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Déc 15, 2024 | Actualité, France, Grand-Est, Interview, Laura Cavelius, Le coucou, Lorraine, Moselle, Pièce de théâtre, PORTRAITS, Sérémange-Erzange, Stéph'Anie Fotografy

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Interview de Luq Hamett lors de sa représentation au théâtre

Luq Hamett, comédien et metteur en scène de la pièce de théâtre « Le coucou » a eu la gentillesse de répondre à nos questions avant sa représentation sur les planches du théâtre Lucien Houllé de Sérémange-Erzange. Nous avons notamment échangé sur la pièce, son travail de metteur en scène, ainsi que sur ses célèbres voix de doublage.

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Pouvez-vous nous raconter l’histoire de la pièce « Le coucou » et le personnage que vous y incarnez ?

Moi, mon personnage, c’est le Pignon de la pièce. Pignon, sans jeu de mot ! Vous savez que Pignon est le célèbre personnage de Francis Weber. Il y a un côté Dîner de cons, au démarrage de cette pièce. Un chef d’entreprise, qui n’a pas froid aux yeux, incarné par Gérard Vivès, invite son comptable à dîner. Sa femme est un peu étonnée, parce qu’il n’invite pas, en général, ses subalternes du bureau. Sauf que cette fois, il a un service à lui demander : c’est de falsifier les comptes.

Simplement, comme souvent chez Pignon, le con s’avère ne pas être aussi con que ça et ne se laisse pas faire. Alors, malgré lui, c’est ça qui est merveilleusement écrit par Sacha Judaszko et Matthieu Burnel, les auteurs de la pièce, cela va plus loin que le Dîner de cons. C’est-à-dire qu’il y a des retournements de situation qui font qu’il va piquer la femme du patron et même l’appartement, les comptes bancaires, la robe de chambre : tout du patron ! C’est en cela que cette pièce est vraiment formidable.

Vous avez mis en scène la pièce « Le coucou ». Pouvez-vous nous parler de votre cheminement pour parvenir à ce résultat ?

Cela s’est super bien passé parce que j’ai la chance de mettre en scène des amis. Avec Emmanuelle Boidron, nous avons déjà fait de nombreuses pièces ensemble dans lesquelles je l’ai mise en scène ou j’ai joué avec elle. L’année dernière, nous jouions un Feydeau : « Qui va à la chasse perd sa place ! ».  Je l’apprécie beaucoup : je trouve que c’est une merveilleuse comédienne, d’une grande justesse. Gérard Vivès, cela fait dix ans que j’essayais de travailler avec lui. Je lui ai déjà proposé deux autres projets, mais ce n’était pas le moment. Et jamais deux sans trois ! A la troisième, en lisant cette pièce, il l’a trouvée formidable. C’est comme cela que ça s’est mis en route entre nous.

Les répétitions, c’était un bonheur. Comme ce sont des gens très sérieux et très professionnels, ils sont arrivés pour les répétitions avec le texte su, ce qui est formidable pour un metteur en scène. Cela nous fait gagner un temps fou et on entre dans le vif du sujet tout de suite. La mise en scène, c’est surtout de la direction d’acteurs, c’est-à-dire comment je dois jouer mon personnage. Il faut qu’il y ait des contrastes entre les uns et les autres. Il est nécessaire de bien identifier le personnage de chacun, parce que l’humour naît de la manière de jouer de l’un contre la manière de jouer de l’autre ou tout contre.

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Pouvez-vous nous raconter une anecdote qui s’est passée sur scène ?

Mon meilleur souvenir sur scène, je pense que je le partage avec mes camarades, c’est le premier samedi où nous jouions cette pièce au théâtre Edgar à Paris. Nous devions jouer à 21h. Et à 20h55, le régisseur me dit : « J’ai un problème de son ». Je lui dit alors que ce n’était pas grave, qu’il devait éteindre et rallumer sa console, vérifier les enceintes… Et ça allait repartir ! Il le fait, alors que la salle était pleine et que les gens ne savaient pas ce qu’il se passait. Ils étaient derrière le rideau et attendaient que le spectacle commence. On n’était pas encore en retard. Donc il revient et me dit : « Ecoute Luq, je suis désolé, j’ai tout vérifié et ça ne marche pas ». On réessaye donc différentes choses en vain.

Je réunis donc mes camarades qui étaient dans les loges et qui ne connaissaient pas le problème. Je leur annonce donc que l’on ne va pas avoir de son. Alors, je leur ai dit que l’on va faire comme aux répétitions : quand il y a un coup de fil, je fais tililip, tililip, tililip… et je vous lance. Dans la pièce, il y a la copine de mon personnage qui appelle. A ce moment-là, Gérard n’est pas sur scène, donc il a fait sa voix depuis les coulisses. Et à un autre moment, ma mère l’appelle, lui, donc Emmanuelle a fait la mère. On s’est donc réparti les tâches. Ces répliques, on ne les connaît pas par cœur, puisqu’elles sont enregistrées. On avait un texte dans la régie.

Comment le public a-t-il réagi ?

