Sébastien de Corbion est une célébrité fort peu connue de la province de Luxembourg.
Sébastien de Corbion aussi appelé “Capitaine Pistollet”, pas parce qu’il mangeait des pistolets fourrés, comme le cow-boy Arthur de la chanson, mais parce qu’on lui attribue l’invention du pistolet d’arçon, l’arme à feu suspendue à la selle du cheval.
L’histoire des armes assimile l’invention du pistolet à un seigneur du village de Corbion, près de Bouillon, en province de Luxembourg, mais sans qu’on puisse disposer de plus d’informations sur le sujet… j’ai donc un peu creusé.
Comme vous le savez, Sébastien de Corbion, dont on ne trouve pas des masses de traces, était actif à partir de 1525 – 1530 de notre ère.
À ce moment -là; le village de Corbion et sa principauté bouillonnaise appartenait à la famille des prince-évêques de Liège, les de La Marck, essentiellement à un monsieur appelé Érard de La Marck.
Érard de La Marck fut successivement, et c’est logique vu qu’on est à la frontière entre la France et le Saint Empire Romain Germanique, l’allié des Français et des Autrichiens.
La tradition locale fait de Sébastien de Corbion un capitaine de cavalerie, donc cela signifie qu’il était capable d’enrôler, d’entraîner, d’équiper et de commander une petite troupe de guerriers à cheval.
Le développement des forges dans notre province, grâce au bois, au minerai de fer, aux platineries, d’Anlier, de Mellier, de Bonnert et c… justifierait la puissance économique d’un petit seigneur qui voudrait gagner sa noblesse à la pointe de son épée.
En 1520, ou en 1630 si on écoute une autre tradition, un hobereau peut s’engager comme un capitaine de cavalerie qui amène une cinquantaine ou une soixantaine de cavaliers avec des armures légères à un seigneur plus puissant.
Les armures fournies devaient correspondre à ce que l’on appelle pour l’époque des armures de munitions : c’est le principe du gilet pare- balles actuel : c’était des armures légères et pratiques.
Ces armures couvraient essentiellement les zones les plus exposées aux coups ennemis : les bras, le dos de la main, la poitrine, les épaules, un peu la gorge et la tête.
Cela fournissait une protection correcte en masse pour un prix abordable.
N’étant pas un grand chevalier, je pense que Sébastien de Corbion est allé combattre pour le compte du Prince-Évêque de Liège, mais sans porter d’armure sur les jambes.
Cela donnait une plus grande mobilité pour le combat, montés ou non, et lui coûtait moins cher en équipement, bref, tout le monde y gagnait.
La lance de guerre était réservée aux cavaliers lourds totalement équipés d’une armure, comme les Gendarmes de François Ier.
Par conséquent, Les troupes de Sébastien de Corbion étaient sûrement équipées pour la petite guerre, la guérilla, donc d’arbalètes, qui pénétraient les armures, et/ou d’une arquebuse à mèche.
Le canon à main était déjà utilisé vers la fin du 14e et au 15e siècle, avec un tube de métal fermé à une extrémité, où on tassait une pierre sur de la poudre noire, puis on enflammait l’extrémité fermée par un petit trou, la poudre brûlait, dégageant du gaz qui propulsait la pierre sur la cible.
Très vite, l’arme fut adaptée pour être utiliser par les cavaliers mais, en l’absence de briquet du style Zippo, ça devait être difficile.
De plus, les tireurs montés devaient courir avec un brandon allumé dans une main, le canon à main dans la deuxième, les rênes dans la troisième et l’épée dans la quatrième…
ça commence à faire beaucoup…
Les premières attestations d’arquebusiers à cheval connus se produisent en Italie, ce sont les hommes du capitaine Camillo Vitelli qui voyageaient à cheval, puis se battaient à pied, dès 1496.
En 1510, les arquebusiers montés du vénitien Luigi Porto combattaient comme de la cavalerie légère et essayaient de tirer depuis leurs chevaux.
Je pense que Sébastien de Corbion utilisait ses hommes comme des tireurs montés, donc comme de mini auto-mitrailleuses, et qu’ils pouvaient combattre à cheval comme de la cavalerie avec leurs épées.
Les soldats de Sébastien de Corbion pouvaient aussi combattre comme des parachutistes, en allant s’installer dans un endroit menacé par l’ennemi ou à défendre contre l’ennemi.
Là, les cavaliers descendaient de cheval, ou pas, allumaient les mèches de leurs arquebuses, et ils pouvaient recevoir et retarder l’ennemi, en attendant les renforts comme le font les parachutistes actuels.
En 1515, François Ier, le Roi de France, fait la guerre avec d’autres pays comme l’Espagne et le Saint Empire Romain Germanique pour les terres situées en Italie, afin d’essayer de se rapprocher du commerce en Méditerranée maintenu par les Turcs.
En 1515, François 1er gagne contre les Suisses, qui ont réinventé la phalange macédonienne grâce à a une grande pique de 6 m de long, très pratique pour contrer les charges de cavalerie.
C’est toujours celui qui a la plus longue qui gagne, à savoir que si le cheval du chevalier ennemi s’empale sur la pique de 6 m avant que la lance de 2 m du cavalier n’atteigne le porteur de pique, le porteur de pique a temporairement gagné.
