FIFF NAMUR : LE BAYARD D’OR PART POUR LA SUISSE

Oct 9, 2021 | Cinema, Cinémas, Festival, Festival du Film Francophone de Namur, Namur

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Brigitte et Thibaut Demeyer

“La Mif” de Frédéric Baillif décroche le Bayard d’or 2021

La fête du cinéma francophone, c’était toute la semaine à Namur. C’est ce vendredi que le jury officiel, présidé par le réalisateur Thomas Lilti, a décerné ses Bayard. Retour sur la soirée du Palmarès et sur une semaine riche en émotion et en qualité.

La famille a été le thème récurrent de cette 36è édition du Festival du Film Francophone de Namur. Beaucoup de longs métrages nous ont séduits, surpris, choqués pour diverses raisons pour en définitive faire partie d’une sélection de qualité. Dès lors, le travail du jury officiel n’a pas été simple « on a vraiment bossé sérieusement parce qu’on était conscient de notre responsabilité vis-à-vis des choix que nous allions faire » a déclaré l’actrice française Anne Marivin à l’issue de la cérémonie. C’est vrai qu’il y a toujours à dire ou à redire lors de la proclamation d’un Palmarès. « Vos goûts ne sont pas les nôtres et inversement et ce n’est pas parce qu’un film ne se retrouve pas au Palmarès qu’il n’est pas bon. Nous avons été obligé de faire des choix parce que nous n’avons pas la possibilité de multiplier les prix » précise Thomas Lilti, président du jury.

Anne Marivin. (c) Thibaut Demeyer
Thomas Tilti. (c) Thibaut Demeyer

Quoi qu’il en soit, le grand gagnant de cette édition 2021 n’est autre que Frédéric Baillif qui décroche à la fois le prix Agnès et le Bayard d’Or pour « La Mif » (famille en verlan) dont l’histoire se déroule dans un foyer pour adolescents en difficulté avec des moniteurs et leurs problèmes, qui tentent de protéger ces victimes d’une société en mal de vivre. Un thème qui tenait à cœur au réalisateur, lui-même ancien éducateur dans un foyer et qui, aujourd’hui, prend du recul pour analyser les choses et se rendre compte de ce que vivent ses jeunes adolescents. A travers une prise de vue caméra à l’épaule et un cadrage serré, Frédéric Baillif souhaitait « donner une impression d’étouffement parce que ce genre d’endroit ressemble à une prison et que l’amour pour ces jeunes, qui en ont besoin, n’existent pas. » nous a confié le réalisateur visiblement heureux de son prix. On notera également la qualité d’interprétation des jeunes filles non-professionnelles.

Frédéric Baillif et Thomas Tilti. (c) Thibaut Demeyer

Comme dans tous festivals, il y a des films dont le titre circule parmi les festivaliers, des films qui soufflent un air de grand vainqueur. C’est le cas notamment de « Souterrain » de la réalisatrice québécoise Sophie Dupuis dont le film repart avec deux prix : le Bayard de la photographie ainsi qu’une mention spéciale du jury pour Théodore Pellerin pour sa qualité d’interprétation. Particularité au Festival de Namur, il n’y a pas prix d’interprétation masculine ou féminine mais bien un prix d’interprétation. Cette année, il a été attribué à l’actrice française Mélanie Thierry, qui est bouleversante dans « la vraie famille » de Fabien Gorgeart, en maman adoptive obligée de se séparer de l’enfant, Simon 6 ans, qui lui avait été confié par l’Assistance Sociale alors qu’il n’avait que 18 mois.

Présenté à la Quinzaine des réalisateurs au dernier Festival de Cannes, « Mon légionnaire » de Rachel Lang avec Louis Garrel et Camille Cottin décroche méritoirement le Bayard du meilleur scénario ainsi que le prix de la critique. Avec ce film, Rachel Lang met en exergue non seulement la mission de ces hommes partis pour la France mais également le combat mené par leurs épouses pour garder l’unité du couple. La réalisatrice nous fait prendre conscience que ces vies ne sont pas simples et que nous ne devrions pas juger sans savoir de quoi on parle exactement. Sans chichi ni manière, avec un point de vue simplement humain, Rachel Lang nous touche. Un Bayard amplement mérité. En revanche, nous resterons plus interrogatif avec le Bayard « Spécial du jury » attribué au film roumain « Întregalde » de Radu Muntean, un film sur l’empathie et l’altruisme mis à l’épreuve lorsque trois amis se voient obligé de passer la nuit avec un vieil homme sénile à bord de leur SUV coincé dans un fossé.

“Mon Légionnaire” de Rachel Lang – Bayard du meilleur scénario
“Intregalde” de Radu Muntean – Bayard spécial du jury

Au Festival du Film Francophone de Namur, les premières oeuvres sont également compétititives. C’est alors que le jury “Emile Cantillon” qui décerne le Bayard de la Meilleure première oeuvre. Cette année, c’est la Roumanie à travers l’oeuvre d’Eugen Jebeleanu intitulée “Poppy Field” qui décroche ce Bayard tant convoité.

“Popy Field” d’Eugen Jebeleanu – Bayard de la meilleure première oeuvre

Quant aux autres lauréats, on retiendra “Freda” de Gessica Généus qui obtient le prix Découverte et le prix du public, la merveilleuse Marie-Josée Kokora est lauréate du prix d’interprétation dans un premier film pour “Aya” de Simon Coulibaly Gillard, une mention spéciale du jury a été attribuée à l’épatant “Les Héroïques” de Maxime Roy, le prix “petit Agnès” pour “Neptune Frost” d’Anisia Uzeyman et Saul Williams. Quant à Catherine Corsini, elle décroche à la fois le prix BeTV et le prix Rtbf pour le magnifique “La Fracture” qui avait également fait les beaux jours du dernier Festival de Cannes.

Cette 36è édition du Festival du Film Francophone de Namur a fait du bien aux cinéphiles et festivaliers. Durant toute la semaine, nous avons pu entendre par-ci, par-là des commentaires tels que “cela fait du bien de se retrouver tous ensemble dans une vraie salle de cinéma.” Et, malgré l’absence de quelques talents, l’édition 2021 a été une vraie fête du cinéma avec une sélection haute en couleurs.

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