La pédiatrie intégrative, un espoir inspirant pour nos enfants
La Médecine vit une grande période de changement de paradigme, comme de nombreux domaines de nos sociétés actuelles. Dans la conscience collective, l’importance de la prise en charge globale d’un patient n’est plus à prouver. Certes la médecine évolue de façon scientifique, en étant ultra technicisée, surspécialisée et performante (avec même l’incorporation récente de l’intelligence artificielle dans les processus de soins), cependant les soignants et les institutions reconnaissent l’importance d’un bien-être et d’une santé globale. Dans ce changement, il est reconnu que le patient a « son mot à dire », qu’il est acteur de sa santé et qu’il est important de respecter son intégrité avec humanisme.
C’est la mise en pratique de cette idéologie qui peine à trouver sa place encore actuellement dans notre société.
La pédiatrie, le domaine de la famille et de la parentalité, ne sont pas épargnés. En tant que pédiatre spécialisée depuis plus de 5 ans maintenant en pédiatrie intégrative je peux partager un témoignage de terrain et de clinicienne.
Les patients, que j’aimerais nommer actients (acteurs de leur santé) souhaitent être reconnus et accompagnés de façon globale avec toutes leurs dimensions dans leurs processus de santé. Ils ont besoin de soignants connaisseurs des dernières données scientifiques autant que de praticiens de santé capables de les accueillir dans leur globalité d’être humain en mouvement. Et les changements sont rapides de nos jours. L’accès aux informations est massif et les avis ou les informations peuvent être contradictoires. La médecine a toujours de nouveaux surspécialistes et les offres de soins complémentaires sont extrêmement variées avec même l’accès à des médecines traditionnelles de partout dans le monde.
Pour les parents (dans mon domaine), il existe beaucoup de complexité et un grand sentiment d’être perdus ou dépassés. Les patients (actients) ont besoin d’être accompagnés avec les connaissances et les pratiques scientifiques techniques autant que d’être entendus dans leurs blessures émotionnelles personnelles, leurs difficultés relationnelles ou même leurs enjeux professionnels ou existentiels.
Je témoigne que c’est possible. Avec prudence et humilité, je peux dire aujourd’hui que nous sommes tous capable d’évoluer vers plus de simplicité et d’être capable de se recentrer sur l’essentiel, ou l’ESSENCE CIEL comme j’aime le partager avec poésie aux personnes qui me font confiance.
Le médecin ouvre son esprit, son cœur et sa conscience à ce grand changement tout en continuant d’être pragmatique, de conserver son discernement « Evidence Based » et à se former en médecine conventionnelle. Il sait reconnaitre ses limites, qu’il ne pourra pas tout savoir et tout connaitre. Il sait accueillir l’innovation et l’intelligence artificielle pour continuer d’être rigoureux et d’offrir des soins qualitatifs tout en se formant de façon tout aussi rigoureuse à des pratiques complémentaires souvent basées sur des savoirs ancestraux et de sagesses ( ou tout simplement en connaissant cette possibilité et en sachant adresser à des professionnels compétents). Il sait accompagner la personne en vulnérabilité à se recentrer sur ses ressources tout en étant un accompagnant présent, sécurisant.
On peut dire qu’il y a deux experts : l’expert de lui-même qui est le patient et l’expert du soin ( le médecin ou praticien de santé). C’est uniquement s’ils agissent ensemble qu’ils peuvent avancer vers une évolution favorable de la santé ou un accompagnement optimal de la rude expérience de la maladie.
C’est pareil en pédiatrie, à l’énorme différence que le processus se joue avec les enjeux systémiques (théorie des systèmes) au sein de la cellule familiale. On ne peut pas accompagner un enfant en santé sans l’aide de co-thérapeutes parentaux ou des figures d’attachements responsables. L’expert de l’enfant c’est l’enfant lui-même mais aussi son parent (particulièrement quand l’enfant est jeune).