C’est peut-être de là que vient l’idée que c’est toujours la plus longue qui gagne…
Lorsque le chevalier ennemi était immobilisé, les porteurs de hallebardes, ces haches fixées sur de longs manches, venaient terminer le travail en s’abattant sur la tête du cavalier comme le font nos feuilles d’impôts quand on vient à peine de payer l’assurance de la voiture et le précompte immobilier au début du mois.
Grâce à cette hache, les hallebardiers pouvaient frapper les chevaliers en armure, bloqués par leurs chevaux abattus, tout en restant loin de l’épée des chevaliers.
Quand on tombe de cheval ou que le cheval tombe, la première chose qu’on fait pour se défendre, c’est de lâcher la lance qui est très lourde, et sortir son épée.
Les fantassins suisses légers, qui avait des armes à feu, eux, pouvaient tirer de loin sur les cavaliers ou, quand le cavalier était à terre, passer par derrière pour poser le canon sur le dos de la cuirasse du soldat et tirer… aïe !
De la sorte, la balle traversait la cuirasse, sans pouvoir en ressortir, et elle faisait son petit jeu de billard à l’intérieur de la cuirasse…et donc à l’intérieur du chevalier qui était dedans.
Les cavaliers lourds abattus n’avaient donc aucun moyen de se protéger en attendant l’arrivée des copains car ils n’avaient pas d’armes capable de tirer de loin sur des tireurs quand ils étaient à cheval, ni de se défendre quand ils étaient descendus de leur chevaux.
Ce genre d’épisode est souvent arrivé pendant les guerres d’Italie en 1525, et beaucoup de Gendarmes de François Ier se sont fait détruire à Pavie par les lansquenets allemands de Charles Quint.
Un premier pas vers la civilisation fut le raccourcissement du canon et de la crosse des arquebuses, afin de les rendre plus maniables à cheval, toujours avec leur platine à mèche.
Simultanément, en Allemagne, un nouveau type de platine c’est-à-dire de plaque de métal qui permettait l’installation d’un système de mise à feu pour les armes à feu, voit le jour : c’est la platine à rouet.
Le principe, c’est qu’un remontoir tend et maintient tendu un ressort que la détente actionne et qui, par friction sur une pyrite fixée dans une pince fixée au contact du ressort, crée des étincelles qui viennent tomber sur l’amorce du pistolet.
Les premiers essais allemands fabriquèrent essentiellement des porte-clefs très moches qui faisaient essentiellement long feu, exploser les doigts du tireur, ou rien, et ils ne pouvaient même pas servir comme massue quand le coup avait été tiré.
On en revint donc à un canon plus long, avec une crosse plus courte et un très gros pommeau, qui devait être appuyé sur la poitrine pour contenir le recul, et servait très bien de massue quand le coup était parti.
Certaines unités italiennes surtout, et un peu françaises, ont essayé ces nouvelles armes à feu à cheval pour voir s’il était possible de tirer depuis le dos du cheval et de recharger pendant les mouvements de celui-ci.
Grâce au raccourcissement du canon et de la crosse, comme dans les films américains avec le canon scié, cela s’avéra effectivement réalisable.
Le but de la guerre, à l’époque, n’était pas de tuer les riches en armures, mais de les capturer vivants afin d’en demander une rançon.
Pour cela, il fallait parvenir à les blesser au défaut de l’armure, afin que la perte de sang les affaiblisse et de pouvoir les capturer lorsqu’ils tombaient dans les vapes. Les paysans et les troufions de base utilisaient pour cela une petite dague très fine et très tranchante appelée “la miséricorde”.
Quand ça ratait, on avait la miséricorde d’achever l’homme blessé parce que si on ne pouvait pas le transporter pour le faire prisonnier et en exiger une rançon, il restait une menace, et ça n’était pas charitable de le laisser agoniser.
Par raillerie, les chevaliers, qui souvent faisaient les frais de ces petites dagues, les avaient surnommées les “pistaïa”, parce que la ville de Pistoïa, dans la région de Florence, s’en était fait une spécialisation, et que cela signifiait “petit poignard”, en Italien, donc “petite bitte”, par assimilation avec autre chose…
J’aurais donc tendance à dire qu’après 1530, Sébastien de Corbion, qui devait encore combattre dans les rangs germaniques contre les Français, a sans doute assisté aux batailles de Marignan, en 1515, et de Pavie en 1525.
Il s’est rendu compte que le poids des arquebuses à rouet était trop lourd pour être utilisables par les chevaliers, et que si on voulait pouvoir protéger un chevalier de loin, il fallait qu’il ne porte plus de jambes d’armure, mais de grandes bottes pour pouvoir courir plus vite quand la situation se dégradait.
Il fallait aussi se débarrasser des gantelets d’armure, peu pratiques pour tirer à une main, et ouvrir la protection du visage, afin de pouvoir mieux viser, ce qui permettait aussi de tirer dans la figure de l’ennemi.
Avec le temps, certaines unités de cavaliers en armure légère iront jusqu’à porter six pistolets et seront envoyées devant les grands carrés de piquiers ennemis pour tirer dessus à courte distance, avant d’aller se reformer plus loin et de les recharger.
Cette tactique, inspirée par les exercices d’équitation en manège, prendra le nom de “caracole”.
La caracole deviendra l’une des tactiques les plus utilisées pour affaiblir les carrés de piquiers avant de les faire charger par la grosse cavalerie.
Pour ceux qui ont du mal à se préciser ça à quoi ça ressemble, imaginez les Indiens dans Lucky Luke quand ils attaquent un convoi de chariots.
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