petit-fils David.
David, parallèlement à sa carrière dans le journalisme, se lance dans l’écriture sous le pseudonyme d’Alexandre Janvier. Ce dernier a déjà à son actif deux ouvrages : l’essai “Les Grands Reporters. Du mythe à la (parfois) triste réalité” paru en 2008 chez L’Harmattan et “La vie de mes rêves”, un roman publié chez Luce Wilquin en 2013. Il adopte ce nom de plume dans l’anticipation d’un projet majeur : un roman où le personnage principal, David Salomonowicz, partira à la découverte de son grand-père Zaida et de son parcours de vie, aussi complexe que romanesque, de son enfance en Pologne jusqu’à son arrivée en Belgique.
Mais le processus de documentation réserve bien des surprises à Alexandre Janvier. Il se trouve face à l’histoire de sa grand-mère, elle aussi d’origine juive polonaise, mais ayant grandi à Charleroi. Elle a été une enfant cachée durant l’Occupation, et sa trajectoire est radicalement différente de celle de son mari. Alexandre Janvier se lance alors dans la reconstitution des parcours de ces deux êtres, avant, pendant et après la guerre, jusqu’à leur mariage en 1948, arrangé comme c’était souvent le cas à cette époque, dans le contexte de la volonté de repeupler la communauté juive, endeuillée par la Shoah.
Le livre “ZAIDA. L’éternel adolescent” ne se contente pas de raconter l’histoire de ses grands-parents. Il fait voyager ses personnages aux quatre coins du monde, de Bruxelles à Kinshasa, de Melbourne à Buchenwald, de Berlin à Istanbul, de la Namibie à Charleroi, à travers les époques du 20ème siècle. Dans ce roman choral, les différentes thématiques finissent par s’entrecroiser. L’ouvrage aborde des sujets tels que le travail de mémoire, le colonialisme et ses conséquences contemporaines, la migration, la place des femmes et la manière dont leur parole a été invisibilisée, l’antisémitisme et son parallèle troublant avec la montée des extrémismes aujourd’hui. Enfin, le livre explore la psycho-généalogie, cette boîte de Pandore émotionnelle qui peut renfermer des secrets et des traumatismes.
Le récit souligne l’importance de se confronter au passé pour mieux comprendre le présent. C’est un acte de mémoire et de guérison, une manière de redonner une voix à ceux à qui on a tenté de l’ôter. “ZAIDA. L’éternel adolescent” nous invite à explorer notre propre adolescence en analysant celle de nos aïeuls. L’histoire d’Alexandre Janvier est un rappel de l’impact durable de l’Histoire sur les générations futures et une invitation à l’introspection et à la réconciliation avec notre héritage familial.
Ce livre, en prenant les lecteurs par la main pour un voyage dans le temps, offre une occasion unique de plonger dans les méandres de l’Histoire et de découvrir comment elle continue de nous influencer. Alexandre Janvier nous rappelle que l’histoire familiale est une partie inextricable de l’Histoire elle-même, et que c’est en l’explorant que nous pouvons mieux comprendre le monde qui nous entoure. “ZAIDA. L’éternel adolescent” est une œuvre profonde et captivante qui mérite l’attention de tous ceux en quête de vérité et de réconciliation avec le passé.
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