
GARY HEIDNIK : LE TORTIONNAIRE DE NORTH MARSHALL STREET ET SON SOUS-SOL DE L’HORREUR
Les policiers de Philadelphie restent horrifiés quand, en ce début d’année 1987, ils trouvent des sacs de restes humains et plusieurs femmes séquestrées, au 3520 North Marshall Street. Il viennent d’arrêter celui qui inspirera le célèbre Silence des Agneaux.
GENÈSE D’UN GOUROU
Grand brun d’un mètre quatre-vingts, cheveux ondulés soigneusement peignés vers l’arrière, barbe fournie, nez droit, yeux légèrement tombants, le regard d’un bleu transperçant : Gary Heidnik présente bien quand il est embauché à l’hôpital des anciens vétérans de Coatesville. Pourtant l’infirmier est rapidement renvoyé pour ses comportements agressifs et son manque d’assiduité.
Courant août 1962, celui qui a à peine la vingtaine se voit prescrire par un neurologue de la Trifluoperazine, un anti-psychotique. Dans les mois qui suivent, le diagnostic tombe. Trouble de la personnalité schizoïde. Les mots sont forts, les conséquences aussi. Le jeune Heidnik est démis des fonctions qu’il occupe alors et se voit attribuer une pension de 2000 dollars par mois. Il fait de nombreux séjours en hôpital psychiatrique et tentera de mettre fin à ses jours à plusieurs reprises.
Fin 1971, Gary Heidnik fonde sa propre Église, la United Church of the Ministers of God. Sa constitution stipule que le Philadelphien a le contrôle et la responsabilité totale sur les finances de l’Église et qu’il aura le dernier mot quant aux interprétations à faire de la Bible. Les services religieux ont lieu à son domicile. L’évêque autoproclamé cache nombre de ses biens sous le nom de l’Église pour éviter de payer des impôts sur ces derniers et amasse grâce à sa paroisse et à ses nombreux placements et investissements dans des entreprises comme Playboy, pas moins de 500 000 dollars en quelques années.

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ATTRAIT POUR LA DÉFICIENCE
1978. Des rumeurs au sujet d’abus sexuels sur des membres de l’Église, mentalement handicapés, se répandent peu à peu. Celui dont on estimera le quotient intellectuel à 130 signe une autorisation de sortie au sein d’une institution pour personnes atteintes de handicaps mentaux à Penn Township pour Alberta Davidson, la sœur de sa compagne de l’époque. Après l’avoir kidnappée, il la séquestre pendant dix jours.
La victime, une fois retrouvée, est emmenée à l’hôpital. On y apprend qu’elle a été torturée, violée et est maintenant atteinte d’une gonorrhée. Heidnik est arrêté sur le champ et reconnu coupable d’enlèvement, viol, séquestration et rapport sexuels déviants. Il écope de sept ans d’emprisonnement mais sa peine est revue à la baisse en appel. Gary ne fait finalement que trois ans dans une institution pour patients atteints de troubles mentaux. Il passe deux années muré dans le silence, expliquant après coup que Satan aurait coincé un cookie dans sa gorge, l’empêchant ainsi de communiquer. Il est remis en liberté courant avril 1983.

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MARI VIOLENT, PÈRE DÉCHU
Malgré ses problèmes d’ordre psychiatrique, le quarantenaire est plutôt intégré dans la société et a du succès auprès des femmes. En 1985, il fait venir des Philippines sa petite amie, Betty Disto, 22 ans, avec qui il correspond depuis maintenant deux ans grâce à un service matrimonial. Le couple se marie à Elkton dans le Maryland le 3 octobre 1985.
Leur relation se détériore rapidement. Heidnik l’aurait forcé à le regarder pendant qu’il avait des relations sexuelles avec d’autres femmes. Il est accusé de viol conjugal et d’abus physiques sur son épouse. Disto finit par quitter son mari courant janvier 1986 mais, en ne se présentant pas à l’audience préliminaire concernant les faits dont elle accuse Heidnik, les charges à son encontre sont abandonnées.
Le divorcé apprend en 1987, lorsque Betty lui demandera une pension alimentaire, qu’elle avait donné naissance à un fils de lui. Un enfant prénommé Jesse John Disto. En réalité Heidnik avait déjà deux enfants, placés en foyer. Il n’aura donc la garde d’aucun de ses trois bambins.
LE DÉBUT DU CAUCHEMAR
26 novembre 1986 au soir. Gary Heidnik se rend dans le centre-ville à la recherche d’une prostituée. Il repère une certaine Josefina Rivera. N’ayant initialement pas prévu d’être dehors cette nuit-là, la jeune femme de vingt-cinq ans avait quitté son domicile pour faire le trottoir suite à une dispute avec son conjoint. « J’aurais aimé ne pas sortir ce soir-là », déclare-t-elle pleine de regrets, au sujet de ce qui allait devenir un tournant dans sa vie.

