UN FAUX BIOPIC QUI NOUS TRANSPORTE
La réalisatrice française Anne Fontaine nous propose une adaptation libre de la biographie du célèbre compositeur Maurice Ravel et de son incontournable « Bolero ». Thibaut Demeyer.
Anne Fontaine ne s’en cache pas, le Boléro est un morceau musical qu’elle adore et qu’elle a découvert à l’époque où elle faisait de la danse et lorsqu’elle a vu Jorge Donn en représentation sur cet air. Dès lors, pour elle, c’était une évidence d’adapter librement la biographie de Maurice Ravel écrite par Marcel Marnat.
A la fin du film, on nous précise que cette musique est jouée toutes les 15 minutes dans le monde. Sachant que le Boléro fait 17 minutes, on peut dire qu’il est perpétuellement joué. Pourtant, cette composition n’était pas la préférée de son auteur, caractérisant son œuvre de singulière et « vide de musique. » Il aurait même déclaré que ce « Boléro » occultait injustement toutes ses autres compositions. Il n’avait pas tort.
Raphaël Personnaz dans la peau de Maurice Ravel. (c) Pascal Chantier
Mais au-delà de cette envie de nous raconter la vie de Maurice Ravel avec ce faux biopic, « Bolero » est un film sur un artiste en mal de création, en conflit avec ses peurs, ses doutes, son manque de lâché prise et à la personnalité mystérieuse et complexe. C’est aussi l’histoire de la naissance d’une œuvre et d’un homme en perpétuelle remise en question malgré le succès qu’il rencontre et sa renommée internationale.
C’est Raphaël Personnaz qui incarne avec brio ce compositeur reposant au cimetière de Levallois-Perret. Pianiste lui-même, Raphaël Personnaz a été obligé de se perfectionner pour obtenir une crédibilité sans faille. Tout comme il a été obligé d’apprendre à diriger un orchestre. Dès lors, derrière sa qualité d’interprétation, ce personnage lui a demandé en amont un grand travail préparatoire. Mais cela en a valu la peine au vu de sa prestation, elle-même soutenue par un beau casting, à commencer par Jeanne Balibar, alias Ida Rubinstein, la danseuse pour laquelle Maurice Ravel a composé ce Boléro sans oublier Laura Tillier dans le rôle de Misia ainsi que Emmanuelle Devos dans la peau de Marguerite Long. Là aussi « Bolero » est une réussite au niveau de la direction d’acteurs. En revanche, par moment, la mise en scène semble manquer de rythme. Mais c’est peut-être aussi parce que nous sommes impatients d’entendre les premières notes du « Boléro » qui n’arriveront qu’à trente minutes de la fin du film. Après tout, Maurice Ravel n’a pas composé cette musique par un coup de baguette magique. Bien au contraire, puisque cette commande est arrivée au pire moment de sa vie lorsqu’il était en panne d’inspiration. Dès lors, Anne Fontaine nous fait judicieusement ressentir cette période compliquée du compositeur par le biais de sa mise en scène et l’atmosphère lente et mystérieuse qui règne durant 1h30. Et pendant ce temps, la musique nous trotte dans la tête.
C’est donc lors de la dernière demi-heure du film que « Boléro » prend tout son éclat et nous transporte, comme cela a dû être le cas pour le public présent le soir de la première lorsque Ida Burnstein a dansé sur la pièce musicale de Maurice Ravel. Une scène où Jeanne Balibar nous démontre une fois de plus l’étendue de son talent.
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