RICHARD GERE « LE CINÉMA EST ÉTRANGE ET SURPRENANT »
Après « Megalopolis » de Francis Ford Coppola, un autre grand du nouvel Hollywood était attendu sur la Croisette. Il s’agit de Richard Gere, protagoniste principal, aux côtés d’Ema Thurman dans « Oh, Canada » de Paul Schrader. Thibaut Demeyer & Brigitte Lepage.
L’époque change, le cinéma aussi. Les monstres sacrés d’hier ne sont plus ceux d’aujourd’hui. Francis Ford Coppola a déçu la Croisette avec « Megalopolis », c’est au tour de Paul Schrader avec « Oh, Canada » adapté du roman de Russel Banks qui déçoit, entraînant dans son sillage Richard Gere ratant dès lors son retour à Cannes quarante-quatre ans après « American Gigolo ».
Richard Gere campe le rôle de Leonard Fife, un documentariste engagé, respecté, basé à Montréal, qui accepte de donner une dernière interview à deux de ses anciens étudiants alors qu’il est en phase terminale. Il se confesse alors sur ce qu’il n’a pas raconté sur sa vie.
Richard Gere pour “Oh, Canada” de Paul Schrader – (c) Thibaut Demeyer
Quel rapport avez-vous avec Paul Schrader ?
Richard GERE. Nous avons fait un film ensemble il y a quarante-cinq ans (« American Gigolo ») et je n’ai pas changé du tout. Je me rappelle que Paul savait exactement ce qu’il voulait. A l’époque, il me faisait regarder des films avec Alain Delon pour que j’apprenne à jouer des personnages aussi complexes. Paul sait quel type de film il veut faire, il est exigeant, il me parlait de Russel Banks, et bien sûr, je me suis renseigné sur la notion d’être malade et de mourir.
Quel a été votre travail de préparation ?
R.G. En fait, on a organisé une lecture du script alors que j’ai horreur de cela car cela ne me donnera pas l’idée du film. Mon fils me regardait aussi pour me rassurer par rapport à la voix et à l’accent utilisé.
Comment avez-vous vécu votre personnage ?
R.G. Je ne pensais pas du tout à moi-même mais à mon père décédé quelques mois avant d’avoir le sujet de Paul. Il allait avoir 101 ans et vivait à la maison avec ma femme et moi. Il divaguait, je me suis rendu compte que la réalité est linéaire même si elle s’adoucit vers la fin. J’observais mon cerveau passer dans un état brumeux avec la notion du temps qui passe.
Quel regard portez-vous sur le temps qui passe ?
R.G. En prenant de l’âge dans le film, je me suis vu quelques années plus tard à ce que je ressemblerais. Paul Schrader voit les choses différemment, il voit son film mais n’est pas dans son film. J’ai commencé à faire du cinéma à l’âge de 26 ans ; lors de festivals, on retrace ma carrière à travers de courts extraits de mes films, cela fait bizarre, ce n’est pas comme au théâtre où nos rôles sont éphémères, le cinéma est étrange et surprenant. C’est à ce moment-là que je vois le temps qui passe et que l’on ne peut pas l’arrêter.
Photos galerie : (c) Thibaut Demeyer
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