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En voyant la Rolls Royce d’Heidnik et ses bijoux, elle se sent en confiance et commence à négocier un prix avec son client. Elle finit par monter dans le véhicule. Ils se rendent dans un McDonald’s pour prendre un café avant de regagner le domicile d’Heidnik, dans le ghetto de Philadelphie. Une fois là-bas, Rivera est surprise par l’intérieur de la maison : il n’y a presque aucun meuble, le mur de l’escalier est couvert de pennies et le couloir qui mène à la chambre de billets d’un dollar. Seul un jeu d’arcade réchauffe la pièce à vivre.
Après des relations sexuelles que le client paiera 20 dollars, et quand Rivera est sur le point de se lever pour aller récupérer ses vêtements, Heidnik l’étrangle par derrière. Il la menotte, scelle ses liens avec de la colle et l’emmène, nue, au sous-sol. Là il la fait entrer dans une fosse préalablement creusée dans le sol. Il frappe sa jeune victime à l’aide d’une planche de bois qui lui servait à recouvrir la fosse. Il leste la planche avec des sacs de sable et la laisse seule pendant plus d’une journée dans cette cavité qui ne lui laisse même pas l’espace pour bouger.
Une fois sortie, Rivera tente de s’échapper. Elle tente de se faufiler par l’une des étroites fenêtres du sous-sol. A demi dehors, elle reste coincée. Se démenant pour échapper à son tortionnaire, elle hurle de toutes ses forces et implore de l’aide, en anglais et en espagnol, en espérant qu’un voisin l’entende. Le seul qui vint devant elle était Heidnik lui-même. Il la ramène à l’intérieur, la bat et l’enferme à nouveau dans la fosse, avant de condamner la fenêtre.

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PLUS DE VICTIMES
Rivera ne reste pas seule très longtemps puisque le 3 décembre suivant, après une semaine de séquestration, Heidnik ramène dans son sous-sol Sandra Lindsay. La jeune femme de 25 ans fréquentait l’Institut Elwyn, une structure spécialisée pour les personnes atteintes de déficiences intellectuelles. Heidnik force Lindsay à écrire une lettre à sa mère disant qu’elle avait quitté l’institut et qu’elle l’appellerait plus tard. Il s’arrange pour y faire déposer un tampon de New York pour faire croire à la famille de sa victime qu’elle a quitté la ville. La mère de Lindsay n’y croira pas et ira signaler la disparition de sa fille à la police. Elle donne même l’adresse d’Heidnik, leur faisant part de ses suspicions. La police de Philadelphie privilégiera la thèse de la fugue.
Heidnik agrandit la fosse, pour pouvoir y enfermer davantage de victimes, jusqu’à ce qu’elle atteigne les 4 mètres de profondeur. C’est dans cette optique que le 23 décembre, il kidnappe Lisa Thomas. La jeune travailleuse du sexe de 19 ans n’est pas en service en cette veille de réveillon. Alors qu’elle se rend chez un ami à pied, Heidnik arrête sa Cadillac blanche à côté d’elle. Il lui propose de l’emmener là où elle souhaite se rendre. Elle accepte. Il l’emmène finalement manger un cheeseburger au TGI Friday’s sur City Line Avenue, avant de se rendre chez lui. Ils regardent un film, ont des rapports sexuels puis il l’étrangle et la conduit nue et menottée au sous-sol pour finir par la jeter dans la fosse avec Rivera et Lindsay.

