Hier soir, lors de la cérémonie du 75è anniversaire du Festival de Cannes, un vent de fraîcheur a soufflé sur la Croisette. Je ne parle pas de la tempête qui a quelque peu gâché la montée des Marches mais du 4è film signé par l’acteur-réalisateur Louis Garrel et intitulé « L’innocent ». Thibaut Demeyer.
« L’innocent » raconte l’histoire d’Abel qui apprend que sa maman, la soixantaine, va épouser un détenu. Dès le départ, il ne va pas apprécier la situation, se méfiant de Michel. Pourtant, ce dernier va lui ouvrir d’autres perspectives dans la vie.
S’il y a des similitudes entre la vie de Louis Garrel, jouant le rôle d’Abel, on ne peut pas vraiment dire que « L’innocent » est une autobiographie. Le réalisateur s’en explique : « il s’agit plutôt d’une adaptation de mes expériences de la vie. Ma mère a travaillé pendant 20 ans en milieux carcéral. Elle créait des spectacles, réalisait des films, des ateliers avec les détenus. Parfois, certains venaient à la maison. C’est donc un monde que j’ai fréquenté depuis ma jeune enfance ». Ajoutant : « si les personnages sont réussis, ils deviennent forcément autobiographiques. »
Louis Garrel, que l’on retrouve en compétition dans le film de Valéria Bruni-Tedeschi « Les Amandiers », est un homme qui a la tête sur les épaules, sachant très bien ce qu’il fait et ce qu’il veut. Pour « L’innocent », il ne voulait pas rivaliser avec les films américains « on n’a pas les armes, pas le savoir-faire. Alors autant faire quelque chose de bien de chez nous pour que mon film puisse être vu partout » dit-il. Et, une sélection à Cannes, même hors compétition, on ne peut pas rêver mieux comme vitrine sur le monde.
Son film est donc une histoire de braquage mais aussi d’amour. D’amour entre un ex-taulard et une femme à qui la vie n’a pas toujours sourit. Puis une histoire d’amour entre un fils et la meilleure amie de feu son épouse. La force de ce film est déjà l’originalité de l’histoire mais aussi dans sa conception, adoptant une ligne très claire empruntée à la BD. Louis Garrel voulant fuir le naturalisme car trop souvent dans le cinéma, on met l’acteur en retrait. « Les gens vont au cinéma pour voir la performance de l’acteur et en empruntant à la BD, je permets aux acteurs de jouer gros. C’est pour cela que la plupart des gens aiment le cinéma américain car ils sont très branchés acteurs » confie le compagnon de Laetitia Casta.
Au générique, on retrouve enfin Anouk Grinberg que l’on a également vue dans « La Nuit du 12 » de Dominik Moll dans la section « Cannes Première ». Elle incarne la maman amoureuse qui a une affection particulière pour son personnage : « d’habitude, je joue des femmes chagrin, je ne sais pas pourquoi d’ailleurs car je suis quelqu’un de bonne humeur. J’ai aimé mon personnage car il est si vivant, libre, solaire et en plus, fort comme d’ailleurs Noémie Merlant » (ndlr : absente à la conférence de presse) nous confie l’héroïne de « Merci, la vie ! ». Quant à Roschdy Zem, interprétant le mari d’Anouk Grinberg, « avec ce rôle, j’ai cassé ceux que l’on me propose habituellement, c’est ce qui m’a vraiment plu ».
Pour Louis Garrel, il a réalisé, comme il le dit lui-même, « un film modeste » dont le but premier n’était pas de faire une comédie. Pourtant, les spectateurs de la grande salle Louis Lumière ont bien rigolé et surtout réagit positivement hier soir lors de la présentation officielle du film. « En écrivant le film, je n’ai pas vu la dimension de la comédie. Cela m’a échappé, je ne l’ai pas vendu comme cela. La comédie, c’est jouer plus gros la représentation du comportement humain » insiste Louis Garrel.
Quoiqu’il en soit, « L’innocent » que ce soit une comédie-policière, un film policier ou un thriller, est un film jouissif qui fera sans aucun doute le bonheur des spectateurs lors de sa sortie en salles.
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