FESTIVAL DE NAMUR : UN WEEK-END FORT EN EMOTION
C’est un peu la tradition de faire un premier point après le week-end d’ouverture de ce festival qui rend avant tout hommage à la francophonie. Quatorze films ont déjà été présentés et ce, toutes compétitions confondues (compétitions officielles, les pépites, cap sur la Flandre, compétition première œuvre) ce qui nous donne déjà un bel aperçu de la sélection 2021. Une sélection qui nous a offert un week-end fort en émotion. Thibaut Demeyer
Cette 36è édition du Festival du film francophone de Namur a débuté sur les chapeaux de roues avec l’émouvant et touchant « Les Intranquilles » en présence du réalisateur Joachim Lafosse, de l’actrice Leïla Bekhti et de l’acteur Damien Bonnard. A l’issue de la projection officielle, l’ambiance était lourde d’émotion et le réalisateur de « A perdre la raison » était un homme heureux.
Fort heureusement, Michèle Laroque et sa troisième réalisation a apporté un peu de légèreté avec « Alors on danse » une comédie où elle a le mérite d’avoir au générique une Isabelle Nanty hors norme dans la peau d’une gauchiste révolutionnaire face à sa sœur (Michèle Laroque), bourgeoise cocufiée par un mari (Antoine Duléry) qui se rendra vite compte de sa bourde, mais trop tard. Il est évident que Michèle Laroque était la star du week-end à rencontrer. Malheureusement, elle est passée en coup de vent provoquant une grande frustration auprès des festivaliers, mais aussi de la presse.
Probablement pandémie oblige, les stars cette année ne se suivent pas. C’est ainsi que Camille Cottin, découverte auprès du grand public grâce à la série « dix pourcents » et Louis Garrel ont aussi brillé par leur absence alors que « Mon légionnaire » a fait l’unanimité et qu’il aurait été intéressant de débattre de leur rôle avec un Louis Garrel inspiré par son personnage, lieutenant à la légion étrangère, et Camille Cottin en avocate qui soutient les choix de son mari tout en souffrant de la solitude. Une œuvre forte et courageuse qui remet quelque peu les points sur les «i » vis-à-vis du regard que l’on a sur la légion étrangère et la grande muette.
Romain Duris, pourtant épatant dans la peau de Gustave Eiffel, n’a pas non plus fait le déplacement pour défendre « Eiffel » de Martin Bourboulon alors qu’il s’agit d’une avant-première belge. Mais la palme de l’émotion revient sans conteste à « Red Sandra » ou cette histoire véridique d’un couple néerlandophone qui se bat pour sauver leur petite fille atteinte d’une maladie orpheline et qui ne pourra être sauvée que si elle obtient un médicament très onéreux. Les deux réalisateurs néerlandophones Jan Verheyen et Lien Willaert abordent alors plusieurs sujets qui donnent vraiment à réfléchir, que ce soit les combats contre l’empire pharmaceutique, le dysfonctionnement de notre système de santé et de celui de l’Europe mais aussi la manipulation médiatique et la crédulité des gens. « Red Sandra » est un véritable coup de poing.
Moins fort en émotion sans pour autant être indifférent est le documentaire de Charlotte Gainsbourg sur sa mère Jane Birkin. Poignant, surtout depuis que nous avons appris l’accident de santé de Jane Birkin, mais en même temps un documentaire dérangeant par le fait qu’il y a une grande partie de leur intimité qui nous est révélée. Cela peut plaire à certains, moi, cela me dérange. Une fois encore, dommage que Charlotte ne se soit pas déplacée pour défendre sa première réalisation qui avait été présentée en avant-première au dernier Festival de Cannes.
Cannes, justement parlons-en avec « Les héroïques », de Maxime Roy, qui avait été présenté en séance spéciale et on le regrette car s’il avait été en compétition officielle, à coups sûr, François Creton aurait décroché le prix d’interprétation pour ce rôle de Michel, ancien junkie, éternel gamin ne rêvant que de motos et trainant avec son grand fils Léo et ses copains. À cinquante ans, il doit gérer le bébé qu’il vient d’avoir avec son ex, et se bat pour ne pas répéter les mêmes erreurs et être un mec bien. Un film qui vous prend à la gorge et qui vous scotche dès la scène d’ouverture grâce à un François Creton épatant.
De l’émotion, nous en avons eu durant ce premier week-end si pas en rencontres, qui vont d’ailleurs arriver puisque Guillaume Canet est attendu tout comme Virginie Effira, Mélanie Thierry, Catherine Corsini pour ne citer qu’eux, au moins dans les salles obscures grâce à des œuvres aux sujets variés reflétant les inquiétudes d’un monde qui se pose des questions légitimes sur son avenir.
0 commentaires