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2 janvier 1987. Il kidnappe une quatrième femme, Deborah Dudley, 23 ans. Récalcitrante, la victime est battue par son bourreau ainsi que par les autres captives. C’est un peu plus de deux semaines plus tard, soit le 18 janvier, qu’il enlève Jacqueline Askins, une jeune prostituée de 18 ans. Heidnik lui proposera 500 dollars en échange de ses services. Le soi-disant ecclésiastique utilise l’excuse d’un
gâteau glacé qu’il devait mettre au frais pour l’attirer à son domicile, malgré les réticences d’Askins, qui finit par accepter. Sur place, le duo joue à un jeu d’arcade avant qu’il ne l’étrangle puis la menotte au sous-sol avec les autres. « Il m’a retiré mes vêtements, ma perruque et toutes mes affaires […] elles étaient toutes attachées, enchaînées », raconte avec douleur la jeune femme. Les victimes d’Heidnik ont toutes le même profil : des femmes, afro-américaines, en situation de vulnérabilité.
« J’ESSAYAIS DE TROUVER QUELQUE CHOSE QUI LES FASSE TAIRE »
Rivera témoignera : « Chaque jour dans cette cave était terrifiant. […] Au bout d’un moment, il a amené plus de filles et tout le monde a suivi la même routine consistant à mettre les chaînes sur leurs chevilles, puis à rester dans le trou dans le sol. Heidnik était imprévisible, nous ne savions tout simplement pas à quoi nous attendre quand il descendait les escaliers ». Les victimes sont très fréquemment enfermées dans la fosse, séparément. Il y en laisse une pendant qu’il permet aux autres de sortir, pour les diviser dans le but de garder le contrôle et d’éviter toute potentielle alliance. Il nomme l’une de ses captives responsable des autres et lui donne l’ordre de surveiller que ses camarades de captivité se tiennent bien. Elles sont encouragées à dénoncer leurs pairs en échange d’un meilleur traitement.

crédit : Philadelphia Daily News, 26 mars 1987
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Heidnik les bat, notamment à l’aide d’un bâton dont le bout est orné de clous. Il les affame, à tel point que l’une d’entre elles déclare, en voyant une pub de nourriture pour chien à la télévision : « Je pourrais manger ça tant j’ai faim ». À partir de ce moment précis, Heidnik les nourrira avec des sandwiches à base de pâtées pour chien. Les victimes sont aussi violées, quotidiennement. Il les récompense pour leur obéissance en leur donnant un cookie.
Les sévices atteignent leur apogée quand le bourreau torture ses victimes en leur plantant un tournevis dans le conduit auditif. Le but ? Les rendre sourdes pour qu’elles ne soient pas en mesure de savoir s’il y a une tierce personne dans la maison et donc tenter d’appeler à l’aide. Askins dira au sujet des tortures : « Il a mis du scotch sur ma bouche et il a enfoncé un tournevis puis l’a tourné », « On pourrait penser qu’avec tous ces cris quelqu’un pourrait entendre mais […] le seul qui entendra pleurer c’est ce mec. Il n’y a personne d’autre ». Gary Heidnik faisait fonctionner des radios et des télés en permanence afin de camoufler les supplications. « C’était un acte conscient de ma part […] comme un divertissement […] Je savais pertinemment que j’étais en train de cacher les preuves », « J’essayais de trouver quelque chose qui les fasse taire […] J’essayais de trouver quelque chose qui les fasse bien se comporter. » détaille le supplicieur en 1991.

