En plein cœur de Namur, Raphaelle Trempu et Mathilde Fondaire se sont lancées dans un magnifique projet afin d’aider les femmes atteintes d’un cancer du sein. Leur boutique de lingerie inclusive est née d’un projet scolaire pour aujourd’hui devenir réalité. Un parcours atypique et inspirant. Raphaëlle nous a dévoilé dans cette interview exclusive un peu plus de détails sur ce projet de lingerie inclusive.

NAMUR > INTERVIEW > LINGERIE LA GRENADE
Raphaëlle, vous êtes toujours étudiante. Comment avez-vous eu l’idée de lancer ce projet à seulement 23 ans et pourquoi avoir choisi de créer une lingerie accessible aux femmes atteintes de cancer du sein ?

Dans le cadre de notre cours de « projet entrepreneuriale », nous devions monter une entreprise fictive. C’est tout naturellement que nous nous sommes tournées vers la lingerie féminine inclusive car c’est un sujet qui nous tenait beaucoup à cœur. En effet, nous avons toutes les deux, des proches qui ont souffert de cette maladie et même si elles ont pu s’en sortir, nous avons remarqué qu’elles n’arrivaient pas à trouver des sous-vêtements adaptés.
De plus, nous avons toutes les deux une expérience dans la lingerie. Je travaille au magasin Intimissimi à Namur et ma collègue Mathilde travaille dans une boutique de lingerie à Jambes. Nous avons été confrontés à d’autres femmes atteintes de cancer du sein qui n’arrivaient pas à trouver un soutien-gorge adapté. Face à l’injustice de cette situation, nous étions décidées plus que jamais à lancer notre projet en réalité.
Grâce à la haute école Albert Jacquard, nous avons été mises en relation avec deux organismes : Linkube et Yep. Ces deux organismes permettent à des jeunes étudiants de devenir auto-entrepreneur. Ils proposent plusieurs services : coaching privé, aide au financement, des formations… Après avoir été correctement préparées, notre projet a pu enfin voir le jour.
Quel est votre rôle au sein de l’entreprise ?
Mon rôle est de m’occuper de la communication interne et externe et ma collègue Mathilde gère l’aspect financier. C’est elle qui se charge de la comptabilité de l’entreprise.
En quoi le concept lingerie “la Grenade” est-il différent de la lingerie classique ?
La particularité des soutiens-gorge que nous confectionnons est qu’ils sont adaptables au niveau du tour de taille. En plus de cela, ils conviennent aux personnes ayant une prothèse car on peut la glisser dans la poche du soutien-gorge. Au-delà de l’aspect pratique, nous voulons qu’ils soient aussi féminins que ceux que l’on retrouve dans les boutiques classiques. Nous souhaitons avant tout redonner confiance aux femmes atteintes de ce cancer et qu’elles puissent se sentir féminines dans leurs sous-vêtements.
Votre produit est-il accessible à tous ?
Oui, nos soutiens-gorge ont été pensés pour qu’ils s’adaptent à tous types de poitrine. En effet, ils sont ajustables au niveau du tour de taille et les matières que nous utilisons sont très douces et n’irritent pas la peau.
Comment avez-vous conçu vos prototypes ?
Pour commencer, nous nous sommes affiliées au centre de cancérologie de l’hôpital Sainte-Elisabeth de Namur : l’Essentiel afin de trouver des mannequins volontaires. Plusieurs femmes ont accepté de travailler avec nous pour faire vivre ce projet. En outre, elles nous ont communiqué des informations très précieuses sur leurs attentes concernant la confection des soutiens-gorge. C’est grâce à cela que Mathilde et moi avec l’aide de notre styliste avons pu créer nos premiers prototypes.
Ensuite, nos prototypes confectionnés, c’était au tour des mannequins de les tester et les tests se sont avérés très concluent. Il en était ressorti auprès de nos volontaires qu’ils étaient confortables et qu’elles n’avaient également aucuns soucis à les porter toute une journée. En plus de l’avis de nos mannequins volontaires, nous avons également reçu l’avis d’infirmières travaillant au centre de cancérologie. Elles ont pu nous aiguiller pour le côté médical. De plus, nous avons obtenu plusieurs types de prothèses mammaires pour nos tests grâce à cela, nos soutiens-gorge vont jusqu’à la taille G.
Quelles sont les choses à prendre en compte quand on veut se lancer en tant que jeune entrepreneur ?
Je dirai que les trois choses à prendre en compte avant de se lancer sont : la solidité du projet, le caractère et l’aspect financier. En travaillant avec Linkube, nous avons eu la chance de bénéficier d’une bourse qui nous a permis de nous lancer. L’aspect financier n’a jamais été un souci pour nous cependant nous avons pu rencontrer des échecs au cours de notre projet liés à d’autres aspects. Ce n’était pas grave car grâce à notre force de caractère, on a toujours réussi à se relever.


Avez-vous rencontré des difficultés lors de l’élaboration de votre projet ?
La seule difficulté que l’on a eue consistait dans le fait de trouver une styliste. Nous avons mis plus de 6 mois avant de trouver notre perle rare : Elizabeth Rutot. Elle fait des études de stylisme à Bruxelles et elle prend en plus des cours du soir spécialisés en lingerie. C’est elle qui donne vie à notre projet.
Pour les modèles, comptez-vous en faire des différents à l’avenir ?
Oui c’est dans notre projet. Les matériaux que l’on utilise pour l’instant sont le jersey de bambou et celui de viscose. Nous sommes très pointilleuses quant aux choix de nos matières. Nous voulons sortir une marque basique avec des soutiens-gorge (couleur unie) mais aussi une gamme un peu plus complexe et plus « sexy » avec de la dentelle.
Avez-vous rencontré des difficultés à intégrer le milieu de l’entreprenariat ?
Nous avons rencontré quelques difficultés par rapport à notre âge. Nous sommes allées au salon de la lingerie en juin de l’année dernière pour présenter notre projet et beaucoup d’entre eux ne nous ont pas pris au sérieux. Ils discutaient beaucoup moins avec nous. Heureusement, nous avons pu nous imposer tout en restant polies.
Comment comptez-vous lancer votre affaire ? Quelles sont vos projets pour la suite ?
Pour commencer, nous comptons faire des « réunions tupperware » version lingerie à l’Essentiel pour que ces femmes puissent essayer les soutiens-gorge. Ensuite, elles pourront acheter le modèle qui leur plait sur notre site web.
Plus tard, nous espérons pouvoir ouvrir des boutiques physiques. Nous ne voulons surtout pas vendre nos produits dans des parapharmacies ou des magasins déjà existants car le but est que ces femmes puissent sortir du cadre médical. Nous espérons qu’elles puissent avoir confiance en notre boutique et fassent du shopping comme n’importe qui. Nous voulons également engager des vendeuses qui seront coachées à l’avance pour pouvoir les conseiller au mieux.
Dans quelques temps, nous espérons lancer dans la conception de soutiens-gorge et culottes assortis car le choix des culottes peut être une difficulté pour les femmes ayant subi une reconstruction mammaire. Or, pour pouvoir faire cette opération le chirurgien a besoin de prendre de la graisse au niveau du ventre ou de l’arrière des cuisses. Nous pensons à coudre un modèle montant au niveau du ventre, permettant de le maintenir tout en étant confortable. En outre, on retrouve davantage le côté féminin dans un ensemble soutien-gorge et culotte assorti. Plus tard, nous aimerions lancer une gamme de maillots de bain pour compléter notre offre et pouvoir ravir nos clientes selon leurs besoins.
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