Je suis allé voir les gens : j’ai ouvert le rideau, je me suis présenté et j’ai expliqué que l’on allait jouer la pièce dans quelques minutes. « Si on a un peu de retard, c’est parce que nous avons une panne de son, mais je vous rassure tout de suite : on ne vous renvoie pas chez vous. Simplement, vous allez assister à une représentation un peu spéciale. Vous allez voir dans la pièce : il y a trois coups de tonnerre extrêmement importants. Comme on n’a pas le son, vous verrez les lumières qui vont clignoter. Donc vous saurez que là, normalement, il y a un gros coup de tonnerre. Et puis, quand il y aura des téléphones, ne soyez pas étonnés, même si je suis sur scène, je ferai tililip, tililip, tililip. »

Alors là, les gens commencent à se marrer parce qu’ils prennent cela vachement bien ! Ils ont la trouille qu’on les renvoie chez eux sans avoir vu le spectacle. Et donc, le rideau s’ouvre sans musique et puis on commence à jouer. Très vite, il y a un téléphone dans la première scène. Et quand je fais le bruit du téléphone, éclat de rire dans la salle. Quand, aux trois endroits du spectacle, les lumières clignotent comme je le leur avais dit : «  Vous vous imaginerez le tonnerre. » Là, il n’y a pas de son : éclat de rire général. On a fait une représentation formidable ; ça s’est super bien déroulé.

Nous avons rigolé deux ou trois fois quand même, parce que le public riait tellement que cela nous faisait rire ! A tel point que le lendemain on avait trois commentaires sur les sites de billetterie disant : “Nous avons assisté à une représentation exceptionnelle. Panne de son, mais les acteurs ont transformé la pièce en faisant les sons en même temps qu’ils jouaient. » Les gens étaient super heureux. Le spectacle vivant, c’est ça : il faut absolument pallier  tous les problèmes et il faut jouer coûte que coûte, comme le dit l’expression « Show must go on ».

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Et vous n’avez jamais eu envie de le rejouer une fois sans le son ?

Non… Franchement, on préfère avoir le son !

Justement, en parlant de voix, vous avez été la voix de Mozart dans le film Amadeus, celle de Marty dans la trilogie  Retour vers le futur  ou encore celle de Roger Rabbit. Comment êtes-vous arrivé à faire du doublage de film ?

Alors, c’est un hasard, comme souvent dans ce métier. Ce sont des rencontres. Je faisais un one man show à l’époque au Point virgule, j’avais 20 ans. Ca s’appelait « Moi je craque, mes parents raquent ! ». Il y a un grand monsieur du doublage et un grand acteur qui est venu me voir et qui s’appelle Francis Lax. C’est lui qui fait Samy dans Scoubidou et Harrisson Ford dans Les aventuriers de l’arche perdue ou encore Hutch dans Starsky et Hutch. A la fin du spectacle dans lequel je faisais déjà 10 voix différentes, il est venu me voir et m’a dit : « On a besoin de quelqu’un comme vous dans le doublage. Il n’y a pas de jeunes et vous seriez formidable pour faire des dessins animés ».

Il m’a fait venir sur les plateaux de doublage pendant un mois et j’ai rencontré tout le monde. Et il m’a dit : «  Le jour où tu te sentiras prêt, je te ferai passer un essai. Un jour, je lui ai dit : « Francis, je crois que je peux y arriver ». J’ai passé un essai qu’il a trouvé formidable et j’ai commencé à faire du doublage comme cela.

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Quels sont les personnages ou les comédiens que vous avez le plus aimé doubler ?

Sans conteste, Michael J. Fox en comédien : j’ai fait tous ses films, dont Retour vers le futur. Sinon, en personnage, j’ai beaucoup aimé Amadeus, parce que ça a été un grand moment dans ma vie. J’étais entouré d’acteurs exceptionnels comme Jean Topart, qui faisait Salieri, Claude Giraud, immense acteur de théâtre et qui a fait du cinéma comme Rabbi Jacob avec Louis de Funès. Et en personnage, celui sans conteste que j’ai préféré, c’est Roger Rabbit. Parce que doubler un lapin, c’est quand même génial et cela n’arrive pas tous les jours.

En parallèle de cette pièce, avez-vous d’autres projets pour les mois à venir ?

Oui, je vais mettre en scène, en janvier, Les Décaféinés, qui sont un duo de comiques qui me font rire depuis 10 ans et que je rêvais de mettre en scène. Avec une rencontre intéressante, Florence Brunold, qui fait Roselyne Bachelot et Ségolène Royal dans la Revue de presse de Paris Première. C’est une chansonnière et j’adore mélanger les genres. C’est une pièce de théâtre, c’est une histoire : ils vont être les uns et les autres, Les Décaféinés et Florence, comédiens et comédienne. Il y a quatre personnages dans cette pièce et cela s’appelle « Le jambon ». C’est complètement délirant et la première a lieu à Paris au théâtre Edgar le 29 janvier.

Une tournée est-elle déjà prévue ?

A partir de septembre 2026 ! On sera peut-être même amené à se revoir.

Journaliste : Laura CAVELIUS

Photographe : Stéph’Anie Fotografy

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