Bonnard, Pierre et Marthe

Mai 23, 2023 | ACTUALITES, chroniqueur, Cinémas, Festival de cannes, infos, News, Rubriques, Thibaut Demeyer

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UN BEAU ET GRAND MOMENT DE CINÉMA

Quinze ans après nous avoir fait découvrir la vie de Séraphine de Senlis, Martin Provost rend hommage, avec brio, à un autre peintre au travers du couple « Bonnard, Pierre et Marthe ». Thibaut Demeyer. Vidéo : Brigitte Lepage. (c) Photo Cécile de France : Thibaut Demeyer.

C’est la première fois que Martin Provost se retrouve en sélection à Cannes. Avec « Bonnard, Pierre et Marthe », c’est dans la section « Cannes Première » que le film a été présenté. Dommage, une place en sélection officielle n’aurait pas dénoté avec à la clé, pourquoi pas, un double prix d’interprétation pour Cécile de France et Vincent Macaigne.

S’il y a bien une chose sur laquelle Martin Provost n’avait pas droit à l’erreur, c’était le casting. En effet, son nouveau film raconte cette belle histoire d’amour entre le peintre Pierre et celle qui allait devenir peintre à son tour, son épouse Marthe. Il fallait dès lors que l’alchimie entre les deux protagonistes fonctionne pour que le spectateur puisse croire à cette histoire, même s’il s’agit d’un biopic.

D’emblée, Cécile de France nous séduit par sa beauté mais aussi par son charme, sa gouaille, sa légèreté, sa personnalité, son espièglerie, sa pétulance. La première scène donne le ton que prendra le film. Un ton joyeux traduit par, notamment, les scènes où Pierre et Marthe courent à travers champs ou sautent dans la rivière. Les dialogues sont aussi un baromètre synonyme de bonne humeur, de joie, de gaîté.   

Martin Provost (c) Thibaut Demeyer

Martin Provost avec sa délicatesse, sa sensibilité, nous offre une mise en scène soignée, douce, suffisamment discrète que pour mettre encore plus en évidence le jeu de ses acteurs, qu’ils soient premiers ou rôles secondaires comme celui d’Anouk Grinberg qui nous sort également le grand jeu. Bien entendu, vu qu’il s’agit d’un biopic, il n’y a pas vraiment de grandes surprises au niveau du déroulement de l’histoire. Mais ce n’est pas non plus le but recherché par Martin Provost, autrement, il aurait présenté une fiction. Dès lors, ce qui est très intéressant dans le déroulement de cette histoire, c’est de voir, tout en douceur, ce couple qui commence à prendre l’eau, s’effilocher. Le temps qui passe, le feu sacré de l’amour qui s’éteint petit à petit. Marthe finit alors par s’assombrir encore plus, lentement mais sûrement. Pierre, lui, prend goût à l’infidélité, non pas par manque d’amour pour Marthe, mais plutôt par misogynie et faiblesse. Petit à petit, l’histoire s’assombrit et une fois encore, au travers d’une Cécile de France qui accepte de se laisser vieillir pour mieux servir son personnage. Elle n’est plus le rayon de soleil du début du film mais plutôt une flamme qui s’éteint lentement pour revivre à nouveau un amour qu’elle croyait perdu.

« Bonnard, Pierre et Marthe » c’est aussi un enchaînement de très belles scènes comme celle d’ouverture entre Vincent Macaigne et Cécile de France mais aussi celle qui se déroule en plein milieu de la rivière entre Cécile de France et Anouk Grinberg portant une symbolique importante et forte.

« Bonnard, Pierre et Marthe » est une œuvre maîtrisée de bout en bout, aux images soignées, à la mise en scène élégante et d’une grande direction d’acteurs permettant à Cécile de France de nous offrir une de ses plus belles prestations tout comme Vincent Macaigne. Un beau et grand moment de cinéma.

(c) Thibaut Demeyer et Brigitte Lepage
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