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CANNIBALISME FORCÉ : QUAND L’HORREUR N’A PAS DE LIMITES
7 février 1987. Sandra Lindsay décède dans le sous-sol, des suites de la combinaison d’une asphyxie, des tortures subies et d’une fièvre non traitée. Ça faisait deux jours qu’Heidnik la laissait attachée par les poignets à un crochet sur une poutre en la battant. Il décroche donc son corps et l’emmène à l’étage. Là, il démembre sa défunte victime à l’aide d’une scie électrique. Il place des morceaux du corps dans le frigidaire, avec l’inscription « nourriture pour chien ». Il fait cuire une partie du thorax de Linsay dans le four et sa tête dans une casserole.
Un voisin se plaint de l’odeur pestilentielle et demande une explication. « Peut-être que vous n’aimez tout simplement pas ma cuisine » rétorque Gary Heidnik, sarcastiquement. Suite aux plaintes du voisinage concernant les odeurs putrides, un agent de police se rend sur place. Après avoir toqué à la porte pendant un moment, il fait le tour de la propriété. Heidnik lui explique qu’il devait avoir de la viande avariée et qu’il s’était endormi en cuisinant donc que son plat avait brûlé. L’agent quitte les lieux sans poser plus de questions.
Les martyres rapporteront qu’Heidnik était imprégné par cette odeur de mort lorsqu’il descendait au sous-sol pour abuser d’elles sexuellement. « On a commencé à sentir cette horrible, horrible odeur, c’est une odeur que je n’avais jamais sentie dans ma vie entière », témoigne Rivera. « On pouvait sentir cette odeur sur ses cheveux, sur sa peau », complète Askins avec aversion. Heidnik finit par broyer les restes du corps de Sandra Lindsay en les mélangeant à de la pâtée pour chien pour les donner à manger aux autres victimes.

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LA SEULE ÉCHAPPATOIRE
19 mars 1987. Heidnik décide de punir Deborah Dudley. Il lui ordonne de descendre dans la fosse après y avoir mis de l’eau et l’électrocute en posant des câbles coupés sur ses chaînes. Il contraint ensuite Rivera d’écrire et de signer une lettre déclarant qu’elle l’avait aidé à punir et à tuer Dudley. Heidnik la menace en affirmant que cette lettre lui servira à l’impliquer si jamais elle le dénonce. Il la met en garde : s’il venait à se faire arrêter, il plaiderait la folie pour qu’elle tombe pour lui. Il place le corps de Deborah Dudley dans le congélateur avant de s’en débarrasser en allant l’enterrer dans les Pine Barrens du New Jersey.
Rivera, qui a peu à peu réussi à gagner la confiance d’Heidnick, lui propose de l’aider à trouver une nouvelle victime s’il la laisse aller voir rapidement sa famille. Le 23 mars 1987, Heidnik et Rivera Rivera enlèvent donc Agnes Adams, une jeune travailleuse du sexe de 24 ans. Elle est mise en confiance par la présence de Rivera, qu’elle connaissait déjà. Heidnik en est alors à sa sixième victime, en à peine quelques mois.
Le lendemain, en ce mardi 24 mars, il respecte le deal et conduit Rivera à une station-service. Quinze minutes, c’est ce qu’il lui laisse. Elle accepte et sort de la voiture, elle marche calmement d’abord puis une fois hors de son champ de vision, court jusqu’à la cabine téléphonique la plus proche et appelle le 911. Des agents se rendent sur place mais restent dubitatifs quant au récit de Josefina Rivera. Elle finit par leur montrer les blessures à ses chevilles, causées par les chaînes. Heidnik est finalement appréhendé au volant de son véhicule.

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MIXEUR ET CONGÉLATEUR : DES CONSTATATIONS SORDIDES
Quand la police arrive au 3520 North Marshall Street, le van bleu d’Heidnik est garé sur le côté de la maison. Le terrain est jonché de détritus et de vieux pneus. La façade de la bâtisse est recouverte de briques, les fenêtres de barreaux. Sur ceux du rez-de-chaussée, sous l’auvent, on distingue même des croix chrétiennes. Les agents sont incapables d’ouvrir la porte à cause du système de verrouillage complexe mis en place par le suspect. Ils finissent donc par défoncer la porte.
Sur les instructions de Rivera, les policiers dévalent les marches de béton qui mènent au sous-sol. Au milieu des matelas et des tuyaux se trouvent deux femmes enchaînées l’une à l’autre et recroquevillées au-dessous d’une couverture sale. Il s’agit de Jacqueline Askins et de Lisa Thomas. Une troisième, nue, en position fœtale, gît au fond de la fosse. C’est Agnes Adams. Les survivantes sont libérées de leurs entraves et sont extirpées des lieux pour recevoir les soins médicaux qui s’imposent. Une ambulance les attend déjà.
Les agents présents sur place commencent à fouiller les lieux. Dans la cuisine, la porte du four est ouverte. À l’intérieur, un plat avec des os semblables à des côtes humaines calcinées. Dans le réfrigérateur, il y a plusieurs sacs contenant les membres de Sandra Lindsay. Avant-bras, genoux, segments de cuisse, muscles… au total c’est pas moins de onze kilos de restes humains qui seront identifiés. Le robot mixeur révèle également des traces de chair humaine.