Aujourd’hui j’offre un accompagnement où l’écoute et la relation de confiance sont au premier plan. L’histoire clinique, l’anamnèse médicale sont rattachées à l’histoire de vie et familiale et surtout j’explique ma prise en charge globale où le corps et les symptômes physiques sont autant pris en compte que les autres dimensions de l’être. J’essaye de trouver des mots simples et je fais un petit schéma où j’explique aux enfants autant qu’aux parents qu’ils ont un « corps physique » mais aussi un « corps d’émotions », « un corps psychique et des pensées », « un corps systémique » (avec les relations à l’école, dans la famille et/ou intergénérationnelles mais aussi un corps en relation avec la nature et l’environnement), « un corps d’énergie » et « un corps relié aux questions d’existence, à une dimension plus spirituelle ».
J’utilise le mot « corps » pour simplifier le côté multidimensionnel et l’importance de la démarche intégrative et globale de soin. Les personnes viennent d’ailleurs me voir le plus souvent pour cela car ils ont été confrontés aux limites de la médecine conventionnelle dans tous types de problèmes (sommeil, alimentation, éducation, refus scolaire anxieux ou problématiques émotionnelles, symptômes physiques, psychiques, etc.).
Parfois c’est grâce à une simple reconnaissance et mise en lumière consciente de cette multi dimensionnalité chez eux que les choses évoluent. Parfois les soins sont très classiques avec de l’allopathie ou orientés vers les possibilités des soins complémentaires conventionnés comme la kinésithérapie, l’orthophonie, la psychologie, l’ostéopathie, la psychomotricité, l’ergothérapie … etc. Parfois, ce sont des propositions où il n’y a pas le côté conventionnel : homéopathie, phytothérapie. Parfois j’accompagne grâce à des techniques ou des pratiques de médecines complémentaires qui ne sont pas enseignées en médecine et pour lesquelles j’ai fait le choix de me former ( hypnose, mindfullness, breathwork et cohérence cardiaque, coaching, pratiques ancestrales, etc.) ou lors de séances de thérapie systémique familiale avec de la psychoéducation. J’explique et j’enseigne souvent voire quasi systématiquement, l’importance de la théorie de l’attachement, les principes d’éducation avec écoute empathique, les principes de la communication non violente par exemple.
C’est cela être intégratif, c’est intégrer dans le soin des pratiques de médecines complémentaires (cf annexe). Et parfois, la priorité de santé et de soins nécessite des séances avec accompagnement des émotions ou des questions sur la vie, sur la mort et les peurs (psychotraumatismes, burn out, réflexions sur l’existence). Il me semble que les soignants de tout temps savent que les problématiques émergent quand la porte de la maladie ou des vulnrabilités est ouverte. Il n’y a rien de nouveau à cela, c’est ce qui fait naître « l’art de soigner » chez l’accompagnant.
C’est très varié, très complet et c’est pourtant très simple et ciblé. Je ne crois pas que seul un médecin soit capable de cerner où la personne a le plus besoin d’aide au moment où elle consulte. C’est une capacité qui est inhérente à tout être humain. C’est ce que je nomme l’intelligence intuitive (en différence avec l’intelligence cognitive). Certes, mon sens clinique a été aiguisé durant mes longues années d’études et de pratiques mais c’est l’ouverture à l’Autre et à ma propre conscience du moi et du Soi qui permet de rendre cela possible.
Il est important que nous médecins, nous sachions reconnaitre l’importance des pratiques et des praticiens des médecines complémentaires. Tout en soutenant des pratiques rigoureuses, sécuritaires et efficaces. Et je souhaite insister sur le fait que tous les médecins ne « doivent » pas devenir des praticiens de médecine complémentaire ou d’être intégratifs au sens de connaitre des techniques. C’est impossible et impensable ; la charge est déjà très lourde.
► Etre intégratif dans le soin c’est plutôt une façon d’ETRE qu’une façon de FAIRE.
