Festival de Namur : “Les intranquilles” de Joachim Lafosse
Présenté en ouverture au 36è Festival du Film Francophone de Namur, « Les Intranquilles » de Joachim Lafosse, coproduit par Samsafilm, a séduit le public namurois. Rencontre avec une équipe sympathique et disponible. A Namur, Brigitte et Thibaut Demeyer
« Les Intranquilles » c’est l’histoire de Leïla et Damien. Ils s’aiment contre vents et marées malgré la bipolarité dont souffre Damien. Pourtant, le sujet du 9è film du réalisateur de « A perdre la raison » n’est pas la bipolarité mais bien « l’engagement amoureux du couple face à quelqu’un de malade » souligne Joachim Lafosse pour qui le fonctionnement du couple est souvent présent dans ses œuvres. D’emblée, il nous confie que les « Intranquilles », c’est le film dont il est le plus fier parce que « Je suis heureux de la manière dont le film s’est tourné, heureux d’avoir eu des acteurs formidables, heureux d’avoir été en compétition officielle à Cannes, d’avoir travaillé avec des producteurs brillants, du résultat du film parce qu’il bouleverse le spectateur » ajoutant « c’est le troisième film que je réalise au Luxembourg parce que je trouve que les techniciens sont formidables avec beaucoup d’expérience, l’accueil en tant que cinéaste est excellent. Le Luxembourg est une vraie terre de cinéma ; d’ailleurs j’y retourne pour mon prochain film ».
Si Leïla Bekhti et Damien Bonnard n’étaient pas les premiers sur la liste de Joachim Lafosse, le changement s’est avéré judicieux car le couple crève l’écran. « Pour ce faire, il y a eu un grand engagement de la part des comédiens » insiste Joachim Lafosse. « Damien par exemple, au départ, j’avais fait de lui un photographe et c’est lui qui m’a proposé d’être peintre car la vérité des personnages que l’on cherche vient avant tout plus du geste que des mots justes. » « Damien a rencontré des psychanalystes pour mieux comprendre la bipolarité, a fait de la boxe pour ressortir une violence qu’il n’a pas en lui, a travaillé avec le peintre Piet Raemdonck, auteur des toiles que l’on voit dans le film. » En revanche, Leïla Bekthi nous précise : « moi j’avais besoin qu’il y ait de l’amour, beaucoup d’amour parce que je sais ce que l’on peut se dire en regardant le film, du style, pourquoi elle ne part pas ? Alors que pour moi, c’est un film sur l’engagement d’un couple et un engagement ne peut pas être jugé, c’est propre à chacun. »
Damien Bonnard et Leïla Bekhti ajoutent : « Joachim s’intéresse à tout le monde sur le tournage, demande l’avis de l’équipe. Il nous a aussi donné la chance de pouvoir répéter pendant dix jours avant le tournage et dans le décor, ce qui nous a fortement aidés. Nous avons également pu décider de la fin du film parce qu’il fallait qu’elle soit pertinente par rapport à notre propre vécu durant le tournage. La sincérité est la meilleure des fins. »
Il est vrai que le spectateur doit croire à ce couple pour que le film fonctionne et pour ce faire, il devait y avoir une complicité hors norme entre Damien et Leïla : « Joachim avait écrit plusieurs versions et on en a écrit une sur place ensemble. Et lorsque Joachim nous a proposé de garder nos prénoms, c’est là que je me suis rendue compte que nous étions une vraie équipe et que le fait de garder nos prénoms, cela nous a aidé à investir de manière plus profonde notre rôle » nous confient les acteurs.
Si le film restera encore longtemps dans votre mémoire, il n’est pas non plus prêt de quitter celles des comédiens comme nous le précise Leïla Bekhti : « j’ai eu beaucoup de mal à sortir de mon personnage, ce n’est qu’après deux mois que j’ai repris le cours normal de ma vie ».
Le seul regret des « Intranquilles » c’est que le jury cannois semble être passé à côté du film où, au moins, les interprètes méritaient amplement un prix. Mais on ne refait pas l’histoire et Joachim Lafosse et ses protagonistes peuvent être fiers de leur film. Joachim Lafosse nous a confié qu’il sera présent au Festival du film européen de Virton le dimanche 7 novembre, qu’on se le dise !