FESTIVAL DU FILM FRANCOPHONE DE NAMUR 2024
A l’instar de la déclaration de Nicole Gillet lors de la soirée d’ouverture, la sélection 2024 est orientée vers la jeune génération. Après deux jours de projection, nous constatons que celle-ci, au travers de leurs œuvres, exprime leur mal de vivre. Thibaut Demeyer et Brigitte Lepage, à Namur.
Avec « Ollie » d’Antoine Besse, on nous propose un film sur la passion d’un adolescent. Celle du skate board, son refuge face à ses camarades de classe qui le harcèlent. C’est aussi une histoire de rencontre avec un marginal ancien skateur au lourd passé. C’est également une histoire de pardon, de rédemption, de remise en question d’un père obnubilé par son métier d’agriculteur, ne voyant pas les besoins et les rêves de son fils orphelin de mère. C’est une histoire de pugnacité, vouloir réussir quels que soient les sacrifices, d’une amitié et de tolérance face à la différence. « Ollie » est une œuvre forte de sens, de pertinence et de leçon de vie.
Diamant brut d’Agathe Riedinger
Le manque de dialogue, l’envie d’être reconnu, d’être aimé, de devenir quelqu’un sont des thèmes que nous retrouvons dans le film d’Agathe Riedinger « Diamant brut » où l’histoire d’une adolescente obsédée par la beauté, voyant dans la télé-réalité la possibilité d’être aimée, de devenir une star. A contrario, et c’est souvent le cliché que l’on retrouve dans ces drames sociaux, la mère est elle-même une personne en mal de vivre, une femme qui a lâché prise, allant à la facilité, incapable d’éduquer ses enfants, les laissant gérer leur vie comme ils l’entendent, un père absent, des amants peu recommandables, l’alcool et les cigarettes étant leurs seuls amis fidèles. Triste jeunesse vivant dans un monde artificiel renforcé par les « nouveaux métiers » comme influenceuses qui ne durera qu’un certain temps.
Aimer perdre d’Harpo et Lenny Guit
Probablement le plus mauvais film de l’édition 2024, « Aimer perdre » des belges Harpo et Lenny Guit semblait, sur papier, intéressant. Au final, il faut bien avouer qu’il n’y a rien à garder, que ce soit au niveau mise en scène, du jeu des acteurs et du scénario. Un jugement peut-être sévère mais pas plus qu’à l’idée d’écrire un personnage aussi noir que celui d’Armande Pigeon, une adolescente reine de l’entourloupe et immature. La vie n’est simple pour personne mais lorsque la chance te sourit, il faut être capable de la saisir. A défaut, la vie ne peut plus rien pour toi. La société et son mode de fonctionnement ne peut pas toujours être mise en cause. Ici aussi on retrouve le thème d’un manque de communication parentale, de l’argent facile, la débrouillardise et une idée fausse de liberté.
Là d’où l’on vient de Meryam Joobeur
Avec « Là d’où l’on vient » de Meryam Joobeur, on ne parle plus d’adolescents mais bien de jeunes adultes qui vont rejoindre Daesch pour fuir l’autorité stricte d’un père qui n’a qu’une envie, avoir deux fils travailleurs, respectant les vraies valeurs et s’occupant de leurs troupeaux de chèvres et moutons. Un des deux fils y laissera la vie. L’aîné reviendra au village avec un lourd fardeau que le père ne pourra accepter. Pour cela, il lui faudra l’amour que seule une mère est capable de donner. Mais est-ce que le pardon et l’amour d’une mère suffiront à Mehdi pour effacer sa mauvaise conscience ?
Visiblement, le thème des adolescents perdus dans notre société est un sujet inépuisable que l’on retrouve bien souvent en sélection dans la plupart des festivals. A croire qu’il n’y a pas d’autres sujets tout aussi pertinents à proposer.
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