« L’AMOUR OUF » : AMOUR ET BASTON
Avec « L’amour ouf », d’une durée de 2h50, l’acteur réalisateur Gilles Lellouche retrouve le tapis rouge, mais cette fois en compétition, six ans après « Le grand bain ». Un casting cinq étoiles pour une histoire d’amour qui a du mal à passer. A Cannes, Thibaut Demeyer & Brigitte Lepage.
« L’amour ouf » est le film français le plus ambitieux de l’année 2024 avec un budget de 35 millions d’euros et cela se voit à l’écran. Le succès du « Grand bain » a plongé Gilles Lellouche dans une autre catégorie, celle des grands réalisateurs à qui on prête de l’argent car les producteurs savent qu’ils retrouveront rapidement leurs billes. Mais la durée du film, pour une histoire d’amour et de vengeance assez banale, ne jouerait pas en la défaveur du réalisateur quinquagénaire ?
« Plus je vieillis, plus je prends du plaisir à réaliser » lance d’emblée Gilles Lellouche venu à la conférence de presse avec quasiment la totalité du casting de « L’amour ouf » à savoir Adèle Exarchopoulos, François Civil, Mallory Wanecque, Alain Chabat, Malik Frikah, Vincent Lacoste, Jean-Pascal Zadi, Elodie Bouchez, Karim Leklou, Raphaël Quenard. Toute une armée d’amis venue le soutenir comme s’il avait des comptes à rendre. Il est vrai que « L’amour ouf » n’a pas vraiment fait l’unanimité auprès de la presse. Pour certains, principalement la presse française, « L’amour ouf » est un grand moment de cinéma. Pour d’autres, c’est un empilement de clichés. Entre les deux, ce film est un divertissement assez creux qui se digère rapidement avec un fond classique où règne l’amour, la violence et la vengeance, on aurait même tendance à dire presqu’un « Comte de Monte-Cristo » moderne.
Lors de la conférence de presse, Gilles Lellouche a expliqué ce qui lui avait donné envie de raconter cette histoire : « raconter cette histoire d’amour, c’est comme une envie de cinéma absolu, sans cynisme, avec un romantisme assumé et avec une contradiction totale, c’est-à-dire que le personnage de François Civil (alias Clotaire) se construit hélas dans la violence, le personnage de François fait mauvais choix sur mauvais choix, il est dans une revanche sociale, dans une quête absurde et c’est quelqu’un qui a beaucoup de mal à s’exprimer. C’est quelqu’un qui n’a pas beaucoup de vocabulaire, c’est quelqu’un qui est un peu seul, qui a un père taciturne et un autre père de substitution qui est Benoît Poelvoorde et c’est une catastrophe. C’est un enfant qui est en perdition. Son seul phare, son idéal, c’est Jackie (Alias Adèle Exarchopoulos). Il va apprendre petit à petit à annuler les coups pour assumer les mots. C’est cela que j’avais envie de raconter. »
Derrière l’amour, il y a beaucoup de scènes de violence. Gilles Lellouche s’en explique : « On ne peut pas être amoureux si on ne traduit pas ce que l’on a sur le cœur. J’avais envie de parler de la violence, comment on en sort, que sans mots on est forcément violent, sans échange on est forcément un peu derrière et la trajectoire de ce personnage pour moi était important. » Ajoutant « J’avais envie de raconter aussi en règle générale toutes les formes d’amour, que ce soit la relation amoureuse mais aussi l’amour filial, amical, mal placé. Bref, faire un film sur l’amour pour l’amour avec espoir et en jouant avec les codes tels que : qu’est-ce que l’amour factuel, pas réel, juste l’illusion de l’amour comme peut l’être un moment Jackie avec le personnage de Jeffrey. L’un part donc dans l’amour violent et l’autre dans l’amour ouaté. Mais l’amour, le vrai, le pur, c’est celui entre Clotaire et Jackie. C’est celui-là que j’avais envie de raconter. »
Après 2h50 de baisers et de baston, on a bien du mal à rassembler les moments forts du film car « L’amour ouf » au point de vue cinématographique n’a vraiment rien de très nourrissant.
Photos galerie : (c) Thibaut Demeyer
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