SANTÉ > OSTÉOTHÉRAPIE COGNITIVE > EN QUÊTE DE SENS

Déc 21, 2021 | ACTUALITES, Santé, Thémes

Accueil » SANTÉ > OSTÉOTHÉRAPIE COGNITIVE > EN QUÊTE DE SENS

La quête de sens en médecine aurait elle un sens ?

Pour discuter de l’intérêt d’appréhender au mieux le sens que peuvent prendre nos troubles de santé, nos symptômes, bref nos souffrances, l’exposé d’un point de vue rénové sur la nature de la vie pourrait être fructueux.

Le phénomène de la vie s’exprime à l’aide de relations interactives porteuses d’informations, d’organisations spécifiques, d’eau, d’ions et tout de même d’un peu de matière organique. La santé correspond à un fonctionnement cohérent de cet ensemble. Le signe de cette cohérence, c’est nous qui l’inventons en accordant un sens symbolique aux événements de notre vie.

Depuis les années 1970-80, après la cybernétique et la pensée systémique comme nouvelles images explicatives des processus de vie, quelques théories intéressantes apportent une nouvelle manière de la décrire. Avec elles, on considère que doivent rentrer en considération pour comprendre le fonctionnement d’un organisme vivant : des informations pour une organisation spécifique de tous ses composants, (semblable à la mise en œuvre d’une maquette), des relations interactives et fluctuantes entre tous ces composants (qui se renouvellent en permanence) et des variations évolutives cohérentes avec son espèce (pour le développement de sa structure).

Voici donc la recette pour la réalisation d’un organisme vivant dans ce nouveau paradigme, prendre :
– un volume d’informations pour une organisation spécifique,
– quelques pincées de composants matériels à renouveler en continu,
Et, c’est là tout le secret de la recette,
– ajouter ce qu’il convient de relations interactives assurant la cohérence de l’organisation de cette
structure à toutes ses échelles et la cohésion de ses éléments matériels à chacun de ses niveaux.
Pour estimer le sens que celui-ci donnera à sa vie… Observez-le en action !

Les relations interactives nécessaires à la vie

Ce nouveau paradigme propose deux mécanismes opératoires à la base du phénomène de la vie décrits ci-après.

1- Le maintien de l’organisation globale de la structure d’un organisme vivant au cours du
temps.

Cette organisation, comme nous le constatons aisément, prend la forme d’une sorte de cône que l’on peut diviser en niveaux hiérarchiques. A la base il y a les composants comme l’ADN avec les chromosomes et les gènes, il y a les cellules (10¹⁶ environ). Quand on monte dans la hiérarchie vers la pointe du cône, on trouve des éléments de plus en plus complexes – des organes – rassemblant de plus en plus d’éléments du niveau précédent, étant de moins en moins nombreux au total, pour finir par la grosse pièce unique qu’est le corps.

Les interactions dans un niveau et aux interfaces constituent le « moteur » de la vie. Elles se caractérisent par un renouvellement complet de tous les éléments avec un rythme qui dépend de chacun des items et de leurs niveaux dans la pyramide (ou cône), tout en conservant l’organisation globale de l’ensemble. Ces interactions suivent des règles qui viennent sûrement de l’organisation mais elles ne sont pas figées comme dans un “automatisme de machine”. Elles fluctuent en permanence tout en respectant des critères de sauvegarde de l’organisation.

2- La transformation en continu des éléments de la structure par les interactions liées à sa dynamique
interne et à ses échanges avec l’extérieur.

Ces transformations sont de deux natures comme l’indique clairement F. Capra [2] :

« Des changements d’auto-renouvellement. Par exemple, notre pancréas renouvelle l’essentiel de ses cellules tous les 24 heures ; notre estomac refait sa paroi tous les trois jours ; nos globules blancs sont renouvelés tous les 10 jours, et 98% des protéines de notre cerveau changent en un mois. Le deuxième type de changements implique la création de nouvelles structures, c’est-à-dire de nouvelles connexions au sein de son réseau de relations, comme c’est le cas dans les mécanismes d’apprentissage et de mémorisation. »

Ce sont les interactions récurrentes (itératives ou récursives) avec l’environnement qui déclenchent les changements dans le système, on dit qu’il est “ouvert sur un flux d’entropie et d’information”. Comme on le conçoit ici, la vie serait une affaire de relations, il ne serait donc pas hérétique d’en déduire que la santé le soit aussi !

