LE LIVRE QUI MANQUAIT SUR LE CINEMA
Avec « Anatomie du cinéma », Frédéric Sojcher s’est emparé d’un bistouri pour faire l’autopsie du 7e Art. Son rapport est publié dans un livre au titre rappelant la Palme d’or 2023 « Anatomie d’une chute » de Justine Triet. Thibaut Demeyer.

Après le palpitant roman « Fac Off », le belge Frédéric Sojcher, cinéaste, auteur et professeur de scénario, réalisation et production à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, nous présente son nouveau livre où il explique tout ce que nous avons toujours voulu savoir sur le cinéma sans jamais avoir osé le demander. Dès les premières pages, on comprend que son « Anatomie du cinéma » est un ouvrage indispensable tant pour les néophytes que pour les passionnés de cinéma. Sans se positionner en « sachant » comme il n’aime pas se nommer, Frédéric Sojcher nous invite à la réflexion, au débat, à l’échange, à la pertinence, n’hésitant pas à faire référence à d’autres ouvrages sur le cinéma, ce qui apporte un enrichissement supplémentaire au livre.
Présenté en trois parties distinctes, « Anatomie du cinéma » commence par le début, la naissance du 7e Art et sa question qui fait débat. Qui a inventé le cinéma ? Thomas Edison ou les frères Lumière ? La réponse n’est qu’une question de point de vue, les frères Lumière étant les premiers à projeter des images animées pour le public. A contrario, le kinétographe d’Edison ne permettait qu’une vision individuelle mais est reconnu comme étant la première caméra argentique du cinéma. Toujours dans cette première partie, l’auteur retrace l’histoire du 7è Art mais aussi son industrialisation, l’émergence du cinéma américain et sa réussite économique, les accords de 1946 entre James F. Byrnes et Léon Blum, le fonctionnement et l’importance du CNC et bien d’autres points que nous vous invitons à découvrir.
La fabrique du film – deuxième partie
Toujours aussi pointu et passionnant dans ses ouvrages, Frédéric Sojcher nous invite, dans cette seconde partie, plus à la réflexion, argumentant ou contre-argumentant certains aspects qui interviennent dans la fabrique du film, à commencer par le scénario. Y-a-t-il un mode d’emploi pour écrire un bon scénario ? La question est posée.
La relation entre cinéastes et producteurs, acteurs, techniciens, monteurs et autres intervenant sur un tournage alimente de manière précise, avec de nombreuses références, cette seconde partie qui se voit compléter par le rôle important des critiques mais aussi des festivals. C’est que « Anatomie du cinéma » n’est pas seulement un livre complet, c’est aussi un livre de références car l’auteur brasse très large, n’oubliant rien, même pas les plates-formes et leurs algorithmes.
Traité de survie – troisième partie
Homme discret et pudique, Frédéric Sojcher dévoile malgré tout dans cette troisième partie quelques anecdotes marrantes et parfois moins concernant son enfance et son adolescence, mais avec toujours le cinéma en filigrane. Cette partie peut, de prime à bord, paraitre inutile, voire déplacée. Il n’en est rien, au contraire, elle nous permet de mieux comprendre à quel point Frédéric Sojcher est habité par le 7e art qui semble couler dans ses veines.
Homme qui a son franc-parler, Frédéric Sojcher revient sur le dysfonctionnement du cinéma belge et sa quasi impossibilité à monter un film sans l’approbation de la Commission du Film. Son analyse est pertinente, prenant aussi fait et cause pour d’autres cinéastes qui se voient systématiquement recaler par cette Commission. Notons au passage que le refus de la Commission du film à accordé une subvention pour « Le Cours de la Vie » n’est ni plus, ni moins une aberration de la part de la Commission. Il suffit de voir le résultat de ce drame au box-office français et son succès critique ! A l’issue de la lecture du livre, les néophytes verront les films différemment et les passionnés verront leur passion renforcée. En d’autres termes, on a tous à y gagner à lire « Anatomie du cinéma ».
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