Oreste Sacchelli : “Les films vont continuer à se faire”
Oreste Sacchelli, directeur artistique du Festival du Film Italien de Villerupt, nous parle du Festival, des conditions d’accès mais aussi de l’avenir du cinéma et de son nouveau livre sur le réalisateur italien Marco Tullio Giordana qui sortira durant la 44é édition du Festival du Film Italien de Villerupt.
Info-lux : la 43è édition nous a laissé un arrière-goût amer. Tournons la page et concentrons-nous sur la 44è édition au thème qui en dit long…
Oreste Sacchelli : C’est « L’esprit de la fête ». Nous tenons à effacer de nos souvenirs le festival de l’année avorté. Nous repartons donc sur un festival que nous considérons comme normal avec ses compétitions, le nombre de films, les invités. Un festival festif.
Il y a une inconnue à savoir le public qu’il faut rassurer au niveau des mesures sanitaires.
O.S. : Effectivement, nous ne sommes pas complément hors norme sanitaire. Le Pass sanitaire sera obligatoire pour entrer dans les salles, les gestes barrières devront être maintenus, il y aura un contrôle strict dans toutes les salles. Tous nos invités et bénévoles devront être vaccinés aussi. Quant au public, il devra être soit vaccinés, soit présenter un test PCR négatif.
Vu la crise sanitaire, les invités se font plus rares que par le passé. Ce n’est pas gênant ?
O.S. : En fait, il y a un double bénéfice. A Venise cette année, il y a eu un feu d’artifice de films italiens, que notre programme rencontre d’ailleurs, parce que c’était des tournages qui avaient été retardés. On a d’ailleurs senti l’envie de faire, de tourner, de produire. Sur Netflix par exemple, il y a une arrivée massive de films ou séries italiennes parce que tout le monde travaille. Et lorsque l’on me dit : « je ne peux pas venir parce que je tourne », à la limite, je devrais dire « tant mieux, nous aurons un film l’année prochaine ! »
Devons-nous conclure que le cinéma italien se porte bien ?
O.S. : Je crois mais le problème du public dans les salles en Italie reste entier. Beaucoup travaillent pour des plates formes. Mais globalement, il y a une production importante. On l’a vu à Venise où 5 films étaient présentés en compétition, ce qui est du jamais vu, et ce n’était pas par chauvinisme. Les films présentés étaient là de bons droits.
Vous parlez de Netflix et des plates formes. Comment voyez-vous l’avenir du cinéma ?
O.S. : C’est un sujet dont j’ai beaucoup parlé avec Marco Tullio Giordana lorsqu’il m’a annoncé que son dernier film était prévu pour Netflix. Les films vont continuer à se faire ; comme jamais, on continue à consommer des images en mouvement. Mais le problème est surtout celui des salles, comment les salles doivent faire pour devenir des lieux qui ne sont pas simplement un lieu de consommation cinématographique mais quelque chose de plus, et peut être que les festivals apportent ce plus et que les gens se déplacent parce qu’il y a un évènement. Et donc, le problème c’est d’arriver à transformer la simple projection cinématographique en un évènement auquel le public a envie de participer. J’espère en tout cas pouvoir continuer à aller au cinéma surtout dans les salles et pas simplement, même si j’ai un grand écran chez moi et un vidéoprojecteur, voir de belles choses uniquement de cette façon-là.
Votre nouveau livre sera présenté lors de cette édition du festival. Pourriez-vous nous en toucher quelques mots ?
O.S. : Cela a été six ans de ma vie. Ce livre sur Marco Tullio Giordana me trottait dans la tête depuis quelques années, en fait, depuis que j’ai vu son dernier film et où j’avais imaginé comment travaillait Marco Tullio Giordana et comment était l’idée directrice de son cinéma. Je lui ai soumis cette idée en 2016. Il a tout de suite accepté mais je lui ai dit « attention, lorsque j’écris sur quelqu’un après il ne fait plus rien. C’est notamment le cas pour Roberto Benigni ». Il me dit alors « c’est moi qui vais rompre le signe indien ».
Vous avez repris toute sa filmographie ?
O.S. : Je devais m’arrêter après « Piazza Fontana » mais il a enchaîné sur quatre films qui sont tous sur une thématique différente, une thématique féminine cette fois-ci, tout aussi politique que ces films précédents mais qui changeaient d’orientation. J’ai donc du courir après lui de film en film et avons décidé d’un commun accord d’arrêter cette année parce qu’il n’a pas pour l’instant d’autres projets immédiats.
Comment se présente alors le livre ?
O.S. : Ce livre examine ses quinze films toujours par un début où c’est lui qui présente la naissance du film, une fiche technique, mon résumé, mon analyse et l’interview que j’ai réalisée sur ce film avec lui. Il y a une grande interview du début lorsque Marco Tullio Giordana ne faisait pas encore du cinéma, une grande interview à la fin qui clôt le discours ou qui ouvre vers de nouveaux projets.
Quand sera-t-il alors disponible ?
O.S. : Le livre sortira pendant le festival où il sera présenté. Il s’intitule « Nos meilleures années » et pour moi aussi d’ailleurs, ce furent des années passionnantes parce que nous avons eu un dialogue constant. J’ai d’ailleurs presque eux le blues « post-partum » lorsque j’ai mis le point final au livre.
Oreste Sacchelli dédicacera, durant le Festival, son livre « Nos meilleures années » le samedi 6 novembre 2021 à l’hôtel de Ville de Villerupt.