Commencez-vous à entrevoir que les maladies pourraient être liées à des relations incohérentes dans l’organisation, le renouvellement et le développement de la structure de notre corps ? Et que si nous pouvions identifier ces incohérences en connaissant le contexte dans lequel elles apparaissent nous pourrions en comprendre le sens et ainsi concevoir de nouvelles possibilités thérapeutiques ?

Ces interactions ou relations sont globalement de deux types :
1) Les interactions qui se produisent à chaque niveau d’organisation dans notre image du cône ou nommées interactions de niveau.
2) Celles qui prennent place entre les niveaux d’organisation ou nommées interactions d’échelles.

Elles ont en charge de maintenir la stabilité de l’organisation globale de notre corps au cours du temps de sa vie :

  • en assurant la bonne cohérence des informations qui transitent entre les niveaux d’organisation.
  • en synchronisant les éléments matériels à tous les niveaux de cette organisation.

Ce sont par exemple les interactions entre les atomes qui composent les molécules qui constituent une cellule puis entre toutes les cellules d’un organe puis entre l’organe considéré et l’organisme tout entier. Ces interactions sont encore responsables de la bonne intégration de l’organisme dans son écosystème environnemental, familial, professionnel, communal, national, etc.

Chacun de ces deux types d’interaction peut prendre deux formes qui peuvent agir sur notre perception des choses. Elles peuvent déterminer :

  • des relations de “branchement” entre les constituants matériels du corps et on les nomme “relations de connectivité”. Elles sont représentées par des quantités mesurables, c’est-à-dire observables obéissant à une métrique. C’est de ce point de vue que l’on peut déterminer des paramètres dont les valeurs doivent rester dans une fourchette pour que l’on considère que la santé est bonne. Elles sont illustrées par exemple dans les analyses de sang ou dans des constantes comme celles qui permettent de juger de la qualité de l’homéostasie.
    Elles illustrent un point de vue très matérialiste de la conception de l’être vivant, en particulier de l’homme qui ne serait alors qu’une machine biologique complexe. Elles illustrent également une vision très dualiste de l’homme et du vivant en général. Réparons le corps. Comme l’esprit en est séparé, on « réparera » l’esprit plus tard en négligeant ses interactions avec le corps. C’est la vision officielle occidentale de la médecine. Elle n’est pas complètement inutile (heureusement) parce qu’elle va chercher si quelque chose ne va pas par rapport à ces standards de la santé qui ont été déterminés à partir de mesures quantitatives. Mais, si elle est capable de faire disparaître certains symptômes avec des médicaments par exemple, elle peut en faire apparaître d’autres : les effets secondaires ou collatéraux ou indésirables.
    On commence à comprendre que ces méthodes ne sauraient faire disparaître la vraie origine des symptômes. Et la raison s’en trouve dans les principes que nous venons d’exposer.
  • des relations “de voisinage” qui sont appelées “relations de connexité”. Elles ne font pas référence à des quantités mesurables mais à des propriétés dont l’appréciation relève de la subjectivité. Elles génèrent des états : des états chimiques, des états physiologiques, des états de conscience, des états d’être, des états émotionnels, des états de santé, etc.
    Un “état” concerne un ensemble d’éléments organisés en réseau avec des frontières et qui fonctionne comme un système. Ce fonctionnement doit mettre en évidence des qualifications ou qualités relativement à la mission que le système est censé remplir. Cette mission est définie par un objectif, un but à atteindre du point de vue des qualités. Ce but donne forcément au système en fonctionnement un sens. Le fonctionnement est “sensé” s’il va dans la direction du but ou l’atteint.
    L’estimation d’un état ne peut qu’être qualitative ou subjective et elle repose sur une connaissance du but du système et du contexte dans lequel il fonctionne. Cette estimation de l’état d’un système en fonctionnement relève en général de l’étude scientifique des problèmes relationnels d’entités concrètes qu’on appelle topologie.
    Pour la santé il en sera de même. La santé étant un état on aura beaucoup de mal à se le représenter uniquement avec les paramètres mesurables ou objectifs de la médecine conventionnelle. Son estimation, nous l’avons dit, est qualitative ou subjective et son appréciation passe par la connaissance du cadre dans lequel on l’observe, du contexte dans lequel il s’exprime et du but que l’on veut atteindre en l’observant. C’est dans cette posture que l’état de santé d’une personne révèlera ses mystères et prendra un sens.