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HOMME DE DIEU ET TORTIONNAIRE SADIQUE : QUI EST VRAIMENT HEIDNIK ?
Gary Michael Heidnik naît le 22 novembre 1943 à Eastlake, dans l’Ohio. Premier fils de Michael et Ellen Heidnik, il aura un petit frère prénommé Terry. Alors que Gary est âgé d’à peine deux ans, ses parents divorcent. Le père de famille, qui dénonce l’alcoolisme de son ex-épouse, récupère la garde exclusive de ses fils quand le jeune Gary a quatre ans. Le petit garçon aurait subi des violences de la part de son père, qui exposait au voisinage les draps tachés d’urine de son fils dans le but de l’humilier.
Gary subit une importante chute durant son enfance. Chute qui lui laissera une déformation crânienne. Une caractéristique relativement commune au sein de la population criminelle, précédemment abordée avec le portrait de Glen Rogers, qui a subi plusieurs lésions cérébrales au cours de sa vie. À l’école, Gary Heidnik est un enfant harcelé, moqué, très peu intégré au sein de ses camarades mais son côté solitaire ne l’empêchera par de réussir scolairement parlant.
A l’âge de 14 ans, il s’engage dans la Staunton Military Academy et y reste durant deux ans, avant de rejoindre l’armée de terre à 17 ans. Il y sert pendant à peu près 13 mois, qualifié par son instructeur d’« excellent » élément. Suite à cette expérience, il tentera de rejoindre la police militaire sans succès. Courant 1970, Ellen, sa mère, qui était atteinte d’un cancer des os, se suicide avec du chlorure de mercure.

crédit : AP Photo
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Le procès tant attendu débute en juin 1988. L’accusé soutient pour sa défense que les femmes étaient déjà présentes dans la maison quand il l’a achetée et qu’il n’avait par conséquent aucune responsabilité dans les faits qui lui étaient reprochés. Il nie aussi les maltraitances et affirme que Sandra Lindsay a été tuée par les autres femmes à cause de son homosexualité. Face aux témoignages accablants des victimes, il plaide la folie. Chuck Perruto, son avocat, a même admis avoir voulu manipuler la perception des jurés. « Si vous voulez démontrer que quelqu’un est fou, on doit le voir comme un putain de fou ». Cependant, ses placements financiers avisés et les centaines de milliers de dollars qu’il avait amassés avec son Église l’ont trahi.
Le paradoxe entre son image d’homme de Dieu respecté et l’atrocité de ses crimes ont suscité beaucoup d’interrogations. Les experts ont souligné son sadisme, quand l’accusé lui-même explique ses actes comme étant motivés par l’envie d’avoir des enfants qu’il pourrait garder auprès de lui, qui ne lui seraient pas enlevés comme les autres. Son sentiment de contrôle et de domination s’intensifierait avec le fait de s’entourer de personnes psychiquement vulnérables, voire touchées par des handicaps mentaux. Ce qu’on retrouve au sein de son Église, de ses ex-conquêtes ou encore de ses victimes. Aucun consensus diagnostique n’a pu être établi. La psychopathie est évoquée. Une schizophrénie paranoïde a, cependant, majoritairement été suggérée. Un trouble dont la symptomatologie s’organise principalement autour d’idées délirantes et d’hallucinations auditives.

