Daniel Carette de Suxy nous parle de la trompe de Chasse

Mai 17, 2016 | PORTRAITS

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 Daniel Carette de Suxy nous parle de la trompe de Chasse

La trompe de chasse est un instrument de musique français en cuivre ou laiton, utilisé pour la vénerie. Issu des instruments de communication cynégétiques venant de la nuit des temps signalant par des sons lents ou courts, aigus ou graves, les différentes situations pendant la chasse. Ces instruments étaient faits de cornes d’animaux, de bois puis de cuivre. Les langages exploités par ces instruments s’appelaient les cornues. On chassait alors « À cor et à cris ».

 

 

 

Au Moyen Âge

Avant de se servir d’un instrument pour encourager les chiens ou pour appeler ses compagnons de chasse, l’homme se contentait nécessairement de sa voix : cris, appel, huées, plus ou moins scandés, plus ou moins modulés ont constitué la première musique de chasse.

Au Moyen Âge, on appelait trompeors les sonneurs de trompe ou de trompette, qui furent baptisés par la suite trompeurs en France et trompetters en Belgique. Le cor a servi au Moyen Âge à corner guerre comme corner menée à la chasse ; dans le château on cornait le jour, l’eau, l’assiette, etc.

Les cors monotones variaient les sons avec des mots courts et des mots longs, et ceux qui avaient plusieurs notes sonnaient du grêle ou du gros ton. En 1730, le marquis de Dampierre disait indifféremment cor ou trompe, et cela changea seulement avec d’Yauville qui n’employa plus que l’expression trompe pour désigner la trompe de Lebrun, modèle 1729, aujourd’hui la Dampierre.

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Sous Louis XIV

La trompe à un tour et demi comporte deux modèles, le modèle de 1680 et celui de 1689. Le premier fut utilisé tout d’abord par la Vénerie de Louis XIV en 1680. C’est une trompe circulaire à un tour et demi de 0,48 m de diamètre, de 2,27 m de longueur déployée. Cette trompe est en ut majeur. Les tubes ont 12 millimètres de diamètre et le pavillon 14 centimètres et demi de diamètre, le tour est renforcé par une bordure en cuivre montrant une « guirlande » ou « dentelle » en creux, le tout est surmonté de petits ornements représentant un coquillage en plein, caractéristique de l’époque de Louis XIV. L’extrémité du premier tube se termine dans un manchon, dans lequel s’encastre une branche d’embouchure mobile à laquelle l’embouchure était alors soudée. À cette époque, on ne connaissait pas encore bien le repoussage au tour, ni le planage, que Raoulx allait bientôt inventer. Cette trompe est martelée à la main, tous les coups de marteau se voient. Le second modèle de trompe est de 1689. Il présente les modifications suivantes : le manchon a été supprimé ; la branche d’embouchure est soudée au premier tube et est maintenue par un tenon, de même que le pavillon ; l’embouchure n’est plus généralement soudée à la branche d’embouchure, elle est mobile ; le pavillon a 0,22 m de diamètre.

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Sous Louis XV

 

Deux modèles de trompes apparaissent sous Louis XV. Le premier modèle du marquis de Dampierre fait son apparition officielle en août 1723. Il a 4,05 m de longueur déployée et 0,72m de diamètre environ. Cette trompe en ré est fort douce à sonner, mais très embarrassante à tenir, vu son énorme diamètre, qui a rapidement provoqué son remplacement. Le second modèle est celui de 1729 et il a subi de grandes modifications ; la longueur déployée est de 4,545 m et elle est enroulée à deux tours et demi. Le diamètre est d’environ 0,60 m. Lebrun, fournisseur du Roi, a lancé cette trompe en 1729 au moment de la naissance du Dauphin et l’a baptisée pour cette raison La Dauphine. Ce modèle a été utilisé jusqu’en 1814, mais il a reçu en 1831 la dénomination de trompe Dampierre ou « à la Dampierre ».

En 1817 apparaît la demi-trompe à trois tours et demi. Ce modèle fut exécuté par Raoulx et son successeur. Notons cependant que son pavillon a été perfectionné par un ouvrier nommé Périnet, qui a découvert par des essais successifs quel était le modèle le plus favorable à l’émission du son (1855). En 1831 se généralise cette trompe dite à la d’Orléans (trompe utilisée aujourd’hui).

