FIFF Namur : Rencontre avec Guillaume CANET
GUILLAUME CANET : « JE N’AI PAS UNE GRANDE CONFIANCE EN MOI »
Dans « Lui », son 7è long métrage en tant que réalisateur, Guillaume Canet nous raconte l’histoire d’un compositeur en mal d’inspiration qui vient de quitter sa femme (Virginie Efira) et ses enfants. Il se réfugie alors dans un coin perdu de Bretagne où il sera confronté à sa conscience et ses démons.
Présenté en avant-première au Festival de Namur, Guillaume Canet, très doué dans la gestion de son image, a rencontré le public pour un entretien vérité. Morceaux choisis.
Le destin
Un accident d’équitation et la carrière équine de haut niveau de Guillaume Canet est mise sur la touche. Il doit alors se réinventer une nouvelle vie en dehors du haras de chez ses parents. « J’avais 18 ans et d’une certaine manière, cet accident m’a été bénéfique, il m’a fait comprendre que je n’étais peut-être pas fait pour cela » nous a-t-il confié. Il part alors à Paris, il veut être réalisateur cinéma, un rêve qu’il nourrissait presqu’inconsciemment depuis petit : « J’aimais raconter des histoires, je faisais des courts métrages en super 8 que je montais dans ma chambre avec une colleuse puis je suis passé à la vidéo ». Sa rencontre, par le plus pur des hasards, avec Jean Rochefort, sera pour lui déterminante dans sa nouvelle vie. Il lui mettra d’ailleurs le pied à l’étrier en 1997, l’imposant comme acteur dans « Barracuda » de Philippe Haïm « je reçois un jour un appel téléphonique disant « Monsieur Rochefort a demandé que je vous rencontre. Donc, je vais suivre les ordres de Monsieur Rochefort et on doit se voir» nous explique Guillaume Canet. « Je le rappelle et lui dit « non, on ne va pas se voir car en aucun cas j’ai envie de tourner avec vous ! ». « Oui, je sais, j’étais vraiment con à l’époque » dit-il non sans humour. Par la suite, le réalisateur de « Ne le dis à personne » lui explique qu’il est plutôt près à faire des essais. Ceux-ci ont été concluants, cela a rassuré l’égo de Philippe Haïm, le film s’est fait, il était très content « tellement content qu’il s’est même tapé ma copine » précise Guillaume Canet avant de rendre hommage à son père spirituel « Jean Rochefort a été pour moi un père spirituel et lorsque j’avais un film qui sortait, je savais que j’allais avoir un coup de fil pour faire un débrief sur le film » explique Guillaume baptisé « chonchon » par Jean Rochefort.
Zulawski, Chéreau et les autres
Le fait d’avoir travaillé avec de grands réalisateurs a été quelque chose de très important dans la carrière de Guillaume Canet « parce que ce sont des gens très passionnés » admet l’acteur/réalisateur ajoutant « J’ai beaucoup appris avec Patrice Chéreau dans sa manière de diriger l’équipe. Avec Zulawski, c’était autre chose, il aimait venir me casser les couilles le matin en me disant des choses assez vaches parce qu’il estimait que c’était la seule manière valable pour que je sois dans le personnage.»
La Plage avec Léonardo Di Caprio : « J’ai fumé des pétards pendant 4 mois »
« Je n’avais pas envie de devenir acteur et me suis retrouvé dans « La Plage » avec Léonardo Di Caprio un peu par hasard. J’étais en Thaïlande où j’ai fumé des pétards pendant 4 mois. Je n’ai rien foutu sur ce film, je passais mes journées en maillot de bain sur une plage, j’ai fait de la plongée sous-marine. Bref, j’étais en vacances pendant 4 mois. » Lorsque Guillaume Canet rentre à Paris, il devient soudainement la coqueluche des médias, du milieu du cinéma. « J’ai alors enchaîné avec « Vidocq » où j’avoue que le film n’était pas terrible et moi non plus. Du coup, du jour au lendemain, plus aucun coup de fil, plus aucun scénario pendant un an. Une situation qui m’a fait chier parce que je suis quelqu’un d’assez orgueilleux. Cette situation m’a donc en quelque sorte réveillé, me rappelant qu’au départ, ce n’était pas acteur que je voulais faire mais bien réalisateur. C’est ainsi que j’ai réalisé « Mon idole » qui m’a aussi permis de sortir la tête hors de l’eau parce que le monde du cinéma s’est rendu compte que j’avais quand même quelque chose dans la tête.»
Peur de la mort
J’ai un rapport à la mort particulier que j’ai eu depuis gamin et qui vient de plusieurs situations que j’ai vécues et qui ont été assez traumatisantes. D’ailleurs, dans mon dernier film « Lui », je dis à mon père lorsqu’il quitte ma mère quelque chose de pas très gentil et lorsqu’il sort, il fait un infarctus derrière la porte. C’est quelque chose qui reste même si mon papa est encore en vie aujourd’hui mais à partir de ce moment-là, il a eu plusieurs infarctus, cancers et on se sent coupable, surtout quand on est gamin, d’avoir déclenché quelque chose. Il y a donc un rapport avec la mort, avec d’autres trucs que j’ai vécu comme l’impossibilité de rencontrer mon grand-père parce qu’il voyait en moi ce fils qu’il avait perdu et du coup, j’ai toujours beaucoup souffert de ça et donc on grandit avec ce rapport à la mort un peu spécial. D’ailleurs ce sont des choses dont je parle dans mes films, parce que j’ai grandi avec cet esprit de faire les choses vite avant de disparaître.
Rock’and Roll
L’intérêt de ce film était surtout un ras-le-bol que l’on joue avec mon image.
Son travail d’acteur
Je suis actuellement dans une période de questionnement par rapport à mon travail d’acteur et de doute comme j’ai souvent eu parce que comme j’explique dans mon dernier film, j’ai ce petit connard à l’intérieur de moi qui ne m’aide pas souvent à me rassurer. En fait, j’ai une position compliquée par rapport à mon travail d’acteur car je n’ai jamais voulu l’être de manière assurée. Et, ce que je ne vis pas bien, c’est justement cette impression de ne jamais avoir eu cette sensation de reconnaissance en tant acteur. Je n’ai pas une grande confiance en moi en tant que tel. En revanche, en tant que metteur en scène, il y a une forme d’indépendance qui me plaît et qui me rassure où je me dis que je n’ai besoin de personne pour faire des films. Alors qu’en tant qu’acteur, j’ai besoin du désir de l’autre. Un acteur est souvent seul. On le croit très, très fort mais ce sont des périodes de grands doutes parce qu’on subit le désir de l’autre.
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