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CAFÉ, PIZZA ET MISE À MORT
1er juillet 1988. Le verdict tombe, après pas moins de 16 heures de délibération. Heidnick est jugé responsable pénalement de ses actes et est reconnu coupable de dix-huit chefs d’accusation. Deux pour meurtre avec préméditation, cinq de viol, six d’enlèvement, quatre de voies de fait graves et un dernier pour rapports sexuels déviants. Il écope donc d’une condamnation à la peine capitale et est transféré à l’établissement correctionnel d’État de Pittsburgh.
Au cours des mois qui suivent, le condamné tente de mettre fin à ses jours en consommant une surdose de Chlorpromazine, un antipsychotique qui lui était prescrit, mais il tombera simplement dans un coma temporaire. Se présentant comme un martyr, il affirmera jusqu’à la fin que tuer un homme innocent, comme lui, pourrait mettre fin à la peine de mort.
6 juillet 1999. Gary Heidnik a vu sa fille en prison. Il boit deux tasses de café et mange quatre parts de pizza. Il est exécuté à l’âge de 56 ans, par injection létale, à l’établissement correctionnel d’État de Rockview à Bellefonte en Pennsylvanie. Personne ne fera les démarches pour récupérer son corps. « Ils ont planté une aiguille dans son bras. Il ne nous a jamais regardées. Ne nous a jamais reconnues. Jamais dit qu’il était désolé. Il n’a rien dit. Il n’a même pas regardé dans notre direction », rapporte Tracey Lomax, la sœur de Lindsay. Askins rapporte n’avoir ressenti aucune satisfaction. Rivera, quant à elle, choisit de ne pas y assister, expliquant qu’elle aurait trouvé préférable qu’il reste enfermé dans une cellule jusqu’à la fin de ses jours.

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APPRENDRE À VIVRE AVEC
On dispose de peu d’informations concernant Adams aujourd’hui , mais on sait que Rivera, Askins et Thomas vivent avec des déficiences auditives. Jacqueline Askins garde de lourdes séquelles post-traumatiques. Elle déclare prendre un traitement quotidiennement pour soulager son anxiété et ses flash-back et n’est toujours pas, trente ans après, en mesure de descendre dans un sous-sol. Elle présente des épisodes amnésiques et semble avoir développé une seconde identité prénommée Donna. « Elle rampait […] c’était comme si elle était encore au sous-sol. Elle n’était pas ma mère », confie son fils cadet. « La dernière fois que je l’ai vue subir un flash-back, elle ne savait pas qui nous étions […] « Gary Heidnik, je vais te tuer » puis elle a attrapé l’objet de plus proche qui était une cuillère et elle m’a poignardé avec […] si cette cuillère avait été un couteau je ne serais probablement pas ici », livre avec déchirement l’aîné.
Rivera est retombée dans la toxicomanie et la prostitution après le procès. « On ne se remet jamais totalement d’une expérience comme la mienne, il faut juste apprendre à vivre avec », concède la victime interviewée. Sujette à d’importants troubles du sommeil, aux attaques de panique ainsi qu’à des épisodes dépressifs, elle confie : « Mon temps dans la cave m’a changée pour toujours […] j’ai continué d’essayer de revenir à la personne que j’étais avant mais ce n’est simplement pas possible ». Auteure de l’ouvrage Cellar Girl, Rivera a choisi de livrer son témoignage : « C’est une lutte constante […] ce n’est jamais fini […] pendant longtemps j’ai été hantée par Heidnik, par les femmes qui sont mortes à côté de moi […] J’espère pouvoir inspirer d’autres victimes ». Aujourd’hui mariée, vivant à Atlantic City, elle est grand-mère de six petits-enfants.
Le sous-sol de North Marshall Street a été condamné avec du béton et la demeure restaurée et divisée en appartements.

crédit : Google Maps, avril 2012
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Diplômée d’état en psychologie, à la tête de « Portraits Criminels par Swen », journaliste indépendante, responsable communication et rédactrice des avis de recherche pour les cas de disparition recensés par la délégation régionale Grand-Est de l’association Assistance et Recherche de Personnes Disparues, rédactrice pour la rubrique « Réseaux Pédocriminels » de l’association Wanted Pedo, vidéaste et artiste visuelle
Au top comme toujours
Super prenant et intéressant, je trouve qu on est vraiment plongé au sein de l histoire meme si elle est terrible. je ne me lasse pas de lire tes articles. Continue
Un travail d’une immense qualité ! C’est toujours avec un plaisir de lire tes articles Swen, je les attends chaque mois avec une impatience que je ne peux contenir !
Merci beaucoup à toi, ton retour me fait chaud au coeur !
Toujours aussi fluide et captivant ! Mais quelle horrible affaire encore…
Merci pour ton retour !
Excellent article sur une terrible histoire !
Rédaction, explication et chronologie au top, agréable à lire.
Merci Swen..
Ian
Merci beaucoup pour ton retour Ian !