L’eau morphogénique [3]

L’eau c’est la vie ! Voici ci-dessous ce qu’en dit le chercheur Marc Henry, professeur des universités en chimie et en physique quantique.

« Lorsqu’on étudie la composition chimique d’une cellule vivante, on s’aperçoit que si l’on compte en nombre de moles, l’eau représente plus de 99% des composants intracellulaires. Lorsqu’on se pose la question de savoir sous quelle forme se trouve cette eau, on constate qu’elle n’est ni gazeuse, ni liquide, ni solide. D’où l’idée d’un quatrième état de l’eau qui est l’eau morphogénique. Ce dernier type d’eau n’est généralement jamais cité dans les livres de biologie qui considère que l’eau dans la cellule se comporte comme de l’eau liquide. […] En fait le concept d’eau morphogénique est plus général et s’applique à tout type d’eau adsorbée sur une surface de nature organique ou minérale.

Sur le plan minéral, l’eau morphogénique se manifeste sous la forme de ce qu’on appelle la terre arable. Chaque grain minéral se retrouve enveloppé dans un cocon hydrique d’eau morphogénique qui percole tout le milieu minéral donnant naissance à une terre souple et cultivable.

Sur le plan du vivant, l’eau s’infiltre au sein de la matière organique (champignons ou graines) contenue dans le sol. L’eau morphogénique manifeste alors sa toute puissance en permettant aux champignons de soulever des roches et aux plantes de percer le sol pour se redresser fièrement au mépris de la gravitation. […] le même phénomène se produit lorsque l’eau entre en contact avec les résidus hydrophobes des protéines, de l’ADN, ou avec les chaines lipidiques des membranes cellulaires qui peuvent alors prendre des formes variées : cavités enzymatiques pour les protéines, double hélice pour l’ADN, et bicouches ou vésicules pour les lipides. Ce phénomène est appelé
Activité de l’eau (aw). »

Et il conclut comme ceci : « Tout être vivant peut être vu comme un tube polaire de matière organique traversé par un flux unidirectionnel d’eau et d’ions d’autant plus important que l’organisme est complexe. Dès que ce flux se trouve perturbé, c’est la maladie, voire la mort si le flux devient nul. »

Nouveau paradigme

Avec l’autopoièse (propriété d’autocréation d’un système par lui-même) pour l’organisation, la topologie pour les interactions et les propriétés “morphogéniques” de l’eau pour donner sa forme au corps, un nouveau paradigme biologique est en gestation.

Je pense très sincèrement que cette façon de comprendre la vie ne fera pas l’impasse sur le sens des événements factuels vécus par les humains (ou toute autre forme de vie observée) ni sur sa corrélation aux différentes maladies dont ils pourraient souffrir. Plus forts de ces connaissances, il nous appartient de travailler la question.

Les médecines qui prennent en compte le sens des maladies, ont donc bel et bien aujourd’hui des bases scientifiques solides, malheureusement trop méconnues, avec la théorie de l’autopoièse, la topologie et les propriétés de l’eau morphogénique.

