Le 12ème Bataillon de Fusiliers Belges, en province de Luxembourg, mérite qu’on parle un peu de lui.
En 1944, la Belgique était libérée par les Alliés, mais l’Allemagne nazie continuait de pourrir la vie à une grande partie de l’Europe, et Tonton Adolf gardait encore beaucoup de Belges prisonniers dans ses camps.
Courageusement rentré au pays après que la Résistance belge et les Alliés lui aient nettoyé le chemin, le gouvernement de notre Belgique, qui s’était bien planqué en Angleterre, s’attacha à se reconstruire une image de marque en recréant une armée nationale.
Pendant que nos politicards d’alors tentaient de se faire passer pour des héros, comme c’est encore le cas de nos jours, aux yeux d’une population qui avait souffert cinq ans d’occupation ennemie et dont la plupart des hommes étaient encore prisonniers, les Alliés avançaient vers Berlin.
Suivant l’exemple des Forces Belges Libres de la Brigade Piron, de nombreux Belges, à qui l’invasion de 1940 était restée entre les dents, se rendirent en foule dans les bureaux de recrutement.
Ceux de notre belle province de Luxembourg, ainsi que de Namur, se rendirent à la Caserne Trésignies pour entrer dans le 12ème Bataillon de Fusiliers Belges, nouvellement formé, qui fut encadré par les officiers réservistes du 2ème Régiment de Chasseurs à Pied.
Vous l’aviez compris, dans l’armée, un fusilier est un soldat qui porte un fusil, contrairement à un fusillé, que les coups de fusil emportent.
Les volontaires de guerre belges reçurent du matériel anglais et furent envoyés suivre vingt semaines de formation en Irlande du Nord.
Je vous dirais bien que, vu l’état de la Belgique à ce moment-là, on aurait aussi pu les former sur place, afin d’économiser du temps et du mazout, de protéger la couche d’ozone et tout ça, mais c’est du militaire : pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ?
Les Allemands malmenèrent les Américains pendant l’offensive des Ardennes, en Décembre 1944, mais un mois et demi après cela, le 12ème Bataillon de Fusiliers Belges fut adjoint à la 1ère Armée Américaine.
Comme la majeure partie de ces volontaires de guerre provenaient de la province de Luxembourg, l’emblème qui fut choisi pour représenter cette unité prit les couleurs et le symbole de son chef-lieu : le bleu, le blanc et le cerf d’Arlon, mais en version dorée étincelante.
Le commandement de cette unité fut donné à trois officiers expérimentés : les majors Degaye, Descampe, et Fraeys.
Le Général américain Hodges, qui commandait la 1ère Armée Américaine, voulait porter le fer et le feu en Allemagne en traversant le Rhin sur le Pont Ludendorff, à Remagen.
La 4ème Compagnie du 12ème Bataillon de Fusiliers Belges avait son propre insigne, et elle faisait partie de la pointe de l’avant-garde de la 1ère Armée Américaine.
Les Belges du 12ème Bataillon furent donc parmi les premiers soldats à découvrir le challenge qui s’offrait à eux : traverser un pont miné, prêt à être détruit, devant une ville remplie de soldats SS fanatiques.
Histoire de corser la chose, le pont s’élevait en terrain découvert, et il était défendu par des tourelles et des bunkers, occupés par des soldats armés de fusils et de mitrailleuses, ainsi que de leurs canons, obusiers et missiles.
Pour ajouter encore un peu de sel au café, l’ouvrage et ses alentours étaient continuellement attaqué par des blindés lourds, des bombardiers lourds et des chasseurs allemands à réaction.
Heureusement que Aya Nakamura ne chantait pas pendant les combats, sinon les Belges auraient vraiment connu l’enfer … 🙂
Le commandant allemand chargé de la défense du pont, qui permettait de rapatrier les troupes allemandes survivantes de la Bataille des Ardennes après la contre-attaque des Alliés, était le Hauptmann Willi Brathke.
Ce gars a tout fait pour récupérer le maximum de troupes allemandes en retraite, puis pour défendre le pont, puis pour tenter de le détruire.
Il fut malheureusement jugé coupable de la perte de l’ouvrage après la bataille, et il fut condamné à mort par un tribunal militaire nazi.
Le Major Hans Scheller, chargé de la défense du secteur militaire de la Ville de Remagen, a utilisé tout ce qu’il a pu trouver pour faire des trous dans les Belges, dans les Américains, puis dans le Pont de Remagen.
Malheureusement pour lui, les Belges de la province de Luxembourg, et de celle de Namur, résistent et mordent, malgré les coups qu’ils reçoivent dans la figure.
C’est d’ailleurs pour cela que nous comptons encore autant d’agriculteurs dans la province de Luxembourg, malgré un ministre qui n’y comprend rien.
