PALMARÈS 2024
Ce vendredi soir, le jury de la compétition officielle de la 39e Edition du Festival du Film Francophone de Namur a décerné le Bayard d’Or au film de Lotfi Achour « Les enfants rouges ». Retour sur un palmarès équilibré. A Namur, Thibaut Demeyer et Brigitte Lepage.
Douze films étaient en lice pour le Bayard d’Or. C’est donc le film « Les enfants rouges » de Lotfi Achour qui ressort vainqueur de la compétition avec le Bayard d’Or mais aussi le Bayard de la meilleure photographie. Un prix obtenu à l’unanimité du jury présidé par le réalisateur suisse Frédéric Baillif. Ce dernier a expliqué la motivation du jury pour le choix de ce film en ces termes « pour nous, ce film, c’est d’abord sensibilité et justesse, puissance du récit. C’est un film coup de poing, coup de foudre. Un jury conquit dès les premiers instants de l’écriture au jeu subtil et profond des acteurs et actrices en passant par une photographie extraordinaire. Ce film a mis d’accord un jury unanime face à une œuvre plus qu’aboutie. Le réalisateur délivre une œuvre engagée et cinématographique unique. Nous souhaitons au réalisateur et à toute son équipe une belle carrière qui est bien méritée. »
« Les enfants rouges » racontant l’histoire vraie de deux jeunes bergers vivant dans une région extrêmement pauvre du Nord-Ouest tunisien qui se sont fait attaquer par des terroristes. Ceux-ci n’ayant pas hésité à décapiter un des deux jeunes bergers, obligeant celui qui a été épargné de rapporter la tête de la victime à la famille en guise de message macabre.
La sélection officielle était riche en qualité cinématographique délivrant bien souvent des messages pertinents et interpellant sur notre société actuelle et le malaise qui règne dans le monde. Dès lors, le choix du jury n’a pas été simple et pourtant, il a réussi à sortir un palmarès équilibré et juste. C’est ainsi que l’on retrouve « Leurs enfants après eux » de Ludovic et Zoran Boukherma, Bayard Spécial du jury. Michel Hazanavicius s’est vu récompenser par le prestigieux Bayard du meilleur scénario pour son film d’animation « La plus précieuse des marchandises ». Film qui était rentré bredouille du dernier Festival de Cannes.
Alors que le film n’avait pas fait l’unanimité au sein de la critique, c’est l’actrice principale Maria Cavalier-Bazan qui décroche le Bayard de la meilleure interprétation pour son rôle dans « Aimer perdre » d’Harpo et Lenny Guit. Quant à « Didy », le documentaire signé François-Xavier Destors et Gaël Kamilindi, il obtient le prix Agnès en hommage à Agnès Varda.
Autre jury – autres prix
Vendredi soir, c’était aussi la remise des prix de la compétition 1er œuvre où 8 longs métrages se retrouvaient en lice pour le Bayard de la meilleure première œuvre. C’est le drame tunisien de Meryam Joobeur « Là d’où l’on vient » qui remporte le Bayard de la meilleure première œuvre. Ce film racontant l’histoire d’Aïcha, une mère tunisienne douée de rêves prophétiques et qui verra sa vie complètement bouleversée après le départ de leurs fils aînés à l’étreinte violente de la guerre. Ce film, aux multiples thèmes et à la mise en scène exigeante, est bouleversant. On ne peut pas rester indifférent même s’il s’agit d’une fiction.
Vu la qualité des œuvres présentées dans cette catégorie, le jury n’a pas pu éviter d’attribuer une mention spéciale au film français de Céline Sallette « Niki » avec dans le rôle de l’artiste Niki de Saint Phalle, Charlotte Le Bon venue en coup de vent à Namur. Autre film fort, dont nous avons parlé durant cette semaine au travers de l’interview du réalisateur Lawrence Valin, c’est « Little Jaffna » qui obtient le prix découverte. Nous aurions aimé voir le film obtenir le Bayard de la meilleure première œuvre mais le prix de la découverte est tout aussi prestigieux !
Notons que le film d’Agathe Riedinger « Diamant brut » décroche le prix d’interprétation au travers de l’actrice Malou KHEBIZI ainsi que le prix de la critique. Le film d’ouverture « En Fanfare » d’Emmanuel Courcol décroche également deux prix à savoir celui du public et le prix BeTV. Quant à la RTBF, fort justement, elle octroie son prix à l’excellent « Le quatrième mur » de David Oelhoffen dont nous avons également parlé dans nos pages durant le Festival.
Si cette 39è édition a cruellement manqué de grandes stars, si ce n’est la présence de Romain Duris, Michel Hazanavicius et Louis Garrel, il n’en a pas pour autant été moins intéressant car cette édition 2024 nous a permis de découvrir de grands talents, mais plus confidentiels, et mis en lumière des talents à en devenir. C’est aussi cela le rôle d’un grand festival, c’est de nous permettre de rencontrer des acteurs/actrices/réalisatrices moins connus du grand public mais tout aussi talentueux au travers de leurs films qui nous ont fait rêver, réfléchir ou vibrer. En tout cas, ils ne nous ont pas laissé indifférents et c’est le plus important.
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