La Grosse Biesse revient de la forêt enchantée.
Sous une belle journée chaude et ensoleillée, la Grosse Biesse dort dans sa grotte et rêve au carnaval. Mais, tout à coup, un bruit inhabituel la sort de sa torpeur.
Intriguée et un peu apeurée, elle recule et cherche refuge au fond de sa tanière afin de pouvoir observer ce qui se passe : quatre hommes se balancent au bout d’une corde et descendent pile au milieu de son nid où dorment ses dragonneaux ! Elle continue à les observer mais elle voit qu’ils déposent délicatement deux oeufs dorés, brillant de mille feux, au milieu du nid. Peu après, ils finissent par remonter à la surface comme des araignées au bout de leur toile.
Mais pourquoi donc ont-ils déposé ces oeufs dorés aux côtés de ses petits ? Serait-ce une idée de Merlin, ce faiseur d’enchantements ? À peine le temps de s’en approcher que les quatre alpinistes sont de retour pour reprendre les oeufs qu’ils venaient de déposer. Aussitôt, la Grosse Biesse se précipite sur ses Biessons et étend ses ailes pour les protéger d’éventuels sortilèges qui pourraient en découler. Ouf, il s’en est fallu de peu !
Tout là-haut, elle entend subitement des cris, des applaudissements, des chants dans le style « Adri adra et houptata gugusse » et des verres qui s’entrechoquent !
« Une fête a commencé et, tout cela, à l’entrée de mon antre. Foi de Grosse Biesse, je veux savoir ce qu’il se passe dans mon joli bois ! Et pour se faire, je dois sortir et survoler ce beau Fond des Vaulx » s’écrie la dragonne.
Aussitôt dit aussitôt fait, elle déploie ses grandes ailes et survole les bois des alentours. Arrivée au coin de la cabane des spéléos, ce qu’elle aperçoit, la laisse sans voix :
les Argouanes, d’énormes champignons colorés et animés, jonchent le sol. Autour d’eux, les arbres qui ont été ensorcelés par les Macrâles déchaînées marchent et dansent.
Un peu plus loin, chevauchés par les Amis de Théo, de majestueux cerfs, à la croix illuminée au milieu de leur corps, galopent et brament de tout leur souffle. Une licorne entourée de splendides danseuses appelées les Aphrodites s’approchent de Filou, le chien de no’s petite.
Très haut dans le ciel, on peut y apercevoir, une dizaine d’oiseaux de la race des Zibis, splendidement colorés. À leur côté, des elfes et des fées, ressemblant étrangement aux Gôzaux, tourbillonnent sur d’énormes papillons, dits Spinets du Gerny. Ceux-ci lancent des paillettes dorées provenant d’oeufs magiques sur une tribu d’hommes en kilt appelés les Pémanes.
Une quarantaine de Baloûches poussent leurs boules fluorescentes en zûnant et une vache, déguisée en fleur, rumine tout en les regardant.
« Quel spectacle ! » s’émerveille la Grosse Biesse.
Son attention est subitement attirée sur une jolie petite maison construite en pain d’épices. Elle atterrit devant la petite Porte basse qui en fait son entrée et se demande qui peut bien habiter là ? Elle y jette un oeil et y découvre un petit peuple de Sin nom di djû et une joyeuse bande de Turlupins dansant, rigolant et chantonnant de bon coeur !
« C’est Todi Pî vici ! Di vrais clowns en scène ! »
aurait dit sa grand-mère qui parlait bien le wallon !
Sidérée, notre Grosse Biesse ne comprend plus rien ! Elle réfléchit et réfléchit encore!
« C’est sûr ! s’exclame-t-elle, ce sont ces garnements du Comité qui ont jeté un sort au Fond des Vaulx. Il faut absolument le conjurer mais…comment et qui peut les contrer ? Certainement pas les Nutons qui déambulent au milieu de toute cette féerie, encore moins les araignées d’Hayelloween qui sautent et dansent avec les Fous du samedi matin. »
C’est alors qu’elle aperçoit, au milieu d’une clairière, une immense table ronde comme celle des chevaliers ! Des hommes tout de blanc vêtus que l’on pourrait confondre avec des druides !
« Quels drôles de gugusses quand même ! » pense la Grosse Biesse!
Et ils ne sont pas seuls : quelques petits diables entourés de guerriers échevelés, autre tribu appelée Diaoul Dia, des nobles seigneurs de la Haute Cour, des hommes avec des plumes sur la tête et une orange en main comme tous Bons Vivants qui se respectent et des musiciens qui jouent tout en Harmonie achèvent le tableau.
D’un coup, une clameur irréelle arrive aux oreilles de notre dragonne ! Tous scandent :
« Grosse Biesse où es-tu ? Grosse Biesse que fais-tu?
Viens vite à notre table, tu vas y être fêtée comme jamais. »
La Grosse Biesse, très étonnée mais méfiante, s’avance en compagnie de ses petits vers ce banquet pantagruélique qui les attend.
Au centre de la table, on y aperçoit un énorme gâteau surmonté de soixante bougies ! Alors là, la Grosse Biesse réalise qu’elle a 60 ans, tout comme le carnaval, et que tous les enchantements qu’elle a vus n’étaient que des cadeaux offerts par tous les groupes carnavaleux de Marche afin de l’honorer et, surtout, la remercier pour toutes ces belles années passées en sa compagnie durant les défilés !
Mais il est déjà temps pour elle de retourner se reposer au fond de sa grotte, jusqu’au jour du carnaval 2020, et de rêver à ce nouveau groupe qu’on lui a promis et qui porterait de si Bé Tchapès…
À suivre…
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