Cela va peut-être vous paraître prétentieux mais j’ai déjà eu la chance de rencontrer Matt Damon à plusieurs reprises, tant au Festival de Cannes qu’au Festival du Film américain de Deauville. C’est d’ailleurs à ce festival qu’il m’a proposé, il y a bien longtemps, de faire une photo avec lui. A l’époque, les selfies n’existaient pas. Après avoir pris la star en photo avec une amie, il m’a alors proposé d’inverser les rôles et donc de me faire photographier avec lui. C’est tout Matt Damon ça ! Tout comme il demande à son service de sécurité de se positionner de telle sorte que les fans puissent l’approcher sans difficulté.
Par Thibaut Demeyer, depuis la Croisette
Cette année, il est venu sur la Croisette pour venir défendre « Stillwater » de Tom McCarthy mais aussi pour donner une leçon de cinéma. Comme à l’accoutumée, il a été disponible et charmant envers toutes celles et ceux qui souhaitaient l’approcher. C’est certain, le jour où le Conseil d’administration du Festival de Cannes décide d’octroyer une Palme d’or de la sympathie, le lauréat ne pourra être que lui.
Comment avez-vous vécu ce retour à Cannes après cette interruption entre 2019 et 2021 ?
J’étais vraiment ému à la projection (ndlr : Stillwater de Tom McCarthy) car j’ai pris conscience de la chance d’être ici parce que l’on s’en souviendra de cette édition 2021. Se retrouver, tous ensemble, soit environ 2000 personnes venues de partout, cela m’a rappelé pourquoi nous travaillons. Je n’aurais jamais pu apprécier le film et la soirée si je n’avais pas vécu ce qui s’est passé avec cette pandémie.
Qu’est-ce qui vous donne cet enthousiasme depuis tant d’années ?
J’ai toujours voulu être acteur et tant que j’ai cet enthousiasme, je continue. Si je devais le perdre, j’arrêterais de jouer. Je me régale, cela fait 35 ans que je suis acteur professionnel et je suis ravi de répondre aux questions. Pour moi, faire un film, c’est quelque chose de pratique, pas la peine de parler de théorie. J’ai donc vite compris que plus je ferai de films, plus j’apprendrai parce que ce n’est pas facile de devenir acteur mais en même temps, c’est fabuleux.
Lorsque vous avez obtenu l’Oscar du meilleur scénario avec Ben Affleck pour « Good Will Hunting », qui était votre premier film, vous êtes-vous rendu compte ce jour-là que cela allait être un tournant dans votre vie ?
Oui quand on obtient ce genre de prix, on s’en rend compte tout de suite. Pour ce film, la seule règle que Ben Affleck et moi avions, c’est que nous devions aimer ce que l’on faisait et que toutes décisions que nous prenions devaient être prises uniquement pour des raisons artistiques. Alors que bien souvent, les acteurs se demandent ce que le public a envie de voir et ils le font alors qu’au fond d’eux-mêmes ils ne l’auraient pas fait. C’est vrai que nos vies ont soudainement changé en 1994 avec ce film. On n’avait jamais gagné autant d’argent nous qui étions sans un sou. Je vivais dans un endroit épouvantable partageant un appartement avec quelqu’un qui était à la fac avec moi. Ben vivait de son côté dans un droit tout aussi épouvantable. Il dormait sur un canapé alors qu’il est très grand et que ses pieds dépassaient du divan. Comme nous avions vendu le scénario de « Good Will Hunting », on voulait absolument déménager dans un appartement trois chambres et dans un meilleur quartier, Et, histoire de prouver notre solvabilité au propriétaire de l’appartement que nous souhaitions louer, nous lui avons montré la couverture du Variety où nous étions en première page. C’était en quelque sorte notre gage de solvabilité.
Que dire sur « Il faut sauver le soldat Ryan » de Steven Spielberg ?
Chaque réalisateur est différent. Avec le Soldat Ryan, Steven Spielberg tournait avec dix caméras à la fois, c’était d’un niveau tellement incroyable que je m’étais dit que je lui poserais des tas de questions et tant pis si je ne comprenais pas tout, cela me servira plus tard. Steven Spielberg est un réalisateur exigeant, il est professionnel et veut que ses acteurs le soient tout autant, il faut être sûr que tout fonctionne dès la première prise, il veut être sûr que tout va fonctionner, il ne veut pas attendre car il souhaite passer à la prise suivante. Je me sentais donc un peu sous pression, je voulais faire de mon mieux.
Quelle est votre meilleure coopération et avec qui a-t-elle eu le plus d’impact ?
C’est avec Ben Affleck car nous sommes des amis très proches depuis des années. Une fois que j’ai pu choisir ce que je voulais – au début je ne choisissais pas, je cherchais un emploi – les choses ont changées pour moi surtout quand j’ai pu choisir le réalisateur. C’est important car on continue à se développer, à apprendre en tant qu’acteur. La perfection n’existe pas, on a toujours à apprendre. C’est donc important d’essayer de toujours travailler avec les meilleurs réalisateurs.
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