« IL SUFFIT DE SE RÉFÉRER AU BON SENS ! »
C’est à l’occasion des nouvelles décisions du CODECO que nous avons contacté Luc Delhaye, directeur de la Maison de la Culture d’Arlon, pour faire le point sur cette situation et le bilan d’une première année et demi que l’on pourrait qualifier de compliquée.
Thibaut Demeyer-Brigitte Lepage-Demeyer
« Je suis venu avec la Covid » nous dit d’emblée, non sans humour, Luc Delhaye le directeur de la Maison de la Culture d’Arlon avant de revenir plus sérieusement sur un premier bilan qui ne s’avère pas tout à fait négatif « il est à la fois négatif et positif » nous confie le directeur avec toutefois cette précision « négatif vu que la culture était à l’arrêt et positif dans le sens où cela nous a permis le lever le nez du guidon afin d’effectuer des changements et améliorer certaines choses que mon successeur, Fernand Houdart, n’a jamais eu le temps de faire par justement manque de temps. On s’est également penché sur le comment changer le processus de manière efficace tout en changeant la manière de faire. On a réorganisé la façon de travailler. Soyons clair, je ne dis pas que les choses ont été mal faites avant, je dis seulement que cette situation a été une opportunité incroyable pour tous ceux qui travaillent ici car avant, il n’y avait pas le temps d’apporter et de réfléchir à tous ces changements. N’oublions pas que nous sommes 13 personnes à travailler ici alors que d’autres centres culturels de la même ampleur sont 25. »
L’innocuité dans les salles de spectacles
Récemment, le CODECO a décidé de ramener le nombre de spectateurs en salles à maximum 200 personnes à l’intérieur des bâtiments, que ce soit pour les petites salles ou les grandes telles que celle de la Maison de la Culture où l’air est renouvelé toutes les heures. Une décision quelque peu incompréhensible pour Luc Delhaye « nous avons fait un test et avons prouvé scientifiquement, par le biais de l’Université de Liège et Yves Coppieters, que c’était l’innocuité dans les salles de spectacles. Malgré cela, on impose une jauge à 200 spectateurs, le changement de système d’aération, on va imposer d’installer un capteur CO2 comme s’il n’y avait que chez nous qu’il y avait de la contamination ! J’ai lu dernièrement que 50% des contaminations proviennent du lieu de travail et pourtant, on continue à dire que c’est la culture. Alors effectivement, je suis extrêmement fâché par rapport à cette décision. Porter un masque oui, garder les distances bien entendu et se laver les mains sont des gestes importants. Pour moi, il suffit de se référer au bon sens ! »
Dédoublement de certains spectacles
Face à cette nouvelle décision du CODECO, valable en principe jusqu’au 18 janvier 2022, Luc Delhaye n’a pas d’autres choix que de dédoubler certains spectacles, voire les proposer à une date ultérieure, comme c’est le cas pour Linda Lemay. Mais tout cela n’est pas sans conséquence « il va y avoir un surcoût pour les spectacles qui seront joués deux fois et oui, je les financerai et je perdrai de l’argent mais je ne peux pas continuer à empêcher ces gens à gagner leur vie » martèle le directeur précisant au passage « mon but premier est de faire en sorte que les artistes puissent monter sur scène. » En même temps, le bilan de fin d’année doit être positif même si la Maison de la Culture est une maison subsidiée, certes probablement la moins par rapport aux autres centres culturels de même ampleur, malgré les récents efforts de la ville d’Arlon « Il y a des centres culturels qui peuvent se permettre de faire des spectacles à perte mais ils ont l’argent pour. Nous devons veiller à garder un certain équilibre. Pour certains spectacles, je sais que je vais perdre de l’argent mais pour d’autres, je vais en gagner. L’objectif étant d’arriver en positif. »
Pour bien vendre, il faut bien acheter
Mais au-delà de tout cela, la clé de la réussite de la gestion de la Maison de la Culture d’Arlon est la qualité des spectacles proposés. Comme dit Luc Delhaye « Pour bien vendre, il faut bien acheter ». Il est évident que le rôle du directeur est de voir un maximum de spectacles et faire des choix qui correspondent à la fois à Luc Delhaye mais aussi au public, ce qui n’est pas toujours facile à déterminer « Il faut trouver un équilibre entre le sujet intéressant et de qualité sans oublier de veiller à diversifier les thèmes des spectacles même si on a une mission pour faire passer certains sujets de société » insiste Luc Delhaye sans oublier de préciser que « cela dit, en ce moment, il est très difficile de trouver un spectacle de divertissement pur car tout le monde veut faire passer un message ».
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