Accueil » « Mon cube c’est du poulet » !

RENCONTRE AVEC FRANçOIS BERLEAND

C’était l’évènement de cette 37e édition du Festival de Namur : la rencontre publique avec l’acteur français François Berléand à l’affiche de « Last Dance » présenté en compétition. Victime d’un agenda hyper chargé, le lauréat d’un César a fait un aller-retour à Namur pour une conversation de 50 minutes. Morceaux choisis. Thibaut Demeyer.

François Berléand (c) Thibaut Demeyer

C’est que l’air de rien, François Berléand impressionne aux travers ses rôles de méchant ou de colérique. Mais ça, c’est du cinéma. Dans la vie, il est plutôt bon vivant, aimant rire, « je ne peux pas m’empêcher de faire des blagues » avoue-t-il. A aucun moment, l’acteur de 70 ans ne se prend au sérieux même si, parfois, on le confond avec feu Michel Serrault « il m’est déjà arrivé que l’on me confonde avec Michel Serrault. J’ai beau dire aux personnes qui me demandent un autographe qu’il est décédé mais rien n’y fait. Alors, je signe Michel Serrault puisqu’on me l’a demandé » dit-il avec humour et humilité.   

Théâtre, cinéma et télévision avec à son actif plus de 200 films de cinéma et de télévision, il admet ne pas avoir de plan de carrière. « C’est la passion qui me guide, j’accepte un rôle parce que je souhaite jouer avec tel acteur ou sous tel réalisateur ou alors pour un rôle que je n’ai pas encore joué. Là par exemple, j’aimerais jouer le Pape ou alors Top Gun mais je pense ne plus avoir l’âge pour cela. » Le plus surprenant, c’est que le personnage de Germain, celui qu’il incarne dans « Last Dance », qui l’a le plus marqué « c’est à la fois le personnage mais aussi la vision du film. Lorsque j’ai vu le film au Festival de Locarno, alors que je déteste me voir au cinéma, ici, je suis rentré dans le film sans me juger car pour une fois, je me suis trouvé dans un film délicat ce qui n’est pas souvent le cas » admet celui qui a partagé l’affiche avec Jason Statham dans la trilogie des « Transporteurs ». « Ça, j’ai accepté pour le fric » dit-il non sans humour.

Si la passion première de François Berléand est le théâtre, cela ne l’a pas empêché auparavant d’exercer un autre métier durant les années 1970 « j’ai commencé dans la publicité mais j’ai arrêté car mes slogans ne plaisaient pas aux clients » n’hésitant pas à nous en donner quelques-uns au passage comme pour celui des machines à laver Bosch « J’ai demandé au maquettiste de peindre en kaki une machine à laver et de mettre dessus en lettres gothique : Attention, les bosch arrivent ! Ils n’ont pas pris. Après, j’avais trouvé pour Rexona « N’attendez pas que le besoin se fasse sentir » ou alors, les bouillons de cube au poulet, j’avais trouvé « et mon cube, c’est du poulet » !

Au-delà de ses anecdotes plutôt marrantes, François Berléand n’hésite pas non plus à nous faire part de certaines confidences comme celle où il a besoin d’avoir le trac avant d’entrer sur scène « je vous avoue que je me vide complétement avant d’entrer en scène. J’ai besoin d’avoir le tract. C’est comme ça. Mais ce n’est pas un trac qui paralyse. » Son partenaire dans la pièce « 88 fois l’infini » en prend  pour son grade « Niels Arestrup n’est pas sympathique. La dernière fois que l’on s’est parlé, je lui ai dit « si tu continues, je te fous mon poing sur la gueule. » En même temps, cela sert le personnage.  En général, on joue avec quelqu’un, lui, il joue contre quelqu’un. C’est flippant. »

L’autodérision fait aussi partie de ses qualités « jouer les crétins, c’est magnifique ! J’ai vraiment besoin d’être le personnage que j’incarne mais une fois le film terminé, c’est terminé. Je l’oublie. Mais c’est aussi déroutant car j’avoue que parfois, je ne sais pas qui je suis, j’ai l’impression de faire semblant tout le temps. Avec mes filles, par exemple, je fais semblant d’être fâché. Franchement, si vous me posez la question de qui je suis, je suis incapable de vous répondre. » Les cinquante minutes prévues sont écoulées. François Berléand est libéré, il signe quelques autographes et s’en va prendre son train pour d’autres aventures, d’autres obligations notamment théâtrales. Mais avant de disparaître, il lance une promesse « Je reviendrai à Namur. »

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