LE PETIT MONDE SAUVAGE DE RENAUD MATGEN
Qui ne connaît pas Renaud Matgen, sculpteur originaire de Waltzing, dont les œuvres sont convoitées depuis 15 ans ? En revanche, qui connaît le petit monde sauvage de Renaud ? Il nous a ouvert la porte de son univers accompagné par un accueil chaleureux au travers de ces mots « ici, les Belges sont toujours les bienvenus et particulièrement les Arlonais ». Thibaut Demeyer.
Aujourd’hui installé depuis quelques années dans le Bassin d’Arcachon, il vit dans un petit monde sauvage en compagnie de sa charmante épouse Amélie et de leurs animaux. Un monde construit par les propres mains du sculpteur « je ne dirai jamais que je suis fier de mes sculptures. En revanche, j’avoue être fier de ce que j’ai construit » nous confie Renaud. Et il peut l’être lorsque l’on voit la photo de sa maison d’origine. « Aujourd’hui, je ne serais plus capable d’abattre tout ce travail » a-t-il avoué.
A l’abri des regards, presqu’au milieu des bois, il a construit ce petit nid douillet où se côtoient chiens, chats, poules, coq, dindons, chèvres et même un rat « il est particulier, il est roux et très malin parce qu’il ne tombe pas dans les pièges que j’ai mis » raconte l’artiste d’un air amusé car c’est évident, lui et Amélie aiment les animaux mais aussi la nature où règne en maître, au milieu d’une végétation luxuriante, un bassin d’eau dans lequel on peut imaginer quelques poissons.
(c) Brigitte Lepage
COMME DANS UN FILM DE CLAUDE SAUTET
Ce soir-là, on a l’impression d’être dans un autre monde ou dans un film de Claude Sautet, avec à la table, le maître de maison, son épouse dévouée envers leurs invités, un journaliste-écrivain-producteur, qui n’est autre que Christian Moguerou, entre autre ancien patron de l’hebdomadaire « VSD », auteur de romans et d’un livre déclinant tout son amour pour le Bassin d’Arcachon où il réside après avoir vécu des années dans la ville lumière, et Loulou avec sa longue barbe blanche « un artiste emblématique du Bassin d’Arcachon » précise Renaud. L’ambiance est conviviale, les conversations tournent autour de l’art en général, on se raconte les choses de la vie, la table est riche en divers amuse-bouches, en ce compris des huîtres chaudes dont le couple garde le secret de la préparation ; la température extérieure n’est plus celle de l’été, les moustiques tournent autour de nous pendant que Renaud fait des volutes avec sa cigarette électronique et leur adorable chien répondant au doux nom d’Hysiope fait discrètement le tour de la table dans l’espoir de récupérer un petit quelque chose qui tomberait par hasard dans sa gueule.
(c) Brigitte Lepage – “Comme dans un film de Claude Sautet”
UNE INCROYABLE ASCENSION
La tête sur les épaules et surtout d’une modestie exemplaire, il faut lui tirer quelque peu les oreilles pour qu’il nous raconte son incroyable ascension « j’étais encore professeur de natation quand j’ai vu mes sculptures se vendre dans les galeries à Luxembourg et lorsque j’ai exposé à Shanghai. Tout est allé très vite. Je suis incapable d’expliquer d’où vient cet engouement pour mes œuvres » ajoutant « lorsque je rentre dans mon atelier, je n’ai aucune idée de ce que je vais faire. Je regarde mes ardoises, je regarde ma scie et tout se fait naturellement. Il est vrai que l’on me demande régulièrement mes visages mais j’aime aussi trouver autre chose à présenter, ce qui n’est pas simple car rien ne dit que cela va plaire au public » souligne l’artiste tout en caressant Batman, le dindon qu’il a apprivoisé depuis sa naissance. Toutefois, il est conscient que tout peut s’arrêter du jour au lendemain « j’assure mes arrières » admet-il.
TRANQUILLITE ET DISCRETION
Si la sculpture est son activité principale cela ne l’empêche pas de gérer en même temps, avec son épouse Amélie, les trois logements saisonniers, qu’il a fabriqué lui-même, vous permettant de passer des vacances au sein même de la nature « plusieurs personnes d’Arlon sont déjà venues passer quelques jours de vacances » avant d’ajouter « retourner à Arlon, c’est pour moi toujours un grand plaisir ».
Loin du strass et des paillettes, mais plutôt proche de la tranquillité et adepte de la discrétion, il nous raconte une anecdote qui lui ressemble tellement : « Après un vernissage à Paris, vu le succès rencontré lors de cette soirée, le galeriste a voulu m’inviter à aller manger à la Tour d’Argent. Mais j’ai refusé car je voulais être présent au grand feu de Waltzing. C’était très important pour moi de retrouver mes potes et de boire des bières avec eux ».
LA LUX FASHION WEEK MAIS CHUUUT !
Renaud Matgen est en pleine préparation d’un projet en lien avec la Lux Fashion Week « mais cela reste encore une surprise » insiste-t-il. Nous garderons alors ce secret afin de permettre aux Arlonais d’avoir ce plaisir de la découvrir. Entre-temps, « quand je ne suis pas dans mon atelier, je vais à la pêche » confie celui qui fût professeur de natation, ajoutant « cela fait 15 ans que je me lève sans réveil et me dit chaque matin que j’ai de la chance de pouvoir vivre cette vie ».
Photo d’accroche : (c) Thibaut Demeyer
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