CANNES 2022 : CRONENBERG VISIONNAIRE

Mai 24, 2022 | Cinémas, Festival, festival cinema, Festival de cannes, Festival info, Festivals Reportage, Thibaut Demeyer

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DAVID CRONENBERG : RÉALISATEUR VISIONNAIRE

Habitué de la Croisette et prix du jury en 1996 avec « Crash », qui avait fait scandale à l’époque, le réalisateur canadien David Cronenberg, âgé de 75 ans, revient en compétition avec « Crimes du futur » dans lequel il dirige Léa Seydoux, Kirsten Stewart et Viggo Mortensen. Thibaut Demeyer & Brigitte Demeyer-Lepage.

Il faut bien avouer que s’il existe un réalisateur atypique, David Cronenberg se trouve à la pointe de la pyramide. C’est que l’on ne s’ennuie pas dans ses films souvent alambiqués et parfois incompréhensibles. Nous sommes loin des grosses productions américaines qui font le buzz comme « Top Gun : Maverick » dont le réalisateur de « Existenz » avait refusé le projet : « dans le passé, on me faisait des propositions tout au long de ma carrière. J’aime les machines, j’ai réalisé en 1979 « Fast compagny » dont plus personne ne parle et il y avait beaucoup de machines, de véhicules dans l’ouest américain, et je pense que dans « Top Gun » il doit y avoir des machines extraordinaires. C’est peut-être pour cela que l’on a pensé que cela allait m’intéresser. Mais bon, regarder « Top Gun » pendant 2 heures c’est très bien, mais y travailler pendant 2 ans, cela ne m’intéressait pas. »

Si « Crimes du futur » est une histoire compliquée à raconter, le sens profond de l’œuvre est interpellant car Cronenberg saupoudre son œuvre de messages pertinents dont certains donnent froid dans le dos. L’écologie par exemple avec cet enfant qui mange une poubelle en plastique, David Cronenberg s’en explique : « plus de 80% de la population possède dans son corps des particules plastiques avalées par notre propre nourriture. C’est bien de se battre contre la production de plastique mais il serait plus efficace de nettoyer entièrement les océans pour enlever tout ce plastique et donc de diminuer le pourcentage de particules plastiques dans notre corps. Ou alors, mettons-nous carrément à manger du plastique ! » Ou encore, la vie privée « mon film traite de façon non politique de la question de la propriété de notre corps. Ce film n’est pas trop politique mais de mon point de vue, ce film est une expression de culture, du contexte, de l’intellect, d’un langage spécifique et dans ce sens-là, c’est un film politique. »

David Cronenberg & Viggo Mortensen – (c) Brigitte Demeyer-Lepage

Kirsten Stewart – (c) Brigitte Demeyer-Lepage

Au générique de « Crimes du futur » on retrouve Viggo Mortensen dont c’est la quatrième collaboration avec David Cronenberg (« A dangerous Method » ; « Les promesses de l’ombre » ; « A History of Violence » et « Les crimes du futur ».) « C’est la quatrième fois que je travaille avec David, on se connaît bien maintenant. On peut même dire que nous sommes amis » confie l’acteur américano-danois. En revanche, c’est la première collaboration avec Léa Seydoux et Kirsten Stewart. Pour Léa Seydoux, ce qui l’intéresse chez David Cronenberg, c’est qu’il s’agit d’un réalisateur « qui a créé son propre langage, créant son propre style. C’est cela qui m’a donné envie de travailler avec lui, c’est de rentrer dans son univers. » Quant à Kirsten Stewart, elle s’étonne d’entendre les gens dirent que les films de Cronenberg sont difficiles à voir « Je ne me suis jamais sentie repoussée par ses films. J’ai l’impression que ses films nous traversent et nous donnent une forme de désir viscéral, c’est comme le sexe, c’est quelque chose d’honnête, toujours d’une façon qui vous permet de zoomer sur le monde dans lequel nous vivons. » Et David Cronenberg d’ajouter : « j’estime que lorsque l’on a de bons acteurs, il n’est pas vraiment utile de les diriger. » La question aujourd’hui est de savoir si « Les crimes du futur » se retrouvera ce samedi au Palmarès même si l’œuvre s’adresse plus aux cinéphiles qu’au grand public comme c’est d’ailleurs souvent le cas pour les œuvres de David Cronenberg.