Et de 5 pour Frédéric Sojcher !
C’est à Paris, au café français dans le Xè arrondissement, que nous avions rendez-vous avec Frédéric Sojcher, auteur, réalisateur, professeur universitaire, passionné par le cinéma jusqu’au bout des ongles. Bientôt sortira « Le cours de la vie », son 5è long métrage, avec Agnès Jaoui, Géraldine Nakache et Jonathan Zaccaï. Thibaut Demeyer.
Frédéric Sojcher fait partie de ces personnages qui entrent par la fenêtre si on leur interdit la porte. Et si la fenêtre est inaccessible, qu’à cela ne tienne, il passera par la cheminée. La vie de Frédéric Sojcher c’est un peu cela. Beaucoup de refus mais beaucoup d’excellents projets aboutis grâce à son obstination.
A 18 ans, il se met en tête de réaliser un court-métrage avec Serge Gainsbourg en tête d’affiche mais aussi Michaël Londsale, Bernard Lavilliers pour ne citer qu’eux. Approcher Gainsbourg s’avère être une véritable sinécure. Mais visiblement pas pour Frédéric Sojcher qui, ayant détourné la filière classique pour entrer en contact avec la star, parvient à ses fins. Séduit par le scénario et certainement par la jeunesse du réalisateur en herbe, l’homme à la tête de chou accepte le rôle dans « Fumeurs de charme ».
Celui qui, tout jeune, a entretenu une relation épistolaire avec François Truffaut, se lance à 33 ans dans un premier long métrage. Une première expérience qui se révèlera être un vrai cauchemar qu’il racontera dans son livre « Main basse sur le film » (préface de Bertrand Tavernier) qu’il faut lire absolument.
Frédéric Sojcher, ce sont des refus à tour de bras, par la Commission de sélection des films en Belgique et ce, sans motif vraiment valable. Ce professeur de cinéma, scénario et de production à la Sorbonne Paris 1 (excusez du peu), n’a pas la langue dans sa poche et n’hésite pas à dénoncer les travers de ce système où les films sont financés avec un mélange d’argent public et privé au travers d’un autre livre à lire absolument « Je veux faire du cinéma ». Pourtant, en 2004,il montrales marchesdu Festival de Cannes pour présenter, hors compétition en séance de minuit, « Cinéastes à tout prix » salué par la critique. Quelques années plus tard, « HH, Hitler à Hollywood » avec Micheline Presle et Maria De Medeiros, obtiendra le prix international de la critique au prestigieux Festival de Karlo Vivary en République tchèque en 2010. Ce « HH, Hitler à Hollywood », au-delà de cette histoire où la fiction rejoint le document ou inversement, est non seulement une perle cinématographique mais également un des premiers longs métrages tournés avec un appareil photo, ce qui a permis au réalisateur d’obtenir des images aux effets particuliers.
Fils de l’écrivain et philosophe belge Jacques Sojcher, il le mettra en scène face à sa petite fille dans « Je veux être actrice » ou l’histoire de la fille de Frédéric Sojcher qui s’interroge sur le métier d’actrice et souhaite rencontrer des gens du métier. Dès lors, avec au générique Jacques, Frédéric et Nastasjia, « Je veux être actrice » devient aussi une histoire de famille même si des personnalités aussi prestigieuses que Jacques Weber, Michael Lonsdale, François Morel ou Patrick Chesnais viennent compléter le casting.
Toujours la bête noire de la Commission de sélections des films en Belgique, Frédéric se voit à nouveau refuser à plusieurs reprises l’aide à la production de son nouveau long métrage. L’argent, il le trouvera en France. C’est connu, nul n’est prophète en son pays, et son projet deviendra bel et bien son 5è film. Il sortira sur les écrans français le 3 mai 2023 (sauf s’il y a une sélection cannoise, c’est tout le mal qu’on lui souhaite) et s’intitulera « Le cours de la vie ». Au générique, on retrouve Agnès Jaoui, Jonathan Zaccaï et Géraldine Nakache. Il s’agit d’une comédie dramatique racontant l’histoire de Noémie, scénariste expérimentée, qui retrouve Vincent, son premier amour de jeunesse dans l’école de cinéma dont il est désormais directeur. A travers une master class hors norme où l’intime côtoie l’universel et la réalité flirte avec la fiction, Noémie va apprendre à Vincent et ses élèves que l’art d’écrire un scénario, c’est l’art de vivre passionnément.
Si le réalisateur reste encore très discret sur le film, il a tout de même émis un commentaire en ces termes « si le film est réussi, vous devriez pleurer à la fin ». Voilà qui apporte encore plus de mystère au film dont la musique est signée Vladimir Cosma, une autre pointure qui avait déjà collaboré avec Frédéric Sojcher au début de sa carrière. Comme quoi, dans la vie, quand on veut, on peut !