Ces théories fournissent à mon avis, le premier cadre scientifique cohérent qui dépasse vraiment la division dualiste cartésienne. L’esprit et la matière ne semblent plus appartenir à deux catégories séparées, mais représentent simplement différents aspects ou dimensions du même phénomène : la vie. La relation entre l’esprit, et le corps serait simplement une relation entre un processus et une structure. Notons que dans ce nouveau paradigme biologique c’est le corps dans sa globalité, et non pas seulement le cerveau, qui représente la structure permettant à l’esprit ou à la cognition de s’exprimer [4].

D’où ma définition pour l’esprit : c’est le processus des relations à l’œuvre à toutes les échelles qui fait qu’on accorde l’état d’être vivant à un système donné. Et ma définition pour la cognition : c’est la dynamique de ce processus qui inclut l’acquisition de connaissances, leur mémorisation et leur utilisation cohérente.

C’est finalement le vécu des organismes vivants, actualisé en permanence, qui s’incarne en continu et qui s’exprime alors visiblement dans leur forme et leur structure.

► Deux conjectures découlent de ce nouveau paradigme

1) Notre état de santé est étroitement lié à la qualité et à la cohérence des relations interactives que nous entretenons avec nous-mêmes et notre environnement.

2) Il existe une corrélation entre notre état de santé et le sens que prennent les différentes circonstances de notre vie en fonction du but qui nous anime.

Pour aller au bout de l’idée et en tirer une application pratique pour la santé, il faudrait répertorier ces relations, les classer par niveaux d’organisation, les caractériser pour en préciser leurs valeurs cognitives et enfin construire un modèle global de la vie une théorie de l’esprit – que nous pourrions utiliser dans les consultations médicales.

C’est ce que j’ai tenté de faire pour élaborer une pratique à but thérapeutique que j’ai appelé “Ostéothérapie cognitive”.

► Modèle pour l’Ostéothérapie cognitive

L’ensemble dynamique des relations ou interactions à l’œuvre pour l’organisation, le développement et le renouvellement des constituants de notre corps et pour lui assurer durablement son état d’être vivant, peut être représenté en utilisant trois espaces : un espace non-observable, un espace observable et un espace symbolique.

L’espace symbolique est celui de nos comportements, de notre corps en action. C’est dans cet espace que notre corps synthétise et actualise toutes les informations relatives à notre histoire de vie à laquelle nous pouvons attribuer différents sens en fonction du contexte et du but qui nous animent.

Dans le cas particulier d’une consultation de santé, notre état corporel du moment correspond à un état de santé qui peut alors prendre un sens en fonction du contexte actuel de notre vie et du but de la consultation.

Nous pouvons maintenant définir la maladie comme étant l’expression de nos incohérences, lesquelles seront mises en évidence par nos comportements et manifestés dans la structure même de notre corps.

L’espace non-observable est non local (on ne peut pas donner d’endroit dans le monde réel où il se trouverait) et non observable (invisible avec nos outils de mesure classiques). Il contient les informations nécessaires à l’organisation globale des éléments constitutifs de notre corps. L’espace observable est celui de l’espace-temps local où nous sommes des êtres de chair.

En conclusion

La quête du sens de nos souffrances devrait concerner nos réflexions en vue de la résolution des symptômes qui la caractérisent.

Cette quête devrait également animer toutes médecines soucieuses de placer le patient au centre de sa consultation en tenant compte de ses particularismes personnels ainsi que du contexte dans lequel s’exprime sa symptomatologie.


Références

  1. H. Maturana et F. Varela : Autopoiesis the organisation of the living, Editorial Universitaria, Santiago, 1980.
  2. La Toile de la Vie : Fritjof Capra, Ed du Rocher, 2003.
  3. L’eau morphogénique ; Marc Henry ; éditions Dangles, 2020.
  4. H. Maturana et F. Varela : Autopoiesis and cognition, Reidel, Dordrecht, 1980.



Publication : Éric Klein


Info Santé

19

0 commentaires

Infos >> Partenaires

Nos sponsors

Les infos de votre Région Gratuite Souhaitez-vous recevoir des notifications sur les dernières mises à jour ? Non oui