RENCONTRE AVEC ROMAIN DURIS
Le moment phare de ce mardi au Festival du Film Francophone de Namur est attribué à Romain Duris venu défendre l’excellent film de Guillaume Senez « Une part manquante » mais aussi rencontrer le public. Moments choisis. A Namur, Thibaut Demeyer et Brigitte Lepage.
Arrivé discrètement, surprenant même le public venu assister à la rencontre, Romain Duris débute le rendez-vous avec une phrase qui en dit long sur le personnage « plus le Festival est petit, plus il est sympa ». C’est que Romain est « mal à l’aise d’être reconnu » ajoutant « je suis simple, j’ai une vie simple. On vit comme on est ».
Avec plus de cinquante films à son actif, Romain Duris garde malgré tout la tête sur les épaules « Je ne calcule pas. Je suis conscient que j’ai de la chance d’avoir des propositions qui arrivent toujours à des moments précis de ma vie. C’est de la chance, c’est une étoile. Je sais ce qu’elle vaut, la chance, mais en même temps, il faut la provoquer et prendre des risques car à force de faire toujours la même chose, on finit par ne plus intéresser. »
Ce qui intéresse celui qui fût Xavier dans « L’Auberge espagnole » de Cédric Klapisch, c’est avant tout le personnage qu’il va interpréter et donc, la lecture du scénario. Mais parfois, cela peut lui jouer des tours « lorsque Ruben Östlund m’a proposé « The Square » (ndlr : Palme d’or en 2017), j’ai refusé car je n’ai rien compris au film lors de la lecture du scénario. A la vision, c’est autre chose car j’ai aimé son film. Preuve en est que nous ne faisons pas toujours le bon choix. »
UNE PART MANQUANTE
Il était évident que Romain Duris ne pouvait pas ne pas revenir sur le film de Guillaume Senez « Une part manquante » où il incarne un père en souffrance exilé au Japon dans l’espoir de retrouver sa fille enlevée par sa femme lors de leur séparation. C’est qu’il y parle couramment japonais ! « Il faut avoir le temps. Cela m’a pris 4 mois mais cela n’a jamais été une souffrance mais bien du plaisir. Après, c’est tellement fou de s’entendre parler japonais. Cela dit, ce n’est pas la langue qui fait tout, non, c’est ce que vit le personnage, ses émotions» précise le comédien.
Romain Duris et Cédric Klapisch, ce sont 7 films ensemble « Cédric et moi, c’est une amitié chargée. En général, les personnages qu’il me faisait jouer étaient situés entre lui et moi. Lui ayant dix ans de plus que moi. Mais ce qui nous lie, c’est le vécu et donc, une amitié différente. »
SOUVENIRS AVEC JEAN-PAUL BELMONDO
S’il y a un film de Cédric Klapisch moins connu par le public, c’est « Peut-être » en 1999. Un rôle qui lui a permis d’incarner le père de… Jean-Paul Belmondo. Romain se souvient « C’était magique. A un moment, on tournait dans le désert, Paris était enseveli par le sable, je suis dans une machine, suspendu par un câble, et je me dis que c’est complètement dingue, Jean-Paul Belmondo joue mon fils et genre il y a huit ans, je passais le bac ! Mais je n’avais pas envie d’être le petit jeune avide d’anecdotes en lui posant des tas de questions. Peut-être à tort parce que du coup, il ne m’en a pas délivré. J’avais juste envie d’être avec lui. On allait manger ensemble du couscous lorsque nous étions en Tunisie. On vivait des moments ensemble, je pense, vrais, sans verser dans le « raconte-moi qui tu es ».
Aujourd’hui, Romain Duris a cinquante ans. Une année bien souvent charnière dans la vie d’un acteur. Toutefois, une exception semble le toucher « avec mes amis comédiens, je suis conscient d’être une exception. Mais je ne suis pas non plus en train de me la raconter en disant que je suis plus talentueux qu’eux. J’ai probablement de la chance, mais en tout cas, je ne ressens pas ce cap » dit-il sincèrement.
Avant la sortie de « Une part manquante », Romain Duris est actuellement à l’affiche de « La Nuit se traîne », un premier film signé Michel Blanchart où il joue un méchant « au départ, je ne le savais pas. Moi, j’accepte sur papier, à la lecture du scénario. Ce que je voulais, c’était le rôle principal. Mais j’ai adoré jouer pour une fois un méchant. Ça change, c’est beaucoup plus direct. » Conclut ce fils d’architecte pour qui, le cinéma ne faisait pas partie de ses priorités dans la vie. Comme quoi, on ne peut pas lutter contre son destin.
0 commentaires