Ce qui me semble important c’est que ceux qui le souhaitent puissent s’autoriser à pratiquer de la sorte avec toujours une exigence de qualité centrée sur le besoin du patient (actient). Et que de la même façon des praticiens de différentes pratiques puissent soutenir la médecine conventionnelle en partageant leurs façons de faire et leur savoir-être aux médecins. Pour l’évolution favorable il est important que la collaboration et le respect se fasse dans les deux sens.
Nous avons la chance de vivre ces grands changements, et c’est une envie de meilleur qui peut faire évoluer en concret et en pratique. Certes cela nécessite une mise en action, de l’engagement et même le courage du labeur (dans le sens noble et non sacrificiel) mais c’est possible.
Ce qui importe c’est que le patient (actient) soit respecté et accompagné sur son propre chemin de vie avec ses valeurs, ses possibilités, son environnement. En France, il serait peut-être important de nous sentir portés par notre histoire de la bonne façon et d’être révolutionnaire dans le bon sens du terme en vibrant la Paix avec liberté, égalité et fraternité vers la Santé intégrative. Ainsi permettre de montrer à nos enfants des nouvelles possibilités inspirantes en soins de santé. Il serait important qu’on se rappelle de l’importance de la Prévention, que ce qui importe c’est prendre soin de sa santé avant d’être malade. La santé intégrative nous soutient grandement pour cette évolution.
Pour moi le plus beau cadeau à offrir à nos enfants pour leur santé, c’est d’incarner au présent un futur qui donne envie en leur montrant l’exemple et c’est peut-être cela l’ESSENCE CIEL.⃰⃰⃰⃰
► ANNEXE : Qu’est-ce qu’on appelle les approches de médecine complémentaire ?
Les thérapies de la médecine complémentaire sont nombreuses. En France, la catégorisation n’est pas statuée de façon officielle. Cependant dans de nombreux pays occidentalisés comme les Etats-Unis, le Canada ou la Suisse on peut retrouver 3 à 5 catégories de thérapies complémentaires officielles.
- Les thérapies psychocorporelles ou médecine corps/esprit : hypnose, méditation, sophrologie, relaxation, biofeedback, imagerie guidée, yoga…
- Les thérapies à fondement biologique naturel : phytothérapie, herboristerie et compléments alimentaires, aromathérapies…
- Les thérapies physiques manuelles :ostéopathie, chiropractie, massages, réflexologie…
- Les thérapies énergétiques : acupuncture, tai chi, qi gong, toucher thérapeutique…
- Les médecines traditionnelles : médecine chinoise, ayurvéda, médecines traditionnelles tibétaines ou indiennes, homéopathie, naturopathie…
► Résumé des terminologies
- Médecine conventionnelle : Médecine scientifique, occidentale (classique / universitaire)
- Médecine complémentaire ou non conventionnelle : Méthodes thérapeutiques qui complètent et étendent celles de la médecine conventionnelle
- Médecine alternative : Méthodes thérapeutiques qui remplacent celles de la médecine conventionnelle
- Médecine intégrative : Approche globale d’une utilisation coordonnée des thérapies conventionnelles et complémentaires (avec possibilité de collaboration interprofessionnelle)
Dr Anne-Gaëlle Frouin-Marien est médecin pédiatre, hypnothérapeute, spécialisée en accompagnement à la parentalité et une pionnière dans la pratique de la pédiatrie intégrative où elle allie dans sa pratique médicale autant les connaissances scientifiques ( pédiatrie, théorie de l’attachement…) que des approches de médecines complémentaires (hypnose, méditation, relaxation, massage, cohérence cardiaque, phytothérapie, homéopathie, approches énergétiques et des sagesses ancestrales… ).
Site web de Anne-Gaëlle Frouin-Marien : www.pediatrie-integrative.fr
Pour la contacter : pediatrie.inté[email protected]
Publication : Éric Klein
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