Lorsqu’il s’est rendu compte que rien n’entamait la férocité des Belges et de leurs alliés, le Major Scheller est vite parti superviser les combats du fond d’un long et lointain tunnel passant sous la colline, bien loin du Pont de Remagen.
Le Major Scheller fut, lui aussi, condamné à mort et exécuté par un tribunal militaire nazi suite à sa conduite lors des combats de Remagen.
Tandis que le Capitaine SS Friesenhann, des ingénieurs SS, tentait de faire exploser le pont par tous les moyens, tous ses systèmes de mise à feu, tous ses détonateurs, et tous ses explosifs refusaient de fonctionner.
On aurait dit que Saint Donat de Bad Müenstereifel, qui protège de la foudre, et à qui nous avons dédié beaucoup d’églises en province de Luxembourg, protégeait les Belges.
Les Allemands envoyèrent alors des bombardiers lourds, leurs premiers avions à réaction, et les premiers missiles balistiques à longue distance, afin de détruire le Pont Ludendorff.
Les Américains avaient surchargé le secteur de défenses contre les attaques aériennes, tandis que les Belges et leurs alliés fonçaient pour capturer le Pont de Remagen, afin d’atteindre l’autre rive du Rhin.
Parvenus de l’autre côté, et après la sécurisation du secteur puis le renforcement du pont, les Belges poursuivirent leur route, car il restait encore beaucoup de chemin à faire pour venger l’affront fait à notre pays et les souffrances endurées par sa population.
La perte du Pont de Remagen rendit Hitler tellement fou de rage qu’il démis de ses fonctions le Maréchal Von Rundstedt, Commandant en Chef des Armées Allemandes du Front de l’Ouest, que les Alliés considéraient comme le meilleur des généraux allemands.
Le Pont Ludendorff finira par s’effondrer et il fut remplacé par un pont démontable américain pendant la guerre. Après celle-ci, il ne fut pas reconstruit.
Néanmoins, l’ancien maire de la ville en vendit les pierres afin de construire son Musée de la Paix en 1978, qui est encore visitable de nos jours à Remagen, à 2h30 de voiture d’Arlon.
Le 12ème Bataillon de Fusiliers Belges fut la première unité alliée à franchir le pont au combat, et la première unité belge à entrer en Allemagne depuis le mois de mai 1940 : prends ça dans les moustaches, Adolf !
La Ville d’Arlon a donné le nom de cette unité à la place qui s’étend en face de la statue du Cerf, et en-dessous du Square Reine Astrid, donc en face de son emblème :-).
On y observe aujourd’hui un monument à la gloire du Général Patton, mais cela, c’est encore une autre chronique qui vous le racontera.
Je trouve délicieux de penser que les volontaires de guerre belges, qui furent les premiers à taper du pied en vainqueurs sur le sol allemand, provenaient de la province de Luxembourg, qui fut la première à se faire piétiner par les Nazis en 1940 🙂
Le 12e Bataillon de Fusiliers sera lui aussi mis à l’honneur pour son parcours et ses faits d’armes aux côtés, notamment, de la 75e Division d’infanterie de la 1ère Armée américaine.
Voici la citation du Commandant suprême des Forces Alliées, le Général et futur président des États-Unis Dwight D. Eisenhower : « Je désire exprimer mes félicitations au Douzième Bataillon de Fusiliers pour son mérite exceptionnel dans l’accomplissement de ses devoirs militaires pendant qu’il servait avec la Première Armée des États-Unis, du 12 février 1945 au 1er juin 1945.
Ce bataillon a contribué de façon matérielle au succès des opérations entreprises par l’unité avec laquelle il servait. Son esprit de corps remarquable et la volonté indomptable dont firent preuve les officiers et les hommes du 12e Bataillon Belge de Fusiliers, lui permirent d’accomplir avec plein succès toutes les missions qui lui furent confiées.
Il contribua ainsi de façon insigne à la victoire glorieuse des Nations Alliées. Les actions d’éclat de ce bataillon dans la victoire sont un sujet de fierté, non seulement pour lui-même, mais aussi pour l’armée belge tout entière. »
Le 22 avril 1977 sera célébré le jumelage entre le 12e Bataillon et le 3e Chasseurs ardennais (Avril-Mai 1945: hommage au 12e Bataillon de Fusiliers “Remagen” et à ses volontaires de guerre salmiens | Salm.be | Vielsalm).
Ces garçons du 12ème Bataillon de Fusiliers Belges étaient comme vous et moi, et ils avaient été parmi les premiers à voir les Allemands s’inviter sans invitation dans la province de Luxembourg.
Gardons-leur une place dans nos souvenirs.
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