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Tàr : une œuvre qui à la fois agace et fascine

« Tàr » de Todd Field nous plonge dans les abîmes du pouvoir. Cate Blanchett y est magistrale et est à deux doigts de décrocher son second Oscar de la meilleure actrice après celui de « Blue Jasmin » signé Woody Allen. Thibaut Demeyer

Oui, « Tàr » est salué presque unanimement par la critique américaine et internationale. Oui, Cate Blanchett est magistrale comme jamais. Oui, Todd Field nous offre une mise en scène fabuleuse. Mais voilà « Tàr » n’est pourtant pas le film parfait laissant au passage quelques spectateurs sur le bord de la route pour diverses raisons.

 Lydia Tár, cheffe avant-gardiste d’un grand orchestre symphonique allemand, est au sommet de son art et de sa carrière. Le lancement de son livre approche et elle prépare un concerto très attendu de la célèbre Symphonie n° 5 de Gustav Mahler. Mais, en l’espace de quelques semaines, sa vie va se désagréger d’une façon singulièrement actuelle. En émerge un examen virulent des mécanismes du pouvoir, de leur impact et de leur persistance dans notre société.

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Tout d’abord, nous ne maîtrisons pas tous les codes et les clés du monde méconnu des orchestres philarmoniques ce qui est parfois déroutant. Ensuite, nous regrettons que la souffrance des victimes est plus suggérée que montrée si bien qu’on ne croit pas trop au harcèlement, on n’en perçoit pas l’ampleur des dégâts que la cheffe d’orchestre Tàr a provoqué. Le portrait brossé de cette artiste passionnée ressemble plus à celui d’une cheffe d’entreprise qui ne recule devant rien ni personne pour obtenir ce qu’elle veut et tant pis s’il faut marcher sur des cadavres. C’est dès lors un portrait un peu classique de toutes personnes avides de gloire et de pouvoir.

Le film de presque 2h30, c’est bien trop long, est scindé en trois parties. Dans la première, Lydia Tàr, alias Cate Blanchett, donne une master class puis un cours mettant en boite un élève qui juge Jean Sébastien Bach, l’homme, plutôt que son œuvre qui, elle, est irréprochable, semble interminable et même indigeste. Pourtant, cette première partie ne dure que 45 minutes. La troisième partie, débute à 45 minutes de la fin du film, il s’agit du début de la descente aux enfers de Lydia Tàr. Une partie à contrario pas assez longue car cette descente aux enfers n’est pas assez appuyée par des situations plus accrocheuses. C’était l’occasion de mettre en exergue toute la souffrance de ses « victimes ». Entre ses deux parties, il y a beaucoup de situations incomprises, de sous-entendu, de non-dit et de peu d’intérêt.

« Tàr » est dès lors une œuvre compliquée à décoder qui, à la fois agace et fascine et qui, sans la prestation de Cate Blanchett n’aurait certainement pas le même impact.

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