Tous les écrits connus sur la trompe de chasse font état de l’apparition de cette nouvelle trompe à la suite d’une commande de 40 « demi-trompes » par le Duc d’Orléans, or, on connait une quinzaine de trompes enroulées sur 3 tours et demi antérieures à cette commande.

La trompe, instrument de chasse

L’action de chasse est accompagnée de sonneries de trompe (fanfares) qui permettent aux veneurs de communiquer entre eux et avec les chiens.

La trompe de chasse a été adoptée par la vénerie française sous le règne de Louis XV et l’influence de son maître de vénerie : le marquis de Dampierre 2 .

Depuis lors, La trompe de chasse est indissociable de la vénerie. Elle lui doit sa signification et son développement.

La pratique de la trompe est maintenue par tous les veneurs, dont elle est l’instrument de communication à la chasse, mais aussi par des artistes qui savent la porter à la perfection. Les premières fanfares de chasse remontent à 1723 où le Marc-Antoine de Marc-Antoine marquis de Dampierre écrivit les premières des quelque 6 000 fanfares qui constituent aujourd’hui un patrimoine musical exceptionnel (‘après le recueil de fanfares de chasse de la Fédération Internationale des Trompes de France, Philidor l’Aîné avait publié la « retraite prise » en 1705 et « La Sourcillade » devenue « la vue » en 1707/09).

Les veneurs sonnent des fanfares « de circonstance » pour faire connaître les péripéties de la chasse dont ils sont témoins.

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Ainsi:

 le « bien-aller » indique que les chiens chassent « en bonne voie »,

 le « débuché » que la meute est en plaine et se dirige vers un autre massif forestier,

 le « bat-l’eau » que l’animal de chasse est dans un étang ou une rivière,

 la « vue » que l’animal de chasse est vu par le sonneur.

Au cours de la « curée », cérémonie destinée à rendre hommage à l’animal de chasse et à récompenser les chiens, on sonne à nouveau les fanfares sonnées au cours de la chasse de manière à en rappeler les épisodes. Puis, pendant que les chiens « font curée », on sonne d’autres fanfares dédiées aux équipages (quatuor du Rallye Trompes de Paris), aux veneurs présents et aux personnalités.

Sonner la trompe est une pratique qui comporte beaucoup de spécificités. Tout d’abord, les sonneurs ne répètent que très rarement les morceaux en sonnant, pour ne pas fatiguer les lèvres qui sont soumises à rude épreuve lors des démonstrations. Ils le font généralement en chantant les morceaux.

Autre spécificité des sonneurs de trompe : leur tenue. Lorsqu’ils sonnent en public, les sonneurs doivent porter la tenue de vénerie ou la tenue d’une société. Elle est composée d’une cape ou casquette, cravate de chasse, veste, culotte, bottes de cheval ou bas. Cette obligation est devenue au fil du temps une coutume appréciée des sonneurs, qui peuvent à cette occasion représenter avec fierté leur société ou leur équipage, mais aussi leur appartenance à la grande communauté des sonneurs de trompe.

Les représentations de sonneurs se font également d’une façon particulière. La trompe est le seul instrument pour lequel la pratique se fait dos au public. Les sonneurs doivent également adopter des positions particulières pour sonner : Ils sont disposés en V, trompe tournée légèrement à l’intérieur pour regrouper les sons. Le meneur est celui qui se trouve à la pointe du V.

Mais la pratique de sonneur de trompe ne se résume pas à la démonstration. Son origine est bien sûr conservée et les sonneurs sonnent encore seuls lors des chasses à courre. La pratique ne relève alors plus de la démonstration mais a une véritable fonctionnalité. De là est né un répertoire spécifique pour la chasse, connu de tous les participants. La trompe devient le moyen de dialoguer entre eux à des distances importantes, la portée de l’instrument étant largement supérieure à la voix humaine.

Ce répertoire a inspiré celui des démonstrations. Celle-ci relève de plusieurs genres : répertoire religieux et répertoire laïque. Ce dernier est appelé « fantaisie » (le répertoire de chasse à courre est appelé « fanfare ») et regroupe près de 2000 morceaux, conçus pour la plupart entre le XIX e  siècle et le XX e  siècle. La pratique instrumentale de la trompe de chasse est si spécifique que les sonneurs n’empruntent quasiment jamais de morceaux dans le répertoire d’autres instruments. 

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