La poste, en province de Luxembourg, remonte à une période où l’Écriture n’existait pas encore, avec des messagers qui marchaient, puis à une époque où elle fut inventée, avec des chevaucheurs romains et carolingiens qui changeaient de chevaux à certaines étapes.
Comme chacun sait, depuis des temps immémoriaux, le territoire que nous appelons la province de Luxembourg a toujours été au croisement de plusieurs entités géographiques majeures et lointaines.
Néanmoins, les coursiers que s’échangeaient les rois de France avec les Empereurs du Saint Empire Romain Germanique, auxquels la province appartenait selon les périodes, se perdaient souvent sur les chemins, faut de connaître les territoires traversés.
À force de chevaucher toute la journée, comme cela arrive encore aux frontaliers, aux camionneurs ou aux conducteurs d’autocars, les gars se perdaient sur les routes, ou dans les bois, ou se retrouvaient avec une panne de cheval sans pouvoir comprendre ce que les gens du cru leur expliquaient.
Cela provoquait de nombreux retards dans les échanges épistolaires, voire la perte de courriers extrêmement importants ce qui, comme chacun sait, n’arrive plus du tout de nos jours tant la Poste belge moderne nous offre un service de qualité…
C’est au XIIIème siècle qu’un Italien de Bergame, Omedeo Tasso, proposa à l’Empereur germanique un système de courriers avec des relais qu’il disait plus efficace que le système royal.
En Italien, “Tasso” signifie le “blaireau” et “Tassi” signifie “l’if”, comme le bois. Ses ancêtres venaient d’un patelin lombard appelé “La Corneille du Blaireau”, Cornello dei Tasso, et qui se situe tout près de San Pellegrino Terme, qui sera aussi célèbre plus tard pour son eau pétillante.
Le système d’Omedeo Tasso reposait sur l’utilisation de “posta” qui est, en Italien, à la fois la “pausata” (la petite pause) que les coursiers faisaient pour s’échanger la musette qui contenait les lettres, et le lieu se trouvait le “posta” (poste) du relais pour changer de cheval.
L’idée existait déjà sous l’Empire romain, avec le cursus publicus, puisque certains villages de la province de Luxembourg, comme Étalle, tirent leur nom de “stabulum”, qui signifie “l’étable, le relais”, en Latin, et que les chaussées romaines sont encore visibles dans des villages comme Sampont.
Comme son invention fonctionnait très bien, Omedeo Tasso fut anobli par l’Empereur germanique et sa famille continue, encore de nos jours, à développer l’invention familiale.
L’idée d’Omedeo Tasso permit à sa famille de s’enrichir et d’être anoblie sous le nom allemand de von Thurn und Taxis, de la Tour et Taxi (Tassi) en Français.
Les von Thurn und Taxis avaient un palais à Bruxelles, entouré de grandes prairies où paissaient les chevaux de leurs coursiers, que vous connaissez sous le nom du nouveau palais qui y a été bâti : Tour et Taxis.
Le document fourni par l’administration impériale, la Kaiserliche Reichpost, au chevaucheur pour traverser les territoires sans trop de problèmes s’est fortement réduit : d’une grande lettre cachetée, c’est maintenant le timbre, qui porte l’image, le sceau du royaume.
Le cachet est l’héritage des sceau et, des tampons, que les autorités régionales ou étrangères y apposaient pour attester du passage du coursier, et montrer que les taxes de passage avaient bien été réglées.
La corne de vache, qui fut longtemps le symbole de la Poste, était portée par les chevaucheurs qui en sonnaient en arrivant près de la posta suivante, afin de prévenir le relais qu’il se prépare.
Ces trajets réalisés par des habitants des régions traversées, sur leurs propres chevaux, restaient suffisamment courts pour que les coursiers puissent revenir dormir chez eux en étant bien payés.
Ces hommes, qui courraient la poste, comme on disait alors, étaient appelés des “postillons”. Nombreux furent les hommes qui exercèrent cette profession entre le XIIIème et le XIXème siècle en province de Luxembourg, jusqu’à ce que le train et les voitures les surpassent en vitesse au début du XXème siècle.
Au départ simples guides destinés à guider les chevaucheurs sur une vingtaine de kilomètres avec les chevaux du relais entre deux postes, ils étaient chargés de ramener les chevaux utilisés à leurs point de départ après leur échange. Au final, les Tassi se sont dit que cela irait plus vite de leur donner la lettre tout de suite.
Afin d’augmenter l’efficacité, de réduire les coûts et de minimiser les délais, les Tassi décidèrent de se passer d’intermédiaires.
Si les Belges en faisaient autant avec leurs 50 gouvernements, la gare de Mons et son métro seraient finis, les transports publics seraient gratuits, et les routes seraient enfin refaites à neuf…
Si ça marche au Grand-Duché du Luxembourg, pourquoi pas ici ?
C’est de là que vient l’expression “les bottes de sept lieues” : la lieue est une ancienne mesure de distance et de durée : c’est la progression d’un cheval au pas pendant une heure, soit environ 4 km. Ces bottes étaient réalisées avec une armature de métal sous une enveloppe de gros cuir bien vernis, épais et fourré.
Cela permettait de protéger les pieds du postillon de la pluie, de lui éviter une fracture de la jambe en cas de chute sous le cheval et d’avoir froid en hiver.
Le cheval du coursier partait au trot enlevé et alternait avec des phases de galop et de trot sur 16 – 30 km environ, avant d’arriver au relais suivant, un peu comme les frontaliers entre Sterpenich et le rond point de Weyler matin et soir 🙂
Notre province de Luxembourg fut au centre des échanges organisés par les Tassi entre l’empire germanique, le royaume de France, la péninsule ibérique et les états de la Baltique.
Les boîtes aux lettres de la province de Luxembourg et de certaines villes en Belgique portent encore, pour certaines, les armes de la Reichpost impériale créée par les Tassi.
Plusieurs noms de famille de la province de Luxembourg descendent de l’activité de ces postes, comme Anciaux, hérité de “ancel”, le serviteur, ou Marchal, de “maréchal”, l’homme qui loge les chevaux.
Lefebvre et Laforge géraient la forge et les fers à cheval, tandis que C(h)arlier construisait les voitures de la poste que Charron réparait.
Cornet sonnait du cor lorsqu’il arrivait en ville pour annoncer sa venue à son relais, et Tasi/jaux sait que son nom dérive de “Tassi”, le patronyme des Ministres des Postes impériales pendant quatre cent ans.
Rei/uter savent que leur nom rappelle leur fonction de cavalier, tandis que Bodson et Bodart savent que leurs noms signifiaient “messager” en vieil Allemand.
L’inventivité et le travail des Tassi leur ont ouvert les portes des plus importantes cours d’Europe, et c’est sûrement ce pourquoi ils ont choisi de porter un blaireau sur leurs armoiries, mais